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Poésie

  • Paris je t'aime

    Le beau temps est revenu à Paris. Brièvement parait-il. Assez cependant pour me rappeler combien j’aime Paris au printemps.

    J’aime me promener au Luxembourg, le matin, vers dix heures, quand il n’y a pas encore grand monde affalé sur les chaises. J’aime marcher sans but, sans autre idée que de traverser la ville, pour la redécouvrir encore et encore. J’aime cet anonymat que Paris autorise. On peut marcher longtemps, sans croiser une connaissance : c’est presque rassurant, et protecteur. La grande ville permet à la fois la solitude et la foule.

    J’aime apercevoir de loin le Grand Palais et y fantasmer mille promenades, passées ou à venir, en amoureux. Paris est bien la ville de l’amour, mais, à ses ponts tristement cadenassés, il faut préférer les jardins qui sont de parfaits écrins aux romances naissantes.

    J’aime regarder les files de touristes venus s’extasier en masse sur les beautés du Louvre, ou d’Orsay, et me dire qu’il m’est donnée de voisiner ces lieux chaque jour de ma vie. C’est fou… Et pas un lieu qui ne me rappelle un roman, un poème. C’est la beauté de Paris : éternelle héroïne des plus grands écrivains.

     

    Le Jardin - Jacques Prévert

    Des milliers et des milliers d'années

    Ne sauraient suffire

    Pour dire

    La petite seconde d'éternité

    Où tu m'as embrassé

    Où je t'ai embrassée

    Un matin dans la lumière de l'hiver

    Au parc Montsouris à Paris

    À Paris

    Sur la terre

    La terre qui est un astre

  • Printemps des Poètes

    Le Printemps de la Poésie a commencé sous la pluie à Paris. Mais la pluie, c’est un événement météorologique très poétique, alors c’est parfait.

    L’idéal, ce serait de parcourir les rues, avec un genre de garde-champêtre pour annoncer des lectures, et les gens se mettraient à déclamer tous ensemble de la poésie, comme ça, à ciel ouvert dans la ville, pour tout le monde. Mais bon, les trucs officiels ça consiste surtout à endormir un parterre de vieux, ou d’écolier non consentants à la purge, par des discours plus lénifiants les uns que les autres, tout ça pour faire « vivre » la poésie. Je m’autoriserai presque un « lol ».

    Mouais, plus ça va et plus le Printemps des Poètes c’est le Printemps de quelques uns, dans un entre-soi détestable, avec quelques activités dont pour en entendre parler franchement faut être motivé.

    Bref ça m’énerve.

    Bon, un petit Paul Eluard pour la route ? Ce poème, comme tous ceux de Paul Eluard notez bien, rencontre un écho formidable à mon cœur. J’espère que quelqu’un le lira, qui saura combien je l’aime toujours infiniment.

     

    Même quand nous dormons – Paul Eluard

    Même quand nous dormons nous veillons l’un sur l’autre
    Et cet amour plus lourd que le fruit mûr d’un lac
    Sans rire et sans pleurer dure depuis toujours
    Un jour après un jour une nuit après nous.

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  • Maurice Carême - Avent littéraire #24

    Aujourd’hui, pour ce dernier jour de l’Avent, j’aimerais partager avec vous les mots de Maurice Carême. C’est un poète que l’on réduit trop souvent à ses poésies enfantines. Il est vrai que c’était la star des classes de primaire, du moins dans mon enfance des années 80, avec la traditionnelle récitation du lundi matin. Mais pour ce jour, c’est le poète amoureux que je vous présente, avec ce recueil de poèmes à La Bien-Aimée.

    Voici donc deux poèmes parmi mes favoris du recueil.

     

    Il est vrai que la vie, un soir,
    Viendra prendre congé de nous,
    Mais que tu es belle au miroir
    Que la pluie creuse près du houx !

    Il est vrai que nos yeux, un soir,
    Se tourneront vers d’autres terres,
    Mais qu’elle est chaude la lumière
    Quand elle confond nos regards !

