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Je ne veux pas revenir

 

 

Oui, c'est Nana Mouskouri, mais écoutez sans effroi, s'il vous plait.

 

 

Où es-tu passé, mon passé
Perdu dans les gorges de la Chiffa ?
Le ruisseau oublie la guerre
L'eau coule comme naguère
Les enfants ne font plus de grimaces
Ils dansent dans la vallée
Ils oublient leur faim et leur race
Ils jouent en liberté

Où es-tu mon passé
Si beau, si loin, si près ?
Où es-tu passé mon passé
Là-bas, ici ou à côté ?

Les pique-niques en famille
Les chapeaux de paille en pacotille
Les tomates ruisselantes d'huile d'olive
Les moustiques partaient sur l'autre rive
C'était le temps de la puberté,
Nous chassions les mauvaises pensées
Les arbres nous tenaient à l'ombre
Nos cœurs amoureux étaient sombres

Où es-tu mon passé
Si beau, si loin, si près ?
Où es-tu passé mon passé
Là-bas, ici ou à côté ?

Où es-tu passé, mon passé
Dans ce village de cyprès
Où coule la source la plus belle ?
Comme un oiseau, mon âme a pris ses ailes
Pour monter là-haut dans le ciel bleu
Rejoindre ce monde étrange de feu,
Le jardin parfumé des artistes,
Graver un nom de plus sur la liste

Où es-tu mon passé
Si beau, si loin, si près ?
Où es-tu passé mon passé
Là-bas, ici ou à côté ?

Mon pays sent bon le jasmin
J'aimerais y retourner demain
Les fleurs ne sont plus arrosées
La terre rouge s'est refermée !
La guerre assassine les innocents,
Les vieux, les femmes et les enfants
Et le ruisseau de ma jeunesse,
Léger, danse avec ivresse

Où es-tu passé, mon passé ?
Le soleil se couche derrière les orangers
J'ai peur d'oublier mes souvenirs
Non, non, il ne faut pas mourir !

Paroles J-C Brialy / Musique P Amoyel

 

m_chiffa.jpg



Où es-tu passé mon passé ? C'est une question que je me pose quelquefois. La mémoire est  une obsession chez moi. Plus que la mémoire le regret de celle-ci. Je ne suis pas une personne particulièrement cafardeuse, mais je peux verser facilement dans  la mélancolie des souvenirs passés. J'aime la vie, le mouvement, l'idée que chaque nouveau jour offre un champ infini de possibilité. Mais je reste fidèle à ma mémoire et attachée à mon passé.

Pour tout dire, j'ai du mal avec la fin : les souvenirs ce sont avant tout des choses qui se sont terminées, qui n'existent plus. On ne peut plus rattraper le passé, il est, comme dit la chanson, si loin et si près, et je ne peux le toucher.

J'ai plus de 30 ans et cela fait bien 20 ans que j'attends de grandir, de devenir adulte. Plus petite, j'étais assez mystique, et je pensais qu'il viendrait un message d'on ne sais où, qui me dirait le moment venu, quoi faire, comment et pourquoi le faire. Et je prenais pas mal de choses au pied de la lettre. Je n'étais déjà pas très intelligente : je pensais que vers 18-20 ans, je deviendrais brusquement quelqu'un d'autre, une adulte portée vers son avenir, avec la maturité et la sérénité nécessaire à l'accomplissement de ce long chemin qu'est la vie.

Mais non. Il n'y a jamais eu de message descendu des nuages, il n'y jamais eu cette transformation d'une enfant en une adulte accomplie. Il y a juste la même personne encore assez lucide pour comprendre que chaque moment qu'elle vivait, qui se terminait, était un morceau d'elle qui lui était arraché.

Je n'aime pas le temps tel qu'on en a conscience, c'est-à-dire le temps linéaire, l'abscisse terne et trop simple. Je préfère m'accrocher à l'idée que le temps possède plusieurs dimensions. Je suis cataloguée comme littéraire (malgré mon amour des fautes d'orthographe...) mais les sciences physiques m'ont toujours attirés. L'étude de la physique est comme celle de la philosophie : un facteur essentiel de la construction de l'âme humaine.

