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egypte

  • Sortir à Paris : Youssef Nabil - MEP

    Paris regorge de musées, galeries, expo en tout genre. Pour autant, j’ai l’impression de sortir moins qu’avant (avant quand d’ailleurs ?) Bref, j’ai décidé de me reprendre légèrement en main de ce côté-là, et d’aller un peu plus sur le terrain culturel.


    Pour cette première sortie depuis longtemps, j’ai choisi une expo photo.


    Youssef Nabil, à la Maison Européenne de la Photo.

     

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    © Youssef Nabil / Courtesy Galerie Nathalie Obadia, Paris/Bruxelles



    C’est un artiste que je connaissais sans connaître. C'est-à-dire que j’avais maintes fois croisé ses photos, sans savoir qu’elles étaient de lui, ni connaître sa démarche artistique.
    J’aime énormément Natacha Atlas, et il a photographié celle-ci, dans un style tout vintage égyptien, qui justement parlait bien à l’amatrice de vieux films que je suis.


    Youssef Nabil est  né en 1972 en Egypte, une grande nation de cinéma. Et cette passion pour le 7ième art se retrouve dans ses clichés. Il fait des portraits de stars, du cinéma ou de la chanson, en noir et blanc, puis les colorise à la main, ce qui donne ces teintes si spécifiques qui rappellent les vieux films du cinéma arabo-égyptien (et je peux vous dire que j’en garde de bons souvenirs, pour en avoir vu des tonnes avec ma grand-mère, mes tantes, certains de mes cousins… Voilà que les souvenirs remontent..)

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    © Youssef Nabil / Courtesy Galerie Nathalie Obadia, Paris/Bruxelles

     

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    © Youssef Nabil / Courtesy Galerie Nathalie Obadia, Paris/Bruxelles

     

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    © Youssef Nabil / Courtesy Galerie Nathalie Obadia, Paris/Bruxelles

     

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    © Youssef Nabil / Courtesy Galerie Nathalie Obadia, Paris/Bruxelles




    C’est justement la magie de Youssef Nabil : son regard nous transporte dans des décennies bien lointaines, avec pourtant des icones contemporaines : Catherine Deneuve, Fanny Ardant, Tahar Rahim, Natacha Atlas.


    Il y a aussi des scènes d’inconnus, ses autoportraits aussi, autant de clichés qui nous mettent dans une machine à remonter le temps.


    Les quelques clichés que je vous montre ici gagnent à être admirés de près.

    Youssef Nabil
    Maison Européenne de la Photographie
    5/7 rue de Fourcy - 75004 Paris
    Ouvert tous les jours de 11 heures à 20 heures, sauf les lundis, mardis et jours fériés.
    Plein tarif: 7 €
    Tarif-réduit: 4 €
    18 janvier - 25 mars 2012

  • Il est doux de se croire malheureux, quand on n'est que vide et ennuyé

    C’est la révolution en Tunisie, et moi je revenais tout juste d’un voyage au pays Irrépressible de la Réalité Linéaire. C’était chiant. Les tunisiens déboulonnaient Ben Ali et je me triturais le ciboulot pour savoir pourquoi quoi qui où en vain, la réponse n’existe pas. Ou alors quelqu’un me la donnera au soir où mes yeux se cloront pour toujours. Les tunisiens révolutionnaient dans le jasmin (parait-il) et moi je ne pensais qu’à  Chergui de Serge Lutens. Mon flacon était tombé de la table, d’assez haut pour se briser, mon cœur avec, et l’odeur chaude et envoutante de se répandre dans la pièce. Elle ne la quitte pas. Mon cœur se brise encore à chaque fois que je pénètre l’endroit. Peu importe le flacon, pourvu qu’on ait la tristesse. Pourquoi les larmes montent-elle quand je respire ce parfum ? Ce n’est pas le flacon que je regrette, rien qui ne soit remplaçable. Mais l’avoir laissé tomber, se briser à mes pieds, sentir ce parfum  me monter à la tête… C’est comme si je ne pouvais rien tenir entre mes mains, rien faire qui soit un peu solide. Un cœur se brise pour un peu trop de parfum versé. L’odeur persistante vient réchauffer la moquette, les murs, un coussin… Je m’allonge sur le lit, le coussin contre moi, et je revois tout ce qui m’a échappé, des mains, de ma vie, de mes pensées. Tout n’est que fuite, et moi je reste statique.

    C’est la Révolution en Égypte et moi je comble le vide de « quoi » en accumulant des dessins idiots sur des carnets de toutes les couleurs. Un pantone d’émotions, de questions, finalement aussi brumeux qu’un arc-en-ciel raté…Un dictateur s’en va, un autre lui succèdera, une certitude presque rassurante, qui donne un repère, un point d’ancrage. Quelque chose contre lequel s’élever. Que vais-je devenir si la liberté des peuples m’enlève les motifs de mes indignations, les raisons de rester encore debout, pour se battre de loin contre des tyrans anonymes à mon vrai monde. Que me reste-t-il encore, sinon cet égotisme de petite fille qui crie, qui exige qu’on lui laisse son jouet, son dictateur à honnir. Les tyrans tombent en Égypte et je peux inscrire dans le carnet bleu marine numéro trois, qu’une journée encore s’est passée sans que je me libère de ma hargne égoïste à vouloir dominer tout et tous, juste pour ne plus avoir peur. Juste pour voir au travers de ma boite.

    C’est la révolution en Libye, et le hasard, toujours ironique, moqueur, insultant presque, me fait tomber dans un désir de dunes, de sable, de vide infini. Un vide où il n’y aurait que moi, un carnet, le jaune numéro deux, celui des désirs cachés. Un carnet où je pourrais noter ce qui dans ce désert me manque vraiment. Le vide se comble par le vide. Curieux, mais c’est comme ça. Un chef d’Etat en bout de course fait tirer sur la foule et je pense au désert si tranquille. Je suis absente de ma propre vie, je regarde celle des autres, je l’envie et la méprise tout en même temps. Je sais que si l’on me donne ce bout de désert, je saurais voir plus clair, comme si la toile de fond de mon existence s’y animait…Les carnets, c’est comme les déserts et la vie, ils ne se remplissent que de soi.

    Rêver et vivre, c’est la même chose, sauf que rêver fait moins mal.

     

    révolution, serge lutens, chergui, tunisie, egypte, jasmin, vide, désert


     

    ***le titre est d'Alfred de Musset.