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Loving Frank - adultère poids moyen

Il y a des bouquins qui vous tombent entre les mains, dont vous pensez qu’ils vous tomberont des mains, puis non.

Curieusement, une sorte d’alchimie s’opère, mais celle-ci est presque indépendante du livre et de l’auteur.

C’est un peu confus, mais je vais tenter de m’expliquer.

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J’ai lu hier Loving Frank, de Nancy Horan. Le livre raconte l’histoire d’amour adultère entre le grand architecte Frank Lloyd Wright, et Mamah Cheney. L’un et l’autre vont quitter mari, femme et enfants pour vivre leur amour en Europe, non sans susciter un véritable lynchage morale et médiatique. Nous sommes au début du XXème siècle et cela ne se fait pas, tout simplement. L’épouse est la propriété de l’époux et on attend d’elle un certain comportement.

Que deux êtres tombent amoureux et s’adonnent presque publiquement à leur passion est en soit un événement.

L’histoire se concentre sur la vie de Mamah Cheney, une jeune femme brillante, éduquée, curieuse, avec une soif de culture et de partage qui déborde allègrement les limites de son foyer. Elle trouve en Wright une sorte d’âme sœur, quelqu’un qui la comprend, avec qui elle peut discuter d’art, de beauté, de littérature, comme une femme libre et indépendante, et non plus seulement comme une honorable mère de famille.

Bref, les presque 600 pages du bouquin nous décrivent les hauts et les bas de cette relation, les conséquences telles que l’abandon des enfants de Mamah par celle-ci, pour « vivre sa vie ». La découverte de certains féminismes, notamment en Europe, avant d’être déçue, comme elle sera aussi déçue parfois par le grand homme, Wright, qui est autant grand architecte que parfois très piètre être humain…

J’ai du mal à dire si j’ai aimé ou pas ce roman.

C’était lent, plein de longueurs parfois très mièvres et j’aurais bien sabré quelques 200 pages… Pour le reste, il y  aune belle étude de mœurs, et j’ai été amené à me poser pas mal de questions, sur ce qu’on appelle l’amour romantique.

Et je me demande comme une femme aussi brillante et éduquée que Mamah Cheney peut tout envoyer valser au nom de cet amour, pour le pathétique résultat qui consiste à voir l’homme magnifique qu’on aime  se transformer sous nos yeux en un être pleutre, menteur, égoïste et inconséquent... L’amour est une prise de risque évidemment, mais comment peut-on jeter aux orties sa propre intelligence pour assouvir une passion (ce que j’admets tout à fait) et lui donner le nom d’amour. C’est là que je suis gênée. J’ai l’impression que pour laisser libre cours à nos envies, nos désirs, nos passions, on ressent le besoin de les affubler des doux noms d’Amour et Romantisme, pour justifier notre attitude. Pour tout dire, j’ai plus de respect pour une femme ou un homme qui baise        avec tout ce qui bouge sans appeler ça amour, que pour des gens qui ont besoin de convoquer Cupidon et ses flèches à chaque fois qu’ils envoient tout valser, pour leur bonheur personnel, en oubliant qu’ils détruisent des gens autour d’eux…

Oui, vous pouvez me trouver un peu dure, voire réac, mais ce n’est pas le cas. Ce que je n’aime pas c’est cette hypocrisie qui consiste à affubler les choses du mot amour, quand il ne s’agit que de trouver des justifications plus ou moins légitimes à des égoïsmes passagers…

Bref Mamah Cheney m‘a un peu fait penser à Emma Bovary, qui m’agace prodigieusement….

Un roman intéressant, c’est le moins qu’on puisse dire de Loving Frank. Au moins on se pose des questions....

7,5 € au Livre de Poche.

Commentaires

  • Comme tu as bien décrit le "je ne sais quoi qui me gênait". Etme je suis d'accord avec toi, le Franck est abject

  • Abject et égoïste, vraiment rien pour plaire, ce Frank...

  • L'amour sublime le sexe. Une nuit d'amour avec un être aimé vous fait changer de galaxie. Une nuit deasexe vous donne du plaisir, de là transpiration mais vous laisse sur votre faim.
    C'est comme cela que je le vis.

  • Je crois que ce bouquin manquait d' amour d'un certain côté alors !

