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Marina Tsvétaïeva, Le Ciel Brûle - Avent littéraire #20

Ce soir, une des plus belles poétesses russes, une plume qui a plongé dans le sang et la douleur, dans l’errance, l’opposition politique et bien sûr l’amour.

Marina Tsvétaïeva est une étoile qui a brillé trop peu de temps. Exilée après la Révolution de 1917 pour suivre son mari, partisan des Blancs, elle n’a retrouvé la Russie que pour plus de souffrances, avant d’être finalement réhabilité en 1955.

Elle nous laisse pourtant une œuvre riche et nombreuse.

Ce soir, deux extraits du recueil intitulé Le Ciel Brûle, deux poèmes consacrés à un de ses amours, Ossip Mandelstam.

 

Personne ne nous a rien ôté —
Elle m’est douce, notre séparation !
Je vous embrasse, sans compter
les kilomètres qui nous espacent.

Je sais : notre art est différent.
Comme jamais ma voix rend un son doux.
Jeune Derjavine *, que peut vous faire
Mon vers brutal et ses à-coups !

Pour un terrible vol je vous
Baptise : envole-toi donc, jeune aigle.
Tu fixes le soleil, l’œil ouvert, —
Est-ce mon regard trop jeune qui t’aveugle ?

Plus tendrement et sans retour
Nul regard n’a suivi votre trace.
Je vous embrasse, — sans compter
Les kilomètres qui nous espacent

 

 

2015-12-21 003.JPG

Tu rejettes la tête en arrière —
Et puis que tu es fier et hâbleur.
Quel joyeux compagnon jusqu’à moi
A conduit ce mois de février !

Cliquetant de pièces de monnaie
Et lentement soulevant la poussière,
Comme des étrangers triomphants
Nous allons par la ville natale.

De qui sont les mains délicates
Qui ont, beauté, touché tes cils,
Quand, comment, par qui et combien
Tes lèvres ont-elles été baisées —

Je m’en moque. Mon esprit avide
A surmonté ce rêve-ci.
En toi c’est le garçon divin,
Petit de dix ans, que j’estime.

Nous resterons au bord du fleuve,
Où trempent les perles des réverbères,
Je te mènerai jusqu’à la place —
Témoin des tsars-adolescents…

Siffle ton mal de jeune garçon,
Serre ton cœur au creux de ta main…
— Toi, flegmatique et frénétique,
Toi, mon émancipé, — pardon !

 

À demain.

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