La petite chanceuse que je suis continue de découvrir de belles choses : car quelle plus grande chance sur cette Terre que d’observer la beauté autour de soi ? Vous connaissez cette extase de découvrir un auteur, de se rendre compte combien on l’aime et combien de livres il nous reste à lire : tant de moments de bonheur anticipés. Cette sensation on peut la rencontrer dans tant de domaines artistiques.
Hier soir, c’est un peintre que j’ai rencontré, à travers la nouvelle expo du Grand Palais. Un peintre totalement inconnu pour moi, et partant, une fabuleuse source de bonheur à venir. Cet artiste, c’est Amadeo de Souza-Cardoso, un peintre portugais mort au début du XXe siècle, et depuis à peu près tombé dans l’oubli. C’est dire si j’étais curieuse de connaître ce contemporain et ami de Modigliani, Brancusi ou Delaunay.
Étonnement de découvrir une œuvre nombreuse et variée ! Le Montparnasse de ces années là était vraiment un vivier de folie artistique et d’imagination. Ne cherchez pas à accoler une étiquette à l’œuvre de Amedeo de Souza-Cardoso, à l’instar de Picasso il a touché à tous les genres ou presque, de l’impressionnisme au futurisme en passant par le cubisme. Ce qui est épatant c’est d’y retrouver quand même une unité de style. Au sortir de l’exposition, je pouvais (presque) (et modestement) me dire je sais ce qu’est un tableau de Amedeo de Souza-Cardoso : une occasion supplémentaire d’observer mille détails de beauté.
Tout au long de ma visite hier soir, j’ai ressenti à nouveau ce plaisir de la découverte, et plus encore cette joie de prendre le temps, de se tenir debout, face à une œuvre et de la détailler, comme on détaille le souvenir de son premier amour. Revenir observer une tache de couleur qui nous a échappé, comme on revient lire une phrase d’un livre pour mieux l’absorber.
L’œuvre de Amedeo de Souza-Cardoso m’a aussi rappelé qu’il y avait un temps une Europe artistique qui venait prendre vie à Paris, une Europe qu’on voudrait plus concrète aujourd’hui, ou du moins plus portée vers l’amour du beau et partage, et moins vers l’édification de barbelés. Mais là je m’égare un peu (quoique...) Ses tableaux sont à l’image d’un creuset, tel un alchimiste qui aurait attrapé de-ci de-là autant d’éléments merveilleux pour en faire un tout autre trésor. L’œil qui observe n’est jamais lassé, car à chaque tableau il découvre un nouveau trait, une espièglerie dans la couleur, une référence dans une courbe étonnante. Rendons grâce au Grand Palais d’avoir à nouveau remis en lumière un artiste trop peu honoré : un critique américain disait de Amedeo de Souza que c’était un des secrets les mieux gardé de l’Art Moderne.
Cher lecteur qui passe par là, si tu veux pour une après-midi prendre un billet vers de nouveaux souvenirs, va voir Amedeo de Souza-Cardoso au Grand Palais. Et quoi de mieux que Paris au printemps :) ?
Gros coup de cœur.
Amedeo de Souza-Cardoso – Du 20 avril au 18 juillet 2016 – Grand Palais