De Annie Saumont, je n'ai lu qu'un recueil de nouvelles, mais à l'annonce de sa mort dans la presse, je me suis rappelée ses personnages abîmés, chétifs, presque transparents pour certains. En quelques nouvelles j'ai croisé une galerie d'identités fragiles, des êtres posés là par hasard, qu'on sentait flotter dans notre monde, vous savez ce monde bien réel, fait de couloirs de métro, de pluie fine tard le soir et qu'il faut encore courir faire trois courses chez Monoprix. Ce monde où les uns passent sans que les autres les voient, et où pourtant chaque pas aura l'effet papillon parfait sur un scénario qui se déroule plus au loin.
Elle est belle, la littérature, quand des années après elle vous laisse un souvenir, comme un voile brumeux, dont on ne saisit plus vraiment les contours, mais que l'on sait agréable. Non, pas agréable, mais bien. On sait que c'était bien. Je sais que c'était bien, Annie Saumont. Et j'ai encore quelques nouvelles à lire pour m'en souvenir longtemps.