Le « petit teinturier » le plus célèbre du monde vient s’exposer sous nos petits yeux chanceux à Paris. Le musée du Luxembourg célèbre à sa façon les 500 ans du génie qu’est Jacopo Comin dit Le Tintoret (Il Tintoretto, le petit teinturier) avec une exposition nous invitant à découvrir les premières années de l’artiste.
D’une origine sociale modeste avec un père teinturier qui lui a valu son surnom, Le Tintoret aura surgi dans la Renaissance comme une étoile particulière. Il surgit aussi dans une Venise particulière : ouverte sur le monde, fourmillant d’une population cosmopolite, influente, cultivée et riche. Autant d’ingrédients utiles à l’ambition d’un jeun artiste. Ces premières années, capitales pour la formation d’une vie, nous sont offertes à la découverte dans cette exposition qui se concentre donc sur les quinze premières années artistiques de notre jeune homme. Lequel a quand même été élève du Titien !
L’exposition chronologique permet d’observer l’ascension sociale du peintre ainsi que l’évolution de sa touche : c’est là qu’on découvre aussi un éclectisme certain dans ses œuvres. A croire que Le Tintoret ne voulait négliger aucun pan, aucun domaine qui ne puisse être couché sur toile. Corps nus figurant le péché ou visages de saint, chaque composition bénéficie de sa virtuosité.
C’est fascinant de constater comme il su allier une vraie stratégie d’ascension sociale et un progrès artistique. L’ambition n’a pas nuit au talent, au contraire : je vois Le Tintoret comme une « machine » incroyable, avec deux moteurs d’une efficacité redoutable, ce soit pour orner les salons des grands Seigneurs de Venise ou sublimer la vision religieuse.
Ce n’est chose facile de comprendre la construction d’un artiste aussi complexe, mais voilà avec cette exposition quelques pistes, quelques arguments pour l’appréhender et l’apprécier.
Et finalement, je me rends compte que je ne connaissais pas si bien Le Tintoret, à part quelques grandes toiles. Ce retour aux sources du génie est une promenade à ne pas manquer.
A noter que cette exposition est réalisée en collaboration avec le très beau Wallraf Richartz Museum de Cologne, que j’ai eu le plaisir de visiter quelquefois.