Le temps m'échappe, il file entre mes doigts, et ce qui est passé ne reviendra jamais. J'ai cherché des moyens de me rassurer, de trouver des réponses qui me conviennent. La lecture physique du temps que j'ai pu découvrir chez Einstein, Minkowski ou Planck a pu me donner un peu d'espoir d'un point de vue théorique, mais il n'en restait pas moins que le passé ne revient pas car je ne sais pas dépasser cette dimension linéaire. J'ai longtemps crû qu'en les lisant bien et consciencieusement, je pourrais comprendre ce que ces physiciens démontraient, et alors je serais assez maligne pour sauter dans une autre dimension du temps : quand je vous dis que je ne brillais guère par mon intelligence... Bref, j'ai fini par comprendre qu'en allant plus vite que la lumière j'arriverais à peine à retourner quelques secondes en arrières... Vanité. Je continue à creuser ces théories bien compliquées pour ma petite cervelle, mais en parallèle je me suis intéressée à la notion ésotérique et philosophique  du temps, avec des référents tels que Mircea Eliade, Zénon,René Guénon ou Bertrand Russel. Mais aussi intéressante que soient ces lectures (et franchement elles le sont !), elles ne m'ont jamais apporté la solution immédiate et concrète que j'attends : le moyen de rattraper ma vie dans tous ses moments particuliers qui me sont chers.

Je pensais qu'être adulte c'était accepter de laisser les choses derrières soi, pour ne regarder que devant, ou tout au moins accepter sereinement de ne pas tout maitriser en ce domaine.

Alors j'attendais que ça vienne, la sérénité, le renoncement. Mais le temps se contente de passer, avec lui les moments et les souvenirs, les sentiments, l'amour, la mémoire.

Je ne suis plus aussi angoissée par le temps qu'à 17 ans, mais je reste dépitée par l'idée que je ne peux contrôler le temps. J'aimerais pouvoir sauter allègrement de l'année 1981 à 1992, revenir aujourd'hui et repartir en 1986. Pourquoi les choses se terminent-elles ? Pourquoi ne peut-on revivre éternellement nos moments préférés. Je ne renie pas l'avenir pour autant, parce que le passé a été un moment un avenir qui m'a offert de nouvelles joies.

Je revois mon enfance, des moments d'incroyable insouciance, le soleil dans le jardin de mes parents, ma grand-mère, les oliviers et la colline qui grimpe vers Akbou.

Mon passé c'est le ruisseau qui coulait derrière la maison, les expéditions avec mes cousins dans le verger, comme si c'était une forêt mystérieuse, le sommeil lourd de la sieste quotidienne, les premiers garçons, les lectures d'auteurs inconnus...


Je voudrais qu'il n'y ait que des premières fois qui durent toujours.

 

764px-Godward-In_the_Days_of_Sappho-1904.jpg
J-W Godward - In the days of Sappho

 


Pourquoi les choses doivent-elles se terminer ?


Je voudrais revivre éternellement ces moments, l'enfance, mais aussi les découvertes faites à l'adolescence. Comment ressentir à nouveau le même émerveillement à la première lecture de Boris Vian, la poésie de Saint-John Perse ou Rimbaud. Même les premiers désespoirs me manquent, parce que je sais maintenant qu'ils sont définitifs. La mort de Tess dans le roman de Thomas Hardy, la lâcheté d'Angel Clare ne sont plus à redouter : j'ai eu l'impression de m'enfoncer dans un trou d'eau en terminant cette lecture. La fin d'un moment, encore une fois. Le premier amour, un été aussi tiens, aussi douloureux fut-il un moment, était aussi un instant de découverte de nouveaux sentiments, un brasier qui s'allume malgré soi.

Comment tomber amoureux, aimer la même personne longtemps et longtemps, et renoncer à ce feu de la première fois ?Comment vivre en voulant les deux : garder cet amour le plus longtemps possible, et connaître encore et encore les affres d'une première fois, les regards qui se croisent pour la première fois, les mains qui se touchent enfin, et mon Dieu ce premier baiser qui vient m'exploser le cœur...Revivre cela c'est forcément renoncer à l'amour tranquille, à celui qui dure. Alors il reste les souvenirs si on ne veut pas détruire le présent. Mais comment toucher du doigt ce passé ? Le rappeler à soi par le jeu de la mémoire, aussi intense soit-elle, ne sert qu'à faire monter les larmes aux yeux, car les souvenirs ne sont que le cimetière constant de sa propre vie.

