...Ainsi parle Alain, philosophe éclairé...
Quand j'étais plus jeune, bien plus jeune, genre 13 ans je crois, j'étais tombée par hasard, totalement par hasard, sur les films pseudo érotiques de M6 du dimanche soir... Oui par hasard. D'abord je n'aime pas la télé plus que ça, et puis le dimanche soir, je dormais tôt, angoissée par l'idée de retourner au pensionnat si tôt le lendemain matin...
Bref, le dimanche soir c'était déjà la loose à l'époque, et parfois, je zappais...
Rebref. Soyons plus clair... j'étais donc tombée sur ce film tout gentillet, ne me demandez pas le titre, et là il y a avait un dame qui semblait de fort bonne humeur, juste parce que qu'elle se caressait le ventre et le reste. Ahem, me disais-je alors, mon Dieu mais que fait-elle seule qui lui procure tant de satisfaction ? oui j'étais un peu cruche parfois... Et puis je te rappelle que 13 ans à mon époque, pas si lointaine, c'est pas comme 13 ans de nos jours : je croyais encore que Candy allait épouser le petit prince des collines....
Pour en revenir à nos moutons, donc, c'était ma première rencontre avec la MASTURBATION ! Bouh le mot est lâché !
Je te passe les détails des premiers émois, des petits chatouillis qui donnent envie de mettre la main dans sa culotte, on n'est pas sur un blog de cul ici (quoique ça devient récurrent, non ?)
On grandit, on devient une femme (Barbara Gourde des fois) et on apprend des trucs de la vie, on change, on évolue.
Au risque de passer pour une demeurée, du fait de mon éducation chez les sœurs de Sainte Angèle Mérici, le sexe était une grande affaire, mais à gérer seule ! Chez nous, pas de débat sur la « première fois » et autres fariboles. Donc, il n'y avait que notre jugement, à nous pauvres jeunes filles, pour savoir si telle envie ou telle pensée, était de l'ordre du normal ou du bienséant... Quitte à brûler dans les flammes de l'enfer autant le risquer pour avoir séduit un innocent prof de musique, que pour avoir laissé libre cours à de l'autosatisfaction. Et puis coucher avec un homme, même plus âgé, semblait de l'ordre du « normal », alors que se toucher, pouvait paraître bizarre, voire pervers... Oui, céder à un jeune homme c'est encore affaire de romantisme, céder à sa main droite, c'est affaire de bestialité. Du moins pouvait-on le penser ainsi. Donc la masturbation c'était pour les idiotes qui ne savaient pas se contrôler... Hum... jusqu'à ce qu'un homme, oui un homme, me montre que cela pouvait être un jeu, à deux, ou seule... Un jeu très agréable. Et puis cela participait de la possession de mon corps : apprendre à le connaître, le posséder et en profiter.
Donc, post-adolescente, là où la plupart de mes copines pensaient qu'un homme qui se masturbe alors qu'il a une copine est un mufle impoli, je comprenais qu'il y avait plusieurs degrés de lecture à cet acte. Et il ne s'agissait pas d'assouvir un sentiment de frustration, que l'on soit homme ou femme, mais bien d'écouter son corps et d'en jouer pour sa propre satisfaction, seule, ou dans le cadre d'une relation de couple totalement épanouie.
Ce n'était pas encore l'avènement de Sex and the city et des ces femmes décomplexées. Mais ça n'allait pas tarder ! Du coup j'ai observé d'un œil amusé la mode, que dis-je, la déferlante onaniste, avec les canards vibromasseurs, les dildos et autres jouets plus girly et fashion tu meurs. Du moment que Sonia Rykiel l'avait décrété dans le sous-sol de sa boutique parisienne, le sextoy (donc la masturbation) devenait it ! Très bien d'ailleurs.... Mais ce côté effet de mode, brrrr, moyen pour moi. Le panurgisme m'a toujours refroidie...
Bref il est devenu soudain très facile de se procurer ces jouets et parler de sa sexualité solitaire, la revendiquer, même, n'était plus une difficulté.
Finalement c'était surtout ça le plus important : arriver à admettre que la masturbation, féminine, en l'occurrence, était un acte tout simple et naturel, un jeu sexuel parmi d'autres.