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roman noir

  • Erskine Caldwell - Le Bâtard

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    Cet été, en prenant le temps de fouiner dans ma médiathèque, je suis tombée sur un roman de Erskine Caldwell. Le nom me disait vaguement quelque chose, mais sans certitude. Je lis beaucoup de roman noir, et j’ai du croiser ce nom lors d’une de ces occasions. Toujours est-il que la maison Belfond réédite quelques vieux textes, dans une nouvelle collection, intitulée Vintage. Je me suis empressée d’emprunter ce livre, car le roman noir c’est vraiment mon truc : de Charles Willeford à Jim Thomson en passant par Ellroy, je dévore tout ce qui peut apparaître un minimum sombre et désespérant, sinueux et violent. Je préfère le roman noir au simple roman policier, car dans le roman noir on ne privilégie pas la résolution d’une énigme, d’un crime ; non, il s’agit de suivre les méandres psychologiques des protagonistes, de s’intéresser au passage à l’acte, aux conséquences, sans que la résolution de l’enquête soit primordiale.

    À cet égard, le roman de Caldwell dont je vous parle aujourd’hui, Le Bâtard, remplit toutes ses promesses et mieux encore. En effet, le lecteur fait la connaissance d’un héros, plus ou moins orphelin : sa mère, un peu danseuse, un peu pute, exerçait ses charmes on ne sait où, pendant que son fils grandissait avec aussi peu de repères que d’inhibition. Le jeune homme va donc de ville en ville, dans un sud prolétaire et raciste, prenant un travail quand il en a besoin. Entre deux, il use de ses poings et du couteau, quand il en a besoin également : sans interrogation morale, sans autre réflexe que celui de son intérêt propre.

    Tout le roman tient sur ce personnage et son absence totale de morale sociale. Et c’est important pour la suite. En effet, Il va rencontrer une jeune femme. Habituellement, quand il en désire une, il la prend, de gré ou de force. Mais là on observe chez lui un comportement différent, et le héros opère en quelque sorte une mise en retrait de ses instincts, pour l’amour de cette femme. Jusqu’à former un couple, puis une famille, avec la naissance de leur enfant.

    Cette naissance sera un autre point de basculement. Je n’ose en dire plus, mais le lecteur sera fasciné par la manière dont une certaine forme de morale, guidée par l’amour, conduira notre héros à ce qu’on ne pouvait imaginer.

    Récit court et dense, Le Bâtard se lit vraiment comme on prend une paire de claque. Violent, sans concessions, avec un personnage central hautement antipathique, ce roman de 1929 est une vraie pépite vintage, avec une approche naturaliste très intéressante. Je n’ai qu’une hâte, c’est de découvrir les autres romans d’Erskine Caldwell.

     

  • À Genoux - Michael Connelly

    L’intérêt de la blogosphère, c’est de permettre les échanges et les découvertes. Et j’avoue que sans cela, ma semaine passée n’aurait pas été la même, car j’ai fait des choses que je n’aurais forcément faites.

    Pas grand-chose me direz-vous, mais quand il s’agit de sortir de ses propres sentiers, c’est toujours énorme.

    En l’occurrence, j’ai passé quelques jours sous le signe de Michael Connelly et de son héros Harry Bosch. Il aura suffit de l’enthousiasme d’une bloggeuse (coucou Keisha), pour que je me penche sur le cas Connelly.

    Alors, avouons-le tout de suite, je l’avais remisé loin loin loin dans ma liste des Connelly, loin derrière Jennifer, John, Edward et les autres.

    J’ai profité d’un tour à la bibli pour emprunter À Genoux.

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    Le pitch : « Le corps du Dr Stanley Kent vient d'être retrouvé au belvédère naturel proche de Mulholland Drive : deux balles dans la nuque, style exécution. Nouvellement affecté à la section Homicide Special, l'inspecteur Harry Bosch découvre vite que le Dr Kent avait accès à des matières radioactives utilisées dans le traitement de certains cancers féminins... et que ces matières ont disparu. Aux yeux de l'agent spécial du FBI Rachel Walling, que Bosch aime encore malgré leur rupture après le fiasco d'Echo Park, ce meurtre et cette disparition risquent fort de marquer le début d'un attentat terroriste à la bombe sale. Donc conflit ouvert et cette fois, Bosch n'est pas sûr d'avoir le dessus : il y a certes de la parano dans les services de la sécurité du territoire, mais la menace islamiste est bien réelle... »

    Autant vous dire que j’ai failli reposer le livre et me barrer en courant. Parce que, je le dis tout net : j’en ai marre de la prétention des américains à vouloir sauver le monde des nazisalmisto-crypto-communisto-vilains. Très beaucoup infiniment marre même.