Ce garçon qui me serrait dans ses bras à 17 ans, en me jurant m'aimer toute sa vie, n'existe plus. L'homme qu'il est devenu est un autre que lui. Les arbres du jardin qui nous faisaient des forêts, ne sont plus que des oliviers et des figuiers.

Ma grand-mère est morte il y a quelques années. J'ai pour elle un attachement que l'on imagine facilement. Depuis son décès, je n'ai pas voulu remettre les pieds dans la ville de mon enfance : je ne suis pas allée à l'enterrement, je n'ai toujours pas visité sa tombe, 8 ans plus tard. Je ne peux pas. Si je vois la pierre avec son nom gravé, alors elle sera morte vraiment, et une partie de ma vie emportée avec elle. C'est puéril peut-être ? Je ne sais pas.

Je vous dis tout ça ici, mais sinon, je le garde pour moi : je ne suis qu'une gentille fille marrante, un peu délurée et coquine, intelligente et rationnelle, sûre d'elle. Fantasque mais rassurante. A qui avouer tout ça sans le perdre aussitôt ?


Les choses ne devraient jamais se terminer.


Au fil du temps, je suis devenue de plus en plus matérialiste. Non par avidité ou bête consumérisme, mais par peur. Ce que je peux toucher du doigt continue d'exister. La satisfaction matérielle immédiate offre une certaine sécurité à mon âme, c'est comme un rempart à mes angoisses. Ma personnalité s'est dégradée avec le temps : je me suis mise à moins aimer les être humains, au profit des choses matérielles. Ma nature profonde est plutôt d'aimer les autres d'office, et de les laisser être ce qu'ils sont. Mais tenir aux gens c'est risquer le désespoir de les perdre. Alors un jour, il y a longtemps déjà, j'ai décidé un matin que je serais cynique et misanthrope. Le souci c'est que mon élan naturel me porte à aimer les gens. Je luttais donc avec moi-même pour devenir la plus cynique, la plus détachée, la plus inaccessible des femmes.

Ce n'est pas bon de faire ça, car forcément un jour on arrive à son but et l'on est véritablement désabusée de tout. Je sais à merveille rompre les liens par un simple silence froid et provoquer l'inimité par une arrogance subtilement distillée. Tout plutôt que risquer d'être aimée : au moins je ne connaitrai pas la fin de cet amour ou de cette amitié heureusement évité par mes soins.

Victor Hugo disait que les livres sont des amis froids et sûrs, je leur ai donné toutes mes émotions, mon plaisir, j'y ai trouvé un partage sans fin, un miroir aux multiples facettes pour mon âme. Et je me suis découvert des facultés incroyables au matérialisme immédiat : avec les livres, les chaussures, les vêtements, l'amour des belles choses, quelles qu'elles soient, je me trouvais des repères fixes, des choses à aimer durablement et dont la fin ne dépendrait que de moi. Amère illusion du contrôle de ses émotions. Je ne donnais ma foi et ma vie qu'à quatre personnes. Mais même en renonçant à tous les être humain juste pour être assurée qu'on ne me prendrait jamais ces quatre là, j'ai échoué. Deux d'entre elles connaissent des soucis de santé que je ne peux faire disparaître, et j'ai peur de leur souffrance, de les perdre. Je suis égotique, oui. Je ne pense qu'à ma propre angoisse en fait.

La virtualité m'offrait une chance d'essayer de changer à nouveau, mais dans l'autre sens. Je me dis, sois toi-même, ceux qui t'aimeront sauront pourquoi et toi aussi, ainsi tu ne risque rien. Et surtout, vous qui lisez ces lignes, vous n'existez pas vraiment, je ne risque pas grand-chose à m'attacher à ce qui n'existe déjà pas, et qui ne peut donc se terminer. Mais je n'ai définitivement pas deux sous d'intelligence : même ce qui n'existe pas se joue de moi et cesse simplement, tout comme le reste.


