J’allume la télévision un instant, dans l’idée de regarder un film, et puis malgré Steve MacQueen et la canonnière du Yang Tsé, je me suis endormie, ailleurs dans ma tête. Les personnages flous ont entre eux des dialogues de bêtes curieuses.
Je crois que trop de choses viennent s’interposer entre moi et ma compréhension de ce film connu pourtant par cœur. Les couleurs de Chagall, rouge vif et vert animal, se mélange à la voix de Clément Hervieu-Léger, correspondances bien personnelles qui feraient peut-être sursauter Rimbaud.
Il faudrait que je retrouve cette nouvelle de Francis Scott Fitzgerald, au sujet du mystère de ces vies lisses et impeccables, du grand mystère qui le recouvre une fois la porte de la maison fermée.
Amour, peine, pauvreté ou violence, désespoir ou inquiétudes, espérances ou simple joie de vivre, qui sait ce qui se cache derrière chaque rideau que l’on observe du dehors ?
Dites moi qui parlait de rideaux (ou de fenêtres ?) de l’âme (ou du cœur ?) à propose des yeux ? Je ne sais plus, mais je regarde chaque personne, et plus prosaïquement, chaque nom ou pseudo qui s’affiche sur un écran, comme une fenêtre mystérieuse, qui contient plus que je ne pourrais jamais connaitre, ou simplement oser demander à connaitre.
Il n’y a plus guère que les enfants pour poser des questions intéressantes, et par rafales.
Il y a moi aussi. Du moins pour la partie rafale, reste à savoir si mes questions sont intéressantes.
Il n’y a peut-être guère plus que les enfants pour s’intéresser vraiment à ce qu’ils regardent, d’où les questions.
Drôle de monde où chacun organise une sorte de journal extime (moi la première…), et où des questions, suite manifeste d’un sincère intérêt, sont vues comme indiscrétions inopportunes.
Comme si tout était question d’échange à valeur commercial, même dans les questions de simple humanité. Je propose à l’échange une partie de ma vie, une petite facette que j’expose, prends là si elle te plait, mais ne vient pas demander plus.
Environ.
Environ et ailleurs.
Alors voilà, je n’ai plus 8 ans depuis longtemps, ni même 13 ans, ce qui serait encore une excuse à mes premiers péchés, mais je voudrais une vie la plus simple et naïve du monde, faites de questions et de réponse, en rafale, oui, forcément.
Une vie à lire, à regarder les gens et à leur demander mille fois par jour pourquoi, pourquoi…. Avec chaque réponse je dessine mon propre portrait de l’autre : c’est ainsi qu’on vit mille ans mille fois, dans la mémoire et l’imaginaire de chacune des personnes à qui l’on offre des « je vais te dire » en échange des « pourquoi ».
En attendant cette vie (la prochaine ?) je vis dans ma tête une autre vie, celle où une princesse accompagnée d’un gentil géant et d’un drôle de chevalier, va délivrer son amoureux.
Christophe - Les Paradis Perdus
Commentaires
Joli texte et divagations ;)
Cou cou,
On va et on vient avec toutes ces pensees. Moi, je pense que derriere chaque personne il se cache un tas de questions, de promesses, d' espoirs... et de desespoirs, bien sur.
On songe ca, on se demande beaucoup de choses.
J' aime aussi la maniere dont tu parles du emerveillement des enfants, de leur naivite.
Bon, c' est assez pour mon jeudi matin! C' est toujours une belle classe de francais avec toi:)
Bisous
Elisa
encore un texte plein de poésie et de rêverie ... j'aime tellement te lire !
Le jour où l'on arrête de se poser des questions est le jour de la fin de notre âme d'enfant ! Continue ma belle, tu es une très belle âme et j'aime lire tes questions ! ^^
C'est mauvais tout ça , mau-vais !
Bien souvent, je réponds moi-même à mes questions "en rafales", une solution parmi d'autres ;-) : oui il subsiste peu de curiosité...
néanmoins un film et un chanteur et sa chanson que j'apprécie !!
.... mais, peut-être.... encore une question ?
Bon lundi soir à toi
Doume