    Et il est vrai que le soleil
    Se lèvera comme aujourd’hui,
    Mais il manquera deux abeilles
    Au rucher tendre de la nuit.

     

     

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    Regardes-tu pleuvoir aux carreaux comme moi ?

    La Fagne au loin grelotte, accoudée au ciel bas.

    Je repense au sentier que nous suivions sous bois,

    A l’écureuil lancé comme une grosse fleur.

    Où es-tu, que fais-tu ? Pleut-il au fond de toi

    Comme il pleut au jardin, comme il pleut dans mon cœur ?

    Ah ! pourquoi chaque goutte en tombant, chante-t-elle

    Cet air dont me revient sans fin la ritournelle !

     

    Voilà, cet Avent littéraire se termine sur cette douceur. J’espère que cela vous aura un peu plus.

    Je vais laisser ce blog dormir jusque l’an prochain, mais pas avant de vous avoir souhaité de belles fêtes de fin d’année. J’espère que ces derniers jours de 2015 seront doux et tranquilles, que vous les passiez seul ou en famille.

    Je retourne à mes bredeles et autres biscuits de Noël, c'est mon loisir du moment :)

    Noel.gif

    Joyeux Noël et à très vite.

     

  • Pier Paolo Pasolini - Avent littéraire #23

    Ce soir, partons vers l’Italie et la poésie de Pier Paolo Pasolini. Le texte que je vous propose ce soir est tiré d’un recueil publié par les éditions Points, intitulé Adulte ? Jamais.

    Triste et mélancolique, il ravive la mémoire du frère décédé de Pasolini.

    J’espère vous reparler du recueil de manière plus complète, l’année prochaine !

     

    IMG_1748.JPG

    Mon frère mort retient

    Une part de moi avec lui

    Dans ce triste infini

    Qui m’angoisse chaque jour.

     

    Un souffle me sépare

    De lui, et un sombre mystère ;

    Quand brille les étoiles,

    Je me le figure près de moi.

     

    Je sens sa respiration

    Dans mes cheveux, et le néant,

    Une lumière infinie

    Ne fait qu’un avec son œil.

     

    Au passage, j’ai vu que la publication automatique de mes billets a complètement planté :(

     

    À demain.

     

  • Vladimir Maïakovski - Avent littéraire #22

    Ce soir, incontestablement mon poète non-francophone préféré. Vladimir Maïakovski, l’homme total, le poète, le révolutionnaire désabusée, et surtout l’amoureux enflammé et trahi. Sa relation avec Lili Brick est au centre de sa vie, et la cause de ses reniements, de ses hésitations, et finalement de sa mort. Considérer qu’un tel homme ait pu être le jouet d’une femme plus fidèle au KGB qu’à son génie amoureux, me laisse pantoise : la force de l’amour véritable certainement.

    Ce soir, je souhaite partager avec vous un extrait qui me revient en mémoire à chaque épreuve de la vie, un poème compagnon en quelque sorte.

     

    Écoutez !

    Puisqu'on allume les étoiles,

    C’est qu'elles sont à

    Quelqu’un nécessaires ?

    C'est que quelqu'un désire

    Qu’elles soient ?

    C'est que quelqu'un dit perles

    Ces crachats ?

    Et, forçant la bourrasque à midi des poussières,

    Il fonce jusqu'à Dieu,

    Craint d'arriver trop tard, pleure,

    Baise sa main noueuse, implore

    Il lui faut une étoile !

    Jure qu'il ne peut supporter

    Son martyre sans étoiles.

     

    Ensuite,

    Il promène son angoisse,

    Il fait semblant d'être calme.

    Il dit à quelqu'un :

    " Maintenant, tu vas mieux,

    N’est-ce pas ? T'as plus peur ? Dis ? "

     

    Écoutez !

    Puisqu'on allume les étoiles,

    C’est qu'elles sont à quelqu'un nécessaires ?

    C’est qu'il est indispensable,

    Que tous les soirs

    Au-dessus des toits

    Se mette à luire seule au moins

    Une étoile ?

     

    À demain.