La vie est une traitresse car elle offre et reprend aussitôt


Comment arrêter de vouloir ? Mon dernier vœu serait le renoncement, la fin véritable de tout espoir.

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Ask me no more - Sir Lawrence Alma-Tadema

Commentaires

  • Impressionnant d'humanité une fois encore. Vraiment impressionnant... TRÈS bien écrit.

    Ça m'a donné l'impression de suivre un parcours du combattant à la recherche d'un refuge qu'il sait d'avance ne pas exister. Le fait est qu'au bout du trajet je me demande si tu te souviens encore ce que tu fuyais réellement au départ de cette folle cavale.

    Une chose est certaine, on peut être plusieurs "choses". Se laisser cantonner à une étiquette serait une erreur à mon sens, et, surtout flatter ceux qui n'en ont qu'une, voir pas du tout.

    Alors : Physiques "ou" littéraire ? Mais les deux mon capitaines, et bien plus encore !!

    Vu que je t'avais servis une citation de fond de tiroir pour tes photos, en voici une autre pour ton âme un peu chagrine :

    ************************
    L'espoir, au contraire de ce qu'on croit, équivaut à la résignation. Et vivre, c'est ne pas se résigner.
    ************************
    (Camus)

  • Merci du compliment Ekios :) tu as assez bien résumé cette folle cavale, un genre de chasse au Snark, c'est comme ça que je vois la vie !!
    Bisous :)

  • A la recherche du temps perdu? Il suffit d'une Madeleine pour que les souvenirs se reforment. Quant au refus de la fin, que te dire... Je pense, je crois, que la vie est un eternel recommencement. Chaque jour, je retombe amoureuse et chaque soir j'ai le cœur serre a l'idée de tout ce qui a pu me filer entre les doigts....En direct du RER qui pue!

  • J'aime bien ta philosophie Marion. Dis moi quelle ligne de RER tu prends pour être aussi inspirée ;), pas la B c'est pas possible !!
    Bisous !

  • Tu écris très bien Océane. C'est émouvant ce que tu écris, car c'est très personnel, et ce rapport au temps...
    Je n'étais pas bien plus intelligente, car moi aussi, gamine, j'ai toujours cru qu'à 20/25 ans, je serai une autre, une adulte toute prête. Mais on traine toujours ce qu'on est... adulte ou pas. C'est aussi ça qui fait que le souvenir n'est pas mort. Je pense que les souvenirs vivent. C'est notre coeur qui, en se les remémorant, les rappelle à la vie. C'est naïf, mais c'est ce que je me dis.

  • Merci Dalyna, et toi tu n'es pas naïve, juste sensible et humaine ! Et je t'adore aussi pour ça ! Bisous:)

  • Très bien écrite et documentée ta note. Et encore une fois très personnelle.
    J'ai opté pour une philosophie inverse. Le passé ne m'intéresse plus, l'avenir pas encore. Je vis donc dans le présent. Sans regrets, qui ne servent à rien de toutes manières.

  • Ah ça les regrets ne servent à rien. Mais c'est pas évident de les laisser de côté ! C'est quoi ta recette magique pour y arriver :) ?

  • Océane, je te promets qu'il y a partout des gens qui valent le coup! Je suis comme emanu, je m'éforce de m'ancrer dans le moment présent, et profiter de toutes les petites choses agréables, y compris les sourires des gens. je te bise ma belle!

  • Oui Sylvie, je le pense aussi, et notamment des gens comme toi, sans flatteries aucunes !
    Bisous !

  • Chère Océane, votre réflexion est fort intéressante.
    Ne renoncez pas : il y a une substance de la durée.
    Fouillez par là.

  • Votre réflexion attise ma curiosité ! Dites m'en plus, s'il vous plait !!!

  • hello NJC! il me tarde d'avoir une connexion digne de ce nom pour pouvoir lire tes dernières notes!!! je rame trop, là... (en 40 min, j'ai juste pu lire mes mails et visiter le blog de Manu... et arriver ici...)

    je ne désespère pas... garde bien tout ça au chaud... ;-)

  • Quand je pense que tu surfe avec du 46 kbit en ce moment, je me gondole, sois-en sure :)

  • Le temps est obligatoirement anxiogène puisqu'il ne s'appréhende (pour notre intelligence en tout cas) qu'à partir de sa fin. Alors oui, il y a de quoi angoisser, s'interroger sur ce qu'on fait de ce temps et sur son utilité même. S'inquiéter des fins, n'en accepter aucune. Refuser les proverbes de sage à la con qui incitent à la résignation.
    Se réfugier dans la frivolité. Mais savoir que la futilité ne peut pas rivaliser avec la finalité...

