Petite, j’aimais bien les infos, parce que j’y entendais parler du monde, même si je ne comprenais pas tout. Et je me souviens très bien de quelques reportages sur Daniel Buren, lors de l’inauguration des fameuses colonnes, et je me demandais qui était cet homme, à la fois honni et admiré, conspué et porté aux nues, pour quelques colonnes… C’était la grande époque de Christo, également, et de ses emballements qui n’emballaient pas forcément tout le monde… C’était les années 80 et je découvrais l’art contemporain en direct…
La première fois que je suis allée à Paris, j’ai demandé à mon papa de m’emmener voir les colonnes de Buren, on y est allé, j’ai regardé, je n’ai pas tout compris, mais j’ai senti qu’un artiste pouvait être assez libre pour utiliser son art aux fins d’interroger les passants, d’interroger son propre art, et peut-être simplement de faire plaisir à l’œil, le reposer par une certaine beauté.. Moi, cela m’avait reposé, hypnotisé presque, cette infinité de noir et blanc, ces colonnes offertes au passant, l’art vivant, l’art pour tous, dans la rue, objet dépossédé de sa sacralité.
Depuis, j’aime bien Daniel Buren… On est peu de choses :)
J’ai pris un plaisir infini à visiter son installation, puisqu’il est le maitre d’œuvre de Monumenta cette année. Et si l’exposition ne se terminait pas demain, je crois, je vous pousserais à y aller vite, très vite ! Encore une fois, passé la première impression, on ne peut que rester fasciné. Fasciné par les couleurs, la masse presque matérielle de lumière qui nous noie dans des halos irréels.
C’est une promenade hypnotique, propre à nous laisser voguer dans des pensées brouillonnes mais parfaitement de circonstances. J’aime bien me laisser perdre comme ça, sans contrainte, avec au contraire la liberté d’interpréter, de cheminer mon propre sentier artistique…
Vive l’art !