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alger

  • Pourquoi je n'aime pas les vacances



    Parce que je l'ai annoncé plusieurs fois ce post, et pour faire plaisir, j'espère, à Kahlan.

    J'ai hésité à le publier parce que c'est un truc un peu larmoyant, et bon ce n'est pas totalement moi, juste une partie. Pas envie de vous déprimer, ni moi avec. Mais en parler finalement me fait aussi plaisir parce que je me rappelle d'excellents souvenirs, et voilà ça me donne envie d'en fabriquer de nouveaux, tout aussi bons. Du coup, c'est moins larmoyant, j'ai sabré dans le vif (oui, je ne tranche pas, je sabre).


    Les vacances sont pour moi un même son et lumière depuis des années, une image mouvante mais constante.

    Le soleil est lourd et chaud sur les terrasses des maisons.

    Et Victor Lazlo chantait le canoë rose.



    C'était pas l'année dernière
    c'était pas à Marienbad
    comment voulez-vous que je m'en rappelle
    à force de l'attendre
    je ne savais plus qui l' attendait
    Le temps est un traître de cape et d'épée
    qui vous glisse sa poudre d'oubli
    dans votre coca
    Faudrait pouvoir choisir son film
    j'n'avais plus qu'à me barricader
    dans la p'tite maison
    près du lac
    avec le canoë rose, à deux places
    qui flotterait, comme ça
    pour personne

    Fermer les volets
    et ne plus changer l'eau des fleurs
    oublier qui tu étais
    ne plus jamais avoir peur
    Se dire qu'on était pas
    vraiment faite pour le rôle

    Pleurer plus que le saule

    Plonger sous les draps
    et ne plus jamais remonter
    dormir sur le pont du galion
    qui s'est laissé couler
    parce qu'il t'a connu
    une de plus à t'aimer

    Le soleil essaie de se glisser
    par le store vénitien
    c'est pas lui qui m'f'ra lever
    je commençais une longue nuit
    j'ai pas l'intention de demander le réveil
    je regarde les photos qu'il à prise de moi
    j'en ai aucune de lui
    il s'est jamais laissé prendre
    Le vent fait grincer le canoë rose, à deux places
    Il servira, peut être, pour un autre film


    Dans la maison familiale des vacances tout le monde dort.

    Je suis allongée, dans la pénombre des volets clos, la douce torpeur de l'après midi, la sieste endormait toute la maisonnée dès 15h00.

    Plus jamais je ne ressentirais ce total abandon, l'absence de toute crainte, juste le bonheur d'être là.

    Quand on arrivait, ma première pensée était tournée vers ma grand-mère, et quelle que soit l'heure de notre arrivée, je courrais vers a maison, vers ses bras, la chercher pour la ramener chez nous. Un lien très fort nous attachait toute les deux. Je suis née en Algérie milieu des années 70. Mon père était déjà parti vivre et travailler en France, mais ma mère ainsi que mon frère ainée et moi, nous étions restés dans notre petite ville de Kabylie, en attendant de le rejoindre. Alors ma grand-mère était très présente pour nous. Ça n'a jamais cessé jusqu'à sa mort, il y a 9 ans.

    Jusqu'à mes 18 ans, les vacances, ou au moins une bonne partie, c'était retrouver ce cadre familial et amical. Le soleil surtout. Tellement présent et chaud, il rythmait la journée.

    J'ai eu de très bons moments et de moins bons, mais la mémoire est sélective parfois, et ne retiens que les joies passées.

    Je pourrais mettre encore quelques paragraphes pour te raconter cette époque formidable, mais pas aujourd'hui. Je n'ai pas l'inspiration. Je me rappelle encore pourquoi je ne revivrai plus ces moments. D'abord on grandi tous, on perd nos amis, ils s'éparpillent loin de l'ilot central du début. Et puis les gens meurent aussi. Parfois à tout jamais.

    Les vacances c'est l'enfance insouciante, les petits déjeuners bruyants, les départs agités pour la plage, les caprices pour une glace, une autre encore, la petite sortie en barque, pas trop loin du bord (j'étais peureuse...) Et puis surtout la Méditerranée. La crique à Bejaïa, avec seulement ma cousine, nos petits copains et moi, marcher sur les rochers glissants, les garçons qui plongent  la tête sous l'eau pour fanfaronner... Et le soleil qui tape sur l'eau bleue.

    L'après midi, reprendre le chemin de la maison pour la sieste, que je faisais toujours en écoutant la radio, RMC ou Alger Chaîne 3 la station francophone.

    Dans la pénombre l'atmosphère est unique : le véritable sens de la tranquillité est resté là, coincé à cette époque.

    Au bord du saule, comme dans la chanson de Viktor Lazlo, avec Lui.