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Encore Une Nuit De Merde Dans Cette Ville Pourrie - Nick Flynn

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Ok, le titre m’a pas mal interpellée, quand je l’ai vu dans les rayonnages de la médiathèque. Et puis cet homme en couverture, un type entre deux âges, qu’on devine en fait abîmé par la vie.

Bon, je me suis dit, ce n’est jamais qu’une belle jaquette et l’auteur s’est lâché sur le titre : voyons ce que vaut le reste.

Je le dis tout de suite, je ne me suis pas encore remise de ma lecture. J’ai eu l’impression de prendre un paire de claques, aller retour, dans ma gueule de petite fille qui voudrait que le monde soit doux et harmonieux, baigné de compassion, et qui (re)découvre que la vie parfois c’est vraiment de la merde, une belle saloperie qui s’acharne sur toi dès que tu fais un (premier) mauvais choix.

Alors, ce livre. L’auteur, Nick Flynn, nous propose un récit autobiographique, un regard sur son passé, sous l’angle de sa relation avec son père. Et quel père ! Alcoolique, drogué, mythomane, irresponsable, incapable de tenir un job, écrivain raté dans l’âme, obsédé par sa propre gloire et ceux qui l’empêchent d’advenir.

Au début du livre, nous sommes au milieu des années 80 et Nick Flynn travaille dans un asile de nuit, le Pine Street Inn à Boston. Au hasard d’une des nuits, son regard croise un SDF parmi les autres et reconnaît son père. Le premier reflexe de Nick est d’éviter son père au maximum. Commence alors le récit de la vie de Nick, avec en parallèle des morceaux de la vie de son père. Les deux destins s’entrecroisent. Les parents de Nick, enfants d’une classe moyenne plutôt tranquille, des alentours de Boston, vont dériver de médiocrités en médiocrités, jusqu’à basculer vers un franc déclassement, puis la séparation du couple. La vie de Nick avec une mère célibataire qui cumule les jobs et les petits copains, se fait sans connaître ce père, écrivain d’un livre que personne n’a encore vu, mais qui est censé être un chef d’œuvre ; un père auteur de courriers plus délirants les uns que les autres. Lettres qu’il adresse à son fils, mais aussi aux grands de ce monde, pour leur raconter sa situation, comme il est victime de coups montés, comme « on » l’empêche d’accéder au meilleur qu’il mérite. Tout le problème de Nick est de distinguer ce qui est la vérité de ce qui n’est que la mythomanie d’un homme aigri et alcoolique. Jonathan, le père, élude toujours quand son fils tente de le ramener vers le présent, le concret, comme ce fameux livre qu’il voudrait bien lire, si le manuscrit existe vraiment, et puis comme ses raisons qui font que Jonathan n’a fait que plonger depuis l’université, vers plus d’alcool, vers les arnaques aux chèques falsifiés, et puis la rue.

On ne peut qu’être emporté par ce récit en double exposition. Nick, le fils, et Jonathan, le père, finissent par se rejoindre, à un moment de leur vie où, je crois, Nick n’a plus rien à attendre de son père, et ne peut que l’accepter comme il est. Et c’est au moment ou Nick n’attend plus rien, qu’il découvre dans la galaxie de mensonges tissée par son père, quelques pépites de vérité, quelques moments de lumière qui, pour ma part, m’on fait monter les larmes aux yeux.

Forcément, j’ai trouvé Jonathan antipathique, un père atroce, la mère guère mieux, mais qu’importe. Et l’enfance de frustration, de peurs, de violence, vécue par Nick, les expériences qu’il a vécu comme matelot, ou électricien pour mafieux, jusqu’à cet asile de nuit, lui ont permis de devenir cet auteur. Les errances de Nick croisent les errances de Jonathan, mais ce n’est jamais larmoyant, jamais complaisant. Il y a une force brute qui émane de ce livre. Et aussi beaucoup d’émotion. Jonathan le père, s’accroche comme il peut à l’idée qu’il a écrit un grand livre, mais que l’univers nous empêche de le reconnaître. Il y a aussi cette croyance qu’il a, qu’un de ses ancêtres a inventé et breveté un canot de sauvetage, et que la société, encore, les a dépossédés de ce que lui, Jonathan, méritait de vivre de richesses et de gloire. C’est très émouvant pour le lecteur car on ne peut s’empêcher de penser que cet homme à la dérive parle sans cesse d’un brevet de canot de sauvetage, lui qui n’a rien sauvé de sa vie.

Et c’est encore plus émouvant de découvrir ensuite, avec Nick, que tout n’était pas que délires mythomanes dans la tête de Jonathan.

Je vous invite VRAIMENT à découvrir ce récit, et à entrer dans l’écriture de Nick Flynn :

« Le monde est si vaste, chaque ville pleine de chambres bon marché, chacune derrière une porte. Des hommes y sont étendus, imprimant la forme de leur corps sur le matelas, lèvent le store le matin, font les cent pas la nuit, les yeux grands ouverts. Un jour ou l'autre, on vient vous chercher. Il faut bien finir quelque part, non? Foutue loi de la physique. »

 

 

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Encore une nuit de merde dans cette ville pourrie (Another bullshit night in suck city )

Nick Flynn chez Gallimard – Dispo en folio.Folio Flynn.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Blue.jpgTip du jour

 

 

Commentaires

  • Je suis encore au milieu de mon livre srilankais, passionnant mais j'avance pas vite... Je note pour la suite ! Bonne semaine !

  • Prendre son temps pour lire, c'est encore plus de plaisir :)

  • Eh bien, en effet, il a l'air puissant ce roman! Je ne note, pour plus tard, quand j'aurai envie d'un peu de noir...

  • Ce n'est pas un roman, c'est ce qui le rend encore plus puissant ! Je suis certaine que ce livre te plaira !

  • Titre impossible à rater! (mais je viens juste de démarrer un bouquin sur l'histoire de la gamine de 11 ans qui a tué deux petits gosses, ça a l'air génial, mais côté émotion, je crois que je dois mettre de la distance dans ce type de lectures...)

  • Oui un titre et une photo de couverture ... bref, je le note pour plus tard ;-)

  • Je suis persuadée qu'il te plaira Electra !

  • OK. Rien que le titre déjà... Et puis ton billet... Vendu...!

  • Cool :) tu nous racontera ?

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