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Seule avec Hopper

L’expo Edward Hopper s’est terminée la semaine passée au Grand Palais. J’ai eu l’occasion d’y aller trois fois. Une première fois en compagnie, histoire de faire découvrir l’œuvre. Ensuite j’y suis retournée seule, pour prendre le temps de revoir à nouveau ces toiles que j’ai tant aimé de loin, en reproduction uniquement. Et c’était une vraie joie, un moment vraiment génial que celui où l’en rencontre pour la première fois une œuvre en vraie.

Pourtant, il me manquait quelque chose à chaque fois (à part repartir avec un tableau sous le bras…) Cette chose qu’il me manquait, je n’ai pu l’identifier que la troisième fois où je suis allé voir l’expo, la dernière semaine. Cette chose, c’est la solitude, le silence.

Au milieu de l’immense foule de ma troisième visite, je me suis tenu à peu près une heure, avant de repartir, parce que je ne me sentais plus aussi bien que les deux premières fois. J’ai jeté un dernier coup d’œil derrière moi, comme pour dire au revoir au peintre, mais je ne pouvais plus rester. Je me suis retrouvée dans un paradoxe impossible à gérer émotionnellement. Celui de regarder la solitude, le vide, tels que recréés par Hopper dans ses tableaux, cela au milieu de la foule et du bruissement des milliers de commentaires sous cape des autres visiteurs.

Ce n’est pas de l’égoïsme. C’est juste que ce que j’ai toujours aimé et compris dans ces toiles, c’est l’immense détresse et la solitude des cœurs humains, et il m’a semblé presque injuste et irrationnel de n’avoir pas un moment compris que le partage entre l’artiste, l’œuvre et son public, pouvait se faire aussi à distance, par l’esprit et la compréhension.

Je me suis sentie si seule au milieu de cette foule, aussi seule que sur certains tableaux de Hopper, et pourtant de trop aussi. J’avais après tout pris ce que j’étais venu chercher les deux premières fois : la certitude que où que l’on soit, quelle que soit le monde qui nous entoure, nous sommes essentiellement seuls.

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Commentaires

  • C´est vrai! Parfois on nous manque un peu de calme, un peu de solitude pour comprendre la solitude cachée dans une telle oeuvre.
    Bien à toi!
    Bisous

  • son sens de l'espace renvoyant chacun à une solitude encore plus grande que celle de ses sujets.
    jouant de couleurs chaudes, contrastant avec le froid gorgé d'humidité colorée nimbant les personnages

    vraiment un bon billet, c'est aussi joliement dit que bien saisi

  • Joli billet, quelle chance d'y être allée trois fois (mais tu as bien raison)
    Je l'ai visité une fois, à deux (fans!), pas mal du tout comme circonstances. Mais je comprends ton ressenti, chez hopper la solitude est prégnante.

  • Ce tableau est un vrai appelle à la rêverie solitaire (mais dans ses rêves on s'entoure aussi)

  • Merveilleuses réflexions, très profondes.
    Deux remarques, histoire de désimbriquer deux solitudes.
    Le sentiment de solitude chez Hopper très corrélé à ce que peut ressentir un quasi européen exilé en Amérique, certes né dans l'État de New York mais francophile, trois séjours à Paris entre 1906 et 1910, visite plusieurs pays d'Europe, connaissance approfondie de tous les musées européens, etc, etc, qui échappe totalement à la culture américaine standard.
    Votre sentiment de solitude à vous, qui à mon sens, loin des simagrées convenues d'amateurs plus ou moins éclairés, du consumérisme artistique tel qu'il se pratique aujourd'hui, est le minimum minimorum de ce qu'on doit ressentir face à une oeuvre : dans le radical isolement que provoque son assimilation, radical isolement qui est la condition unique d'accès à l'oeuvre (le reste, les blablas mondains, le discours sur de prof d'esthétique c'est du pipeau). Ce que vous dites du "trop" de la troisième visite est un truc capital, le signe certain que vous avez franchi le miroir. Félicitations.

  • J'ai découvert Hopper grâce à cette expo et j'aurais tant aimé la voir... Je regrette vraiment que ce genre de belles expos ne sillonnent pas la France ensuite :(

  • J'ai beaucoup aimé cette expo moi aussi.
    J'avais déjà vu certains tableaux aux Etats Unis mais quel bonheur d'en voir autant réunis ici !

  • Mais c'est souvant dans une foule que l'on est le plus seul, on ne s'entendrait presque plus pensé .
    Mais c'est un paradoxe que de voir des toiles d'Hopper en etant comprimé par la foule, mais ca c'est un défaut du mode d’exposition .

  • Je n'ai pas eu la chance d'y aller, mais je crois que j'aurai été rebutée par la foule. Ton ressenti est touchant

  • J'ai vraiment souffert de la foule à cette expo mais j'adore ses tableaux !

  • Je comprend ta frustration, c'est super ennervant quand il faut presque jouer des coudes pour parvenir à voir un tableau!

  • j'ai vu cette expo et il y avait tellement de monde que j'ai eu du mal a apprécier les oeuvres mais elles sont magnifiques! ah oui la solitude, ca m'a toujours fait peur je crois!!!!
    t'as la carte cezam?
    de gros bisous!
    t'as lu les histoires recrées par des écrivains à partir de ces toiles dans un télérama?
    bonw eekend

  • J'habite Lausanne en Suisse et j'ai profité d'une journée à Paris pour le boulot pour tenter le Grand Palais dans les 3 derniers jours de l'expo. Ce ne fut pas simple d'y accéder malgré ma carte de presse mais comme j'avais à peu près une heure, j'ai fait le forcing... et tracé à travers les salles en regrettant beaucoup la foule compacte. Mais bon, toutes les grandes expos sont victimes de leur succès... Mais que d'émotions devant ses tableaux, j'ai acheté cartes postales et magnets pour en emmener un bout chez moi...

  • Ta conclusion, je me la répète tout les jours ! Mais je trouve ça très mélancoliquement beau et aussi très triste... en revanche, je n'aime pas ce peintre ( trop de réalisme ?) il faudra que je me penche davantage sur ce peintre mais je n'ai aps de coup de coeur esthétique pour lui....

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