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prix goncourt

  • Alexis Jenni - L'Art Français de la Guerre

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    Un soir que Twitter s’énervait contre le jeune écrivain Marien Defalvard, invité de Laurent Ruquier, je m’étais fais la réflexion que ce qui énervait , ce n’était pas tant la prose du jeune homme, assez mauvaise il faut le dire, que la pose d’écrivain qu’il se donnait. En wannabe descendant d’Alain-Fournier ou de Raymond Radiguet, ce jeune homme avais tout de la tête à claque. Et il suffit de le lire pour avoir envie de passer  l’acte (le claquer, lui rabattre son caquet, en somme..) mais c’est mal.

    Il ne faut pas frapper les gens (sauf une liste que je tiens par devers-moi (et à disposition de tout homme de mains qui voudra bien se faire connaitre de moi) (à titre gracieux bien sûr, je suis rarement en fond) (mais je digresse) (mais c’est mal…)

    Bref, je voyais ces pauvres twittos s’en prendre à ce petit prétentieux à chevelure bien trop fournis pour laisser respirer le cerveau, et je me disais en mon for intérieur, bordel que ces cons ne lisent-ils pas Alexis Jenni, ceci serait un acte d’une plus grande force littéraire que de seulement agonir d’injures Marien le roi du falzard qui tombe.

    J’ai ainsi twitté, il y a presque un mois de ça, une quasi ôde à Alexis Jenni, et à son Art Français de la Guerre.

    Les jurés du Goncourt m’ont entendu (oui, bien sûr, soyons lucide) et lui ont attribué leurs voix.

    Je savais être une e-influenceuse, mais à ce point, atteindre les oreilles du jury Goncourt.. j’en rougis de satisfaction.

    (Où le lectorat se demandera si je plaisante ou si j’au fondu les plombs...)

    (Qui sait)

    (Et pourquoi que le jury Goncourt serait pas e-influencé par moi, d’abord ? Hein ? Pourquoi ?)

    Bref je suis joie et contentement qu’un si bel ouvrage sois primé. Ça me rembourse pour la connerie de l’avoir filé à cette nulle de Pascal Roze en 1996

    Sinon, le bouquin, on en parle ?

    Quand même…

    Quoique là, la note commence à être longue, non ?

    Ne fuis pas, on va parler d’un Jenni (#humour pour appâter le lectorat)

    Bref, le génie, Alexis Jenni.

    Alexis Jenni est un jeune auteur, au sens où c’est son premier roman publié. Mais ce prof de sciences-nat de 48 ans n’a rien d’un jeune premier (sans vouloir offenser les profs de SVT ou les quadra pré quinqua...)

    Le roman s’articule comme un double miroir (oui, j’ai envie de faire dans la métaphore) (pardon, je ne digresserai plus, à copier 20 fois) un miroir qui renvoi les reflets de deux générations, de diverses périodes de troubles et de deux hommes au milieu de l’Histoire, telle qu’elle s’écrit.

    Le narrateur est un presque marginal, invisible parmi les invisibles des laissés pour compte de notre société, plus prompte à rassurer les marchés que ses citoyens. Revenu de tout, il se tourne vers la peinture comme nouveau projet. Par hasard il tombe sur  Victorien Salagnon, un vieux peintre qui vend ses toiles sur un marché. Le narrateur demande à apprendre la peinture avec lui. Victorien accepte, en échange de quoi le jeune homme devra écrire l’histoire de Victorien Salagnon.

    Commence ainsi un récit, en miroir. Treize chapitres qui alterneront entre la biographie du vétéran militaire Victorien Salagnon, et le commentaire actualisé des nouvelles formes de guerres.

    Car le cœur de l’histoire est là.  La guerre est au cœur de tout. La guerre sur les différents fronts, vécue par Salagnon est un écho ancien aux nouvelles guerres, sociales, économiques, pétrolières, qu’on vit aujourd’hui. Les émeutes des « banlieues » françaises, et les émeutes de la Casbah d’ Alger, les sales guerres se répètent dans des miroirs trop répétitifs.

    Les chapitres sur Victorien et ses expériences militaires, sont parfois difficiles, étouffants, moites, le réalisme d’un soldat au fond du trou est incroyablement retranscris. Rien n’est oublié ou pardonné : le pathétique de certaines situation, le sordide, le sale. On a dit réalisme. J’ai aimé ce réalisme.

    Les chapitres de « réflexion », sont quand même mes favoris. Le narrateur fait à voix haute l’analyse et le procès d’une société en dérive. La dérive de la nation, de l’identité et de la transmission. Il fait le procès du mythe de la Grandeur. Qu’est ce que la grandeur d’un pays ? Quels principes et quel héritage, et quelle image souhaite-t-on transmettre aux autres, à ses citoyens et au monde ? Quelle est la force de notre identité, et que recouvre-t-elle ? Ce sont autant de questions que le narrateur explore et les quelques réponses qu’il donne sont celles d’un homme désabusé certes, mais aussi plein de fierté pour ce est vraiment l’honneur et la beauté de toute nation : sa langue, sa culture.

    J’ai aimé ce souffle épique qui animait les propos du narrateur, cette volonté d’explorer, de donner un avis et de s’engager. Quitte à être parfois péremptoire, voire un peu répétitif.

    Un grand roman !