J'aimerais vous faire partager l'oeuvre d' un de mes poètes favoris, Swinburne, que le site mis en lien vous fera découvrir plus en détail !
J'ai rencontré Swinburne au hasard de mes lectures, d'auteurs en auteurs jusqu'a ces quelques vers:
From too much love of living,
From hope and fear set free,
We thank with brief thanksgiving
Whatever gods may be
That no life lives for ever ;
That dead men rise up never ;
That even the weariest river
Winds somewhere safe to sea.
J'ai été happé par la tristesse et la force des mots: ils décrivaient alors la complète lassitude qui était la mienne. Bref ce fût une entrée en matière bien délicate, mais qui m'a attaché depuis à l'oeuvre immense d'un auteur trop peu connue sous nos latitudes...
Une rencontre qui m'a encore un peu sauvée du monde en quelque sorte: je crois tellement en l'enchantement du monde par la beauté, c'est ma seule force.
Voici le poème complet d'où sont tirées ces premières lignes:
The Garden of Proserpine
Here, where the world is quiet ;
Here, where all trouble seems
Dead winds' and spent waves' riot
In doubtful dreams of dreams ;
I watch the green field growing
For reaping folk and sowing,
For harvest-time and mowing,
A sleepy world of streams.
I am tired of tears and laughter,
And men that laugh and weep ;
Of what may come hereafter
For men that sow to reap :
I am weary of days and hours,
Blown buds of barren flowers,
Desires and dreams and powers
And everything but sleep.
Here life has death for neighbour,
And far from eye or ear
Wan waves and wet winds labour,
Weak ships and spirits steer ;
They drive adrift, and whither
They wot not who make thither ;
But no such winds blow hither,
And no such things grow here.
No growth of moor or coppice,
No heather-flower or vine,
But bloomless buds of poppies,
Green grapes of Proserpine,
Pale beds of blowing rushes
Where no leaf blooms or blushes
Save this whereout she crushes
For dead men deadly wine.
Pale, without name or number,
In fruitless fields of corn,
They bow themselves and slumber
All night till light is born ;
And like a soul belated,
In hell and heaven unmated,
By cloud and mist abated
Comes out of darkness morn.
Though one were strong as seven,
He too with death shall dwell,
Nor wake with wings in heaven,
Nor weep for pains in hell ;
Though one were fair as roses,
His beauty clouds and closes ;
And well though love reposes,
In the end it is not well.
Pale, beyond porch and portal,
Crowned with calm leaves, she stands
Who gathers all things mortal
With cold immortal hands ;
Her languid lips are sweeter
Than love's who fears to greet her
To men that mix and meet her
From many times and lands.
She waits for each and other,
She waits for all men born ;
Forgets the earth her mother,
The life of fruits and corn ;
And spring and seed and swallow
Take wing for her and follow
Where summer song rings hollow
And flowers are put to scorn.
There go the loves that wither,
The old loves with wearier wings ;
And all dead years draw thither,
And all disastrous things ;
Dead dreams of days forsaken,
Blind buds that snows have shaken,
Wild leaves that winds have taken,
Red strays of ruined springs.
We are not sure of sorrow,
And joy was never sure ;
To-day will die to-morrow ;
Time stoops to no man's lure ;
And love, grown faint and fretful,
With lips but half regretful
Sighs, and with eyes forgetful
Weeps that no loves endure.
From too much love of living,
From hope and fear set free,
We thank with brief thanksgiving
Whatever gods may be
That no life lives for ever ;
That dead men rise up never ;
That even the weariest river
Winds somewhere safe to sea.
Then star nor sun shall waken,
Nor any change of light :
Nor sound of waters shaken,
Nor any sound or sight :
Nor wintry leaves nor vernal,
Nor days nor things diurnal ;
Only the sleep eternal
In an eternal night.
Malheureusement, je ne suis pas très aguerrie en Anglais, enfin pas assez pour apprécier toute la beauté d'une oeuvre originale, et je lis donc souvent les versions originales puis françaises: mais je m'améliore hein, pas jeter de cailloux ^^!
Alors, blasphème presque assumé, je vous laisse avec un autre poème que j'apprécie beaucoup, en français cette fois ( on a dit stop, les cailloux !!)
Nocturne
La nuit écoute et se penche sur l'onde
Pour y cueillir rien qu'un souffle d'amour ;
Pas de lueur, pas de musique au monde,
Pas de sommeil pour moi ni de séjour.
Ô mère, ô Nuit, de ta source profonde
Verse-nous, verse enfin l'oubli du jour.
Verse l'oubli de l'angoisse et du jour ;
Chante ; ton chant assoupit l'âme et l'onde
Fais de ton sein pour mon âme un séjour,
Elle est bien lasse, ô mère, de ce monde,
Où le baiser ne veut pas dire amour,
Où l'âme aimée est moins que toi profonde.
Car toute chose aimée est moins profonde,
Ô Nuit, que toi, fille et mère du jour ;
Toi dont l'attente est le répit du monde,
Toi dont le souffle est plein de mots d'amour,
Toi dont l'haleine enfle et réprime l'onde,
Toi dont l'ombre a tout le ciel pour séjour.
La misère humble et lasse, sans séjour,
S'abrite et dort sous ton aile profonde ;
Tu fais à tous l'aumône de l'amour :
Toutes les soifs viennent boire à ton onde,
Tout ce qui pleure et se dérobe au jour,
Toutes les faims et tous les maux du monde.
Moi seul je veille et ne vois dans ce monde
Que ma douleur qui n'ait point de séjour
Où s'abriter sur ta rive profonde
Et s'endormir sous tes yeux loin du jour ;
Je vais toujours cherchant au bord de l'onde
Le sang du beau pied blessé de l'amour.
La mer est sombre où tu naquis, amour,
Pleine des pleurs et des sanglots du monde ;
On ne voit plus le gouffre où naît le jour
Luire et frémir sous ta lueur profonde ;
Mais dans les coeurs d'homme où tu fais séjour
La couleur monte et baisse comme une onde.
Envoi
Fille de l'onde et mère de l'amour,
Du haut séjour plein de ta paix profonde
Sur ce bas monde épands un peu de jour.