Le récit s’ouvre sur une femme, Fannie, qui se fait belle, dans l’attente de retrouver l’autre. Fannie, jeune femme pas vraiment belle, à la posture si raide qu’on l’appelle Minerve, se prépare pour un rendez-vous important.
C’est Freddie, jeune banquier new-yorkais, qu’elle attend, pour qui elle a fait tous ces préparatifs. Mais le rendez-vous n’aura pas lieu dans un de ces chics bars prisés des jeunes yuppies. Non. Fannie et Freddie ont rendez-vous avec leur destin, avec l’amertume et la tristesse d’une maison vidée, dans une banlieue dépossédée de ses âmes par l’âpreté criminelle des banquiers.
A la première page on pourrait penser qu’il s’agira d’un récit d’amour, d’une femme à un homme, Fannie et Freddie. Mais on rentre dans un récit de haine, sur fond de Fannie Mae et Freddie Mac, géants américains du crédit, acteurs pas les plus innocents de la crise des subprimes.
Fannie a vu son monde s’effondrer, son monde et la vie de ses parents, sous l’impulsion des banquiers escrocs, prêteurs, expropriateurs et assassins. Alors Fannie cherche le compagnon idéal, celui qui sera son exact compagnon, son Freddie.
C’est un récit court, intense, tendu comme un arc et qui vient se ficher au cœur de la cible. Récit d’une époque tordue, qui ne peut engendrer que des solutions tordues à des situations tordues. L’incompréhension de Freddie, dans ce qui lui arrive, reflète l’inconscience de ces gens dans des bureaux, qui gomment des lignes, efface des vies d’un coup de crayon, et ne comprennent pas où est le problème.
Je ne connaissais pas Marcus Malte, j’ai fait là une découverte précieuse pour la lectrice que je suis, et pour la citoyenne aussi.
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