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  • Percival Everett - Blessés

    J’ai quitté quelques temps le métro parisien pour les plaines du grand ouest américain. Non pas que j’ai pris quelque avion que ce soit, j’ai simplement ouvert un roman de Percival Everett. C’est un auteur que je ne connaissais pas, et je dois cette découverte au fait que j’aime toujours ce que peut publier Acte Sud, donc j’ai pris le livre les yeux fermés, si j’ose dire. Et j’ai pu ensuite rouvrir mes yeux sur de vastes paysages, mais surtout sur des personnages attachants et forts.  

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    Pour résumer l’histoire assez simplement, nous suivons l’histoire de John Hunt, un homme qui tient un ranch, avec l’aide de Gus, dans un environnement très « plaines de l’ouest sauvage ». John n’a pas son pareil pour dresser les chevaux, et on sent en lui un homme assez solitaire, depuis la mort de sa femme, et qui se contente très bien de la seule compagnie de Gus, de ses quelques incursions en ville, et des visites amicales de sa voisine, Morgan. Un drame va se dérouler : un jeune homosexuel est assassiné, d’autres actes de violences sont commis aussi, tout cela assombrit l’atmosphère. Ce sera également l’occasion de la visite du fils d’un vieil ami de John, venu protester contre le crime homophobe. Dès lors, beaucoup de blessures se mettent à jour. La blessure d’un enfant homosexuel incompris de ses parents et mal à l’aise dans son couple ; le divorce et l’attitude du meilleur ami de John Hunt qui révèlent aussi d’autres blessures. Il y a également le cœur blessé de John, qui a du mal à exprimer son amour envers une femme depuis le décès de son épouse. Enfin, il y  a toutes les blessures provoquées par l’homophobie et le racisme. Car John Hunt est noir dans un monde de cow-boys blanc. Le fait est que je n’ai compris qu’assez tard que John était noir : c’est là que je me rends compte que spontanément je ne m’intéresse pas à la couleur des gens. Les hommes sont ce qu’ils sont, peu importe la couleur, et le fait de lire ce livre de nombreuses pages avant de percuter que le héros était noir, m’a remis en tête que pour beaucoup la couleur fait tout, hélas. Et Percival Everett sait écrire cela sans forcer le trait, sans en faire des tonnes, en décrivant une sorte de racisme light, un racisme du quotidien, qui est en filigrane de toutes nos sociétés. John Hunt est un ancien universitaire, on le découvre amateur d’art, comme ça en passant, sans insister, et puis c’est un cow-boy, un vrai dur, un homme dans toute sa virilité : car c’est ainsi que l’être humain est, un mélange de plusieurs passions, de plusieurs intérêt, qui fabrique une personnalité complexe. C’est avec subtilité que Percival Everett brosse ses personnages : il leur prête des faiblesses, des failles, des échecs, des doutes. Mais il nous les montre aussi dans leur courage, dans la beauté de l’amitié et du secours.

    L’autre personnage principal c’est évidemment l’ouest sauvage, et puis les chevaux, les coyotes, la nature qui offre ce qu’elle a de meilleure, et puis qui tue également.

    Voilà un récit qui arrive à être à la fois un roman noir, un roman d’amour, et un western, qui nous parle de la différence, de l’indifférence et de tolérance, un grand et beau roman que je vous engage à lire.

     

    Percival Everett – Blessés – Acte Sud / Babel