C’est bien une semaine à faire des listes.
La listes des robes qu’on ne porte pas, parce qu’il fait novembre en juin.
La liste des livres qu’on ne lira pas à la prochaine rentrée littéraire, parce que le roman d’autofiction par des auteurs au style aussi plats que leurs expériences sont ennuyeuses, on en a déjà bien trop lu.
La liste des recettes que l’on aimerait reproduire, mais dont on sait qu’elle seront bien moins jolies et bonnes que dans le livre.
La liste des vêtements qu’on ne remettra plus parce que finalement cet imprimé zèbre qui nous avait bien plu, n’est peut-être pas ce qui nous va le mieux…
La liste des appli que l’on ne téléchargera jamais sur son smartphone, parce que dans le fond on s’en sert essentiellement pour téléphoner.
La liste des articles qu’il faudrait écrire, mais ils sont tellement mieux écris dans notre imagination.
La liste des nails art qu’on ne fera jamais, parce que le vernis n’est jamais plus beau que dans sa simplicité la plus colorée.
La liste des gens à qui on a bien envie d’écrire, une lettre avec des mots, sur une belle feuille de papier velin, comme avant, comme quand on avait 15 ans et qu’on écrivait à Lucy la correspondante anglaise de Brighton.
La liste de ces bonbons si doux, si piquants, qu’on allait acheter au Timy après l’école, et maman qui disait non tu n’en prendras pas plus, pense à tes dents et le diner aussi et tu viens de prendre ton gouter.
La liste de ces animaux de compagnie qui ont trop brièvement occupé les bras, le canapé, la couette du lit, avant de disparaître, bien vieux, et follement aimé, bien trop pour être encore et encore remplacé, remplace-t-on l’amour même félin, même canin, non on ne remplace jamais rien, la vie est faite de ses pertes aussi.
La liste des sentiments qui ont traversé la moitié de cette année l’amour toujours, la trahison, l’incompréhension (c’est un sentiment ça ?) la tromperie aussi (on dira que oui, c’est un sentiment) et aussi la joie, la joie, la joie grâce à ses grands yeux bleus qui vous disent je t’aime maman (et aussi je veux un second dessert, mais ne nous formalisons pas) et on sourit.
La liste des livres à lire, des musiques à écouter, des mouchoirs à broder (enfin, ce sont plutôt des bouts de tissus blancs, grège un peu, juste de quoi laisser l’imagination créer des fleurs, des alphabets comme avant...)
La liste des sorts à jeter, et vite fermer les yeux, espérer, tenir.
Je dis nous mais peut-être ne s’agit-il que de mes propres listes…