    MAIS ! TOUTEFOIS ! CECI DIT !

    J’avais confiance et foi dans le bon goût de Keisha, alors j’ai pris mon courage à deux mains, remisé mon anti-américanisme sous un mouchoir à l’effigie de De Gaulle enlaçant le Che, et je me suis lancé dans la lecture dudit polar.

    Surprise et bonheur, madame monsieur, oui, rien que ça.

    J’ai adoré le personnage de Harry Bosch, parce qu’il n’est pas parfait, pas un cliché de jeunesse ténébreuse et efficace, parce que c’est un putain de flic normal avec ses ennuis et avec ses erreurs et avec ses principes et ses failles, un peu comme dans les vieux polars que j’aimais lire en Série Noire, dans ma folle jeunesse (les années 80, le fluo, Dorothée, la coke, Madonna et la Série Noire)

    Mais surtout, j’ai adoré parce que ce n’est absolument pas l’intrigue à laquelle je m’attendais ! Je ne veux pas vous en dire trop, pour ne pas gâcher le suspense, mais Connelly sait jouer des mythes américains, des peurs aussi, et de tout ce que l’après 11 septembre a pu engendrer de pire, sans complaisance. De fait il m’a rappelé ce que le polar a de subversif : il plonge un regard noir dans la société, encore une fois sans complaisance. C’est ce que j’aime dans le roman Noir, il a la capacité aussi puissante, voire peut-être plus, que la Blanche, à plonger dans les plaies de notre histoire.

    Bon, c’est simple, hein : lisez-le ! Mais si possible, commencez par Echo Park, le roman qui se déroule juste avant. Ce n’est pas une obligation, et ça ne gêne en rien de lire l’un ou l’autre ou les deux dans le désordre, mais je suis une psychopathe qui ne peut s’empêcher de relire et dans l’ordre s’il vous plait sinon ça va pas, le ciel pourrait nous tomber sur la tête (logique).

    C’est connu, quand on aime on ne compte pas, donc j’ai profité de la tournée promotionnelle de Connelly pour assister à une master class, au Forum de l’Image à Paris. J’ai vu l’affiche par hasard en passant devant (je tentais de ne pas céder à la tentation d’un (inutile) calendrier de chats mignons chez le marchand en face du forum. On est en avril mais je zieute encore des calendriers, la faute aux chats mignons (quoique, je ne suis pas fermée à l’idée d’un calendrier avec des lapinous mignons, voire des carlins choupis #diversité #tolérance)

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    Bref, jolie soirée, animée par Christine Ferniot, et joie de rencontrer de super très beaucoup près l’auteur qui m’avait fait frissonner quelques jours avant. C’est toujours intéressant d’écouter des auteurs parler de leur travail, de dévoiler un peu de leurs techniques. J’étais fasciné par le calme qui se dégageait de lui, et je l’imaginais sur sa table de travail, c’est con mais ça fait mon bonheur : parce que cela me le rend plus humain, plus proche de moi, de la lectrice, mais aussi de l’auteur que je suis.

    Pour les malheureux loin de Paris (je crois qu’on appelle cela des provinciaux), et qui n’ont pu venir au Forum de l’Image, il y a l’émission d’Augustin Trappenard sur France Inter à réécouter, avec un Michael Connelly acide et lucide.

    Définitivement, je vais virer Jennifer Connelly de la tête de liste de mes Connelly (et puis QUI peut me citer, sans Wikipedia, un film récent de Jennifer ?) (Personne, on est d’accord).

    A demain les choupis. On parlera de trucs artistiques (pas Raymond Barre nu, rassurez-vous). (Ceci dit, celui qui comprend la dernière référence que je viens de faire à Raymond Barre gagne un (petit) cadeau.)