  • c'est là
    http://monblogmonmiroir.over-blog.com/article-loving-frank-de-nancy-horan-109491882.html

  • Je vais lire avec plaisir !

  • Je suis toujours admirative d'entendre quelqu'un dire qu'il a lu un roman en quelques heures ... T'en as de la chance !
    Quand à roman, je note le titre !

  • C'est une de mes rares qualités, la lecture rapide :)

  • Tu m'intrigues... :)

  • Il faut le lire alors :)

  • Comme disent les Cassiopéens, la notion d'amour est extrêmement mal comprise sur notre planète, et on donne ce nom à des choses qui n'ont rien à voir.

    Beaucoup de personnes, des femmes surtout, confondent leur chakra du coeur avec leur chakra de la base.

    L'amour c'est une fréquence qui nous appartient et qui nous relie à l'ensemble de la création. Il est nécessairement universel.

    Ca, c'est une attirance sélective.

  • L'amour a sa propre définition par personne, on dirait...

  • Tiens, le thème m'intéresse, même si je ne pense pas aller jusqu'à le lire. Disons que oui, c'est peut-être facile d'invoquer l'amour pour se sortir d'une situation qui nous pèse.

  • C'est une excuse facile à sortir, en effet.

  • J'avais noté ce roman car les personnes sont réelles mais en ce qui concerne la notion d'amour, je pense que l'analyse de Stendhal était très juste : la cristallisation implique de parer l'autre de pleins de qualité... Peut-on appeler ça de l'amour, pour moi non...

  • Stendhal explique très bien les choses :)

  • Je pense que j'aurais le même agacement que toi...

  • Oui, difficile de ne pas s'agacer, je t'assure !

  • Ton billet est intéressant par les réflexions qu'il fait surgir. Je suis assez d'accord avec toi quand tu dis que certains ont besoin de recouvrir de grands mots des comportements qui n'ont rien de grand... Par contre, ce roman plein de longueurs ne me fait pas vraiment envie. Le "Frank" du récit me rappelle un peu le Salinger qu'évoque Joyce Maynard, dans son roman "Et devant moi le monde'...

  • Communauté de personnalité on va dire ! Loving Frank est dispensable....

  • effectivement tu dois te poser des questions mais 600 pages... je n'aurais pas pu. Je ne suis pas si courageuse que toi. bonne nuit !!

  • J'ai du mal à ne pas finir un livre entamé, même s'il ne me plait pas...

  • j'avais bien aimé cette lecture, le livre m'a donné envie d'en connaître plus sur l'architecte, qui a fait un travail extraordinaire !

  • L'architecte est génial, et pour tout dire j'adore ce qu'il fait ! Mais l'homme....

  • Je vois un nouveau commentaire et je réalise que tu en as écrit d'autres que je n'ai pas vus ! Bref, merci pour ton analyse, ça me rappelle la mienne pour un autre livre. Je connais une ou deux personnes qui agissaient comme tel. Quant à la femme, je suis peu étonnée, certaines disparaissent ou s'effacent derrière leur homme une fois amoureuse. J'ignore pourquoi, la répétition de ce qu'elles ont connu enfant ? C'est comme celles qui ne partent pas après la première gifle, elles aiment donc elles pardonnent - la crainte d'être délaissée ? Ce sont des mécanismes complexes. Mais impressionnée par le fait que tu aies tenue 600 pages !

  • Oui, c'est le genre de mécanisme tristement destiné à se répéter....

  • J'avoue que cette lenteur dont tu parles me freine un peu...

  • Ça n'aide pas, je te l'avoue...

  • Pour ma part j'ai adoré ce livre. D'abord parce qu'il romance une histoire qui a existé dans les termes présentés, ensuite parce qu'il contient une certaine vulgarisation de l'oeuvre de Frank Lloyd Wright qui est quand même un des architectes les plus importants du XXème ! Amour + Histoire de l'art, j'étais emballée.

  • C'est un très grand architecte et je l'admire pour ça, mais humainement il est moins plaisant :)

  • J'avoue que je ne suis pas très patiente lorsqu'un livre traîne en longueur, je ne sais donc pas si je vais me laisser tenter !

  • Honnêtement celui-ci est dispensable !

  • j'ai bcp aimé, et la fin, quelle claque !

  • La fin est, spectaculaire, noire, inattendue...

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