Je porte le doute en moi comme personne. Ou comme n’importe qui peut-être. Je doute presque en permanence, de tout, de moi, des autres. Celui-là qui dit m’aimer, est-ce réel ou un mensonge dont il n’a pas encore conscience ? Ce compliment qu’on me fait, est-il sincère ou de pure forme ? Et mes capacités, mes talents, mes compétences : est-ce que tout cela existe réellement, ou ne suis-je bonne à rien, juste parfois habile à bénéficier du hasard.
J’aime les gens qui doutent, comme dit la chanson, cette fragilité les rend précieux à mes yeux : elle est le signe de quelque chose de doux en eux, d’aimable et de bienveillant.
Je déteste le doute qui m’envahit et prend presque le contrôle de ma vie. Douter, c’est se poser mille questions avant même d’agir, c’est se remettre perpétuellement en question, en cause même, et ne jamais oser pousser de porte.
Je ne sais pas pourquoi je doute en permanence, alors que dans le fond je m’adore, je m’aime énormément, et je crois savoir ce que je vaux. Mais paradoxalement, je vis comme si cette certitude ne valait que pour moi, et que pour ce qui est de ma place dans le monde, c’était une autre paire de manches.
Tout cela n’est pas bien grave, si ce n’est que c’est épuisant de douter. Qu’on s’oblige à plus de circonvolutions pour atteindre les buts les plus simples, souvent pour échouer. Enfin, « on » non… « Je » serait le terme plus honnête. Je me pose trop de questions tout le temps sur tout, et c’est épuisant. C’est une curieuse torture que je m’inflige, alors que je pourrais m’en passer. « Pourquoi ne m’a-t-elle pas invitée à sa soirée, alors que c’est mon amie ? Parce que ce n’est pas ton amie en réalité. Mais alors pourquoi l’affirme-t-elle ? » Etc.
Parfois, j’aimerais juste arrêter de penser, et agir sans jauger les mille interprétations possibles à un acte. Ou accepter un compliment, une remarque, même négative, un mot, sans y engouffrer toute la douleur du monde. J’aimerai sortir de ma zone de confort sans ressentir la peur, les tremblements, le souffle coupé, alors que tout pourrait bien se passer.
Je cherche un mode d’emploi à la vie depuis l’enfance. À force de chercher le mode d’emploi, on oublie de vivre.
Enfin, « On ».
Commentaires
J'ai des phases de doutes également. Mais moins que toi tout de même. C'est dans ta nature. Sache que tu es une personne que j'aimerais vraiment connaître en vrai . Bises
Comment te dire que tu n'es pas la seule à penser comme ça, mais tu le dis si joliment !
Sans aucun doute, j'ai vraiment envie de te rencontrer, en vrai. Je crois qu'on a pas mal de points communs.... ;-)
Un jour peut-être, après que j'aie quitté mes îles...
Mais oui, un jour on se rencontrera, tiens, on a trop de bouquins en commun, d'abord! Pour le doute, moins! ^_^
L'impression de ne pas être la seule devrait de rassurer : "je pense donc je doute" : ce sentir un imposteur gagné par le syndrome de Peter, jouer un rôle dans la vie, vivre en auto-critique etc, tout cela c'et le lot des non extrêmistes qui utilisent leur cerveau , dans un monde complexe, contre les fausses visions simplificatrices, celles des simplistes
cette chanson me parle tellement (et ce que tu écris aussi) .par contre je préfère la version Jeanne Chéral/ Vincent Delerm
Je trouve que c'est parfois sain, le doute !
Oh ma belle ! très joli billet ! On doute tous (enfin presque tous) et je trouve le doute séduisant. Sauf quand il paralyse. Je ne connais ni la chanteuse, ni la chanson et où je suis ,pas possible de l'écouter
Tellement moi ça ! ^^
Le doute précède l'adaptation à une situation. Depuis que je suis mère, je me laisse moins aller aux doutes, je dois choisir pour aider son enfant à avancer. Le doute est aussi une remise en question au plus profond de soi...
Le doute et le fait que l'homme soit changeant est ce qui définit l'homme dit Montaigne, non ? C'est normal... en revanche, le doute comme tu le décris je l'ai aussi et j'ai l'impression, DANS MON CAS, que c'est un délire de persécussion... Je pense que souvent je me trompe sur l'intention des gens...
J´aime tes réfléxions à propos de ce sujet.
Moi, je pense que le doute est un signe d´intelligence.
Bisous mon amie lointaine
Elisa
Personne ne fait rien tout arrive , notre vie est le petit trait entre la date de notre naissance et la date de notre mort gravé sur une tombe , faut pas douter il n'y a rien à attendre
Et si tu étais concentrée sur l'instant présent, est-ce que le doute n'aurait pas tendance à se dissiper?
Sur le doute, Montaigne bien sûr. En même temps ça me fait penser à ce que vous dites dans une note précédente : "Bravons le grand William et osons dire, espérer, croire, que cette fable de bruit et de fureur porte une signification essentielle."
Ben meszigues j'ai dans l'idée que la signification essentielle, ce dont donc nous ne doutons pas, c'est juste ça : oser dire, espérer, croire. Peu importe quoi. Le programme en quelque sorte se convoque lui-même. En informatique ça s'appelle une fonction récursive : un truc qui s'appelle lui-même jusqu'à ce qu'une condition soit résolue. Le doute n'est rien d'autre. L'essence de l'existence.
Joli article. Vis mabelle
Gros bisous