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le montespan

  • Cocufiage, écorchures et suicide !

    La lecture de Jean Teulé est affaire de grande émotion chez moi.

    D'abord Jean Teulé c'était un chroniqueur, et un bon, du temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, un temps ou le chroniqueur télé était une denrée rare et savoureuse.

    Jean Teulé officiait dans l'excellente émission de Bernard Rapp, l'Assiette Anglaise. On pouvait voir dans cette émission des chroniques cultures animées avec passion et modestie, sans bouffonnerie, avec juste l'envie de donner envie ( Johnny sort de ce corps !) et moi jeune collégienne avide de lectures et de cultures en tout genre, j'adorais cette émission !

    Bernard Rapp avait cette élégance naturelle que je trouvais si charmante: l'homme de culture dans mon idéal !

    L'émission n'existe plus depuis longtemps, Bernard Rapp n'est plus, il me reste mes souvenirs...

    Jean Teulé bénéficie de ma nostalgie pour cette époque, ce qui fait de moi une lectrice assidue !

    Donc j'ai avalé quasi d'une traite trois de ces romans: Le Montespan, Je, François Villon et Le Magasin des Suicides !


    Alors ce fût comme un tour de montagne russes !

    D'abord Le Montespan!

    montes.jpgUn roman sur le mari de la Favorite en chef de Louis XIV, le peu connu Louis-Henri de Pardaillan, Marquis de Montespan.

    L'auteur nous expose la rencontre entre Louis-Henri et Françoise, future Athénaïs. Le début du roman décrit la passion et la fougue qui lie ce couple, malgré la misère (toute relative) et le peu d'entregent du Marquis ! Mais les dettes, l'attrait de la royale lumière dirons-nous gentiment, finissent de précipiter le couple pour jeter Françoise hors du Foyer, et mener Athénaïs au lit royal.

    Être la maîtresse du roi confèrait de nombreux avantages à la famille de la salope de la courtisane, y compris aux conciliants époux!

    Mais Louis-Henri n'est pas de ceux-là ! Il est amoureux de sa femme, le cuistre, et compte bien garder une espèce d'exclusivité sur elle.

    Mais bon, La Montespan construit sa carrière en laissant derrière elle la famille, le mari, et leurs deux enfants !


    Tout le roman est construit autour de cette passion maritale, avec la mise en scène de la douleur du Marquis, comment il décore son carrosse de cornes gigantesques, en signe de cocufiage, comment il donne chaque année une messe à la mémoire de son amour mort...

    De même on voit un peu la douleur de la petite fille abandonnée par sa mère, et qui lui conserve la même adoration pourtant !

    J'ai beaucoup aimé cette véritable liturgie de l'amour fou,et le Marquis m'a touché, même si j'avais parfois l'envie de lui crier de passer à autre chose ! Mais il est si touchant ! Sa signature même, "époux séparé, quoique inséparable", est une perpétuelle revendication de son amour défunt !

    Le livre est agréable, truffé d'anecdotes, de descriptions, parfois très crûes !

    Car Jean teulé a, comment dire, une écriture parfois organique ! La description des relations sexuelles des uns et des autres, le décor sale et fétide derrière les brocards, on a droit à tout et parfois ça soulève le coeur !!

    Et ça va crescendo avec le roman suivant:  Je, François Villon! Pour retracer le parcours de ce bandit poète, Teulé ne lésine sur aucune description ! Écorchures, ébouillantation, tortures diverses et variées, prostituées puantes et édentées, forment un décor assez insoutenable ! Mais c'est aussi la force de ce livre, une plongée fort peu girly dans le Moyen-Âge !

    francois-villon.jpgParadoxalement j'ai apprécié ce roman, je l'ai pris comme une intrusion dans mon univers, comme une invitation à visiter l' Enfer !

    De temps en temps, les poèmes de Villon viennent ponctuer le roman, comme une petite respiration malgré une thématique tout aussi...concrète...organique...



    Le Magasin des Suicides vient à point nommer nous reposer de toutes ces descriptions implacables ! Le sujet est originale : "vous avez raté votre vie ? Avec nous vous réussirez votre mort !" La Maison Tuvache, le fameux magasin, donc, vous propose une mort clé en main, du sur-mesure, perlé main j'ai envie de dire !41jp4339IwL._SS400_.jpg

     

     

     


    Vous savez quoi, je rigole toujours quand je lis le mot jubilatoire dans une critique pour parler de n'importe quoi ( bah oui, je suis moqueuse !), et bien je manges mon chapeau lexical et j'ose le dire : ce roman est jubilatoire !!! Drôle, avec une galerie de portrait bien réussie, et une écriture à la hauteur du sujet ! J'ai adoré !!





    Pour finir, je vous encourage vivement à lire Jean teulé !