  • Les refuges sont tout ce qu'il reste effectivement. Mais le côté inéluctable de la vie reste frustrant et effrayant.

  • Très beau texte, la lecture que tu fais du temps, des souvenirs et de la vie sont tout simplement superbes !
    la vie est une traitresse, mais tu sauras lui reprendre le meilleur !
    Reste toi même, marrante, un peu délurée et coquine, intelligente et rationnelle, sûre d'elle, c'est comme ça que je t'adore !

  • Merci, tu me flattes :) mais c'est toujours très agréable. Tu as également quelques qualités non négligeable, même si ton point de vue sur le néo-bolivarisme mérite que nous en débattions pour que tu puisses revoir ta position, et adopter la mienne ;)

  • A 34 ans, je suis une autre personne de celle que je voulais être lorsque je me posais la question et que des bribes de réponses m'arrivaient parfois.

    J'avais bâti un plan de carrière personnel et rien ni personne ne pouvait me faire changer de route.

    Et puis, il y a la vie et le temps qui passe.

    Et plus cle temps passe, plus je me dis que je ne regrette pas les décisions que j'ai prises, quelles qu'elles soient et que je ne voudrais jamais retourner dans le passé ne serait-ce que pour changer quelque chose.

    Mais je voudrais que le temps s'arrête, pour que je puisse rester telle que je suis.

  • ça aussi j'y pense, pouvoir à la rigueur choisir une période et y rester éternellement !

  • Si tu savais à quel point ce billet me touche et me parle...
    Le temps est mon pire ennemi.
    Je pensais aussi, enfant, qu'un jour viendrait où je serai sereine, où je serai philosophe. J'attends encore.
    A chaque moment joyeux, j'anticipe la fin, je gâche l'instant. Je veux suspendre le temps.
    Personne n'a compris pourquoi j'ai pleuré une semaine après le mariage. Mais moi je savais. C'était fini. Ce moment magique, ces émotions jamais ressenti, cette joie dans ses yeux, tous les êtres chers réunis, aucun absent. Pas encore.
    Ca ne pourra jamais se reproduire.
    A un moment, dans la soirée, on est venu me dire "envoie le gâteau, il est minuit". J'étais démoralisée. Minuit, déjà ? QUand j'ai réalisé qu'il n'était en fait que onze heures, je me suis mise à rire, soulagée d'avoir grapillé une petite heure. Soulagée d'avoir déjoué le temps.
    Finalement, c'est encore lui qui a gagné.

  • J'ai l'impression de me voir dans tes mots ! j'ose dire que je te comprends parfaitement ! Combien de fois ai-je gâché les choses par anticipation, eue peur de la suite !!!

    Bises :)

  • Hello, je reviens te lire demain, car là tu m'impressionnes et j'ai besoin d'être zen pour lire tout ça à tête reposée ! en tout cas passionnant ton truc.....

  • à ce point ;)

  • Je suis content d'avoir remonté les derniers billets jusqu'à celui-ci, à mon sens beaucoup plus intéressants que les autres frivolités. D'autant plus que c'est intelligemment pensé. Je ne crois pas que j'irai lire d'autres billets, mais celui-ci, je le mets dans un coin pour le relire plus tard.

    Sur le fond, je voudrais donner une petite note d'optimisme (un brin suggérée par Marc LEFRERE peut-être) : C'est du temps que naît l'expérience, l'enrichissement personnel qui permet d'apprécier davantage encore certaines situations/rencontres.

  • Merci des compliments, mais vous êtes un peu radical: on peut être multiple, écrire ce genre de billets, puis sombrer dans un peu de futilité :) Mais merci de votre aimable jugement sur ce texte ci en tout cas !

  • Ton post est magique, comme d'habitude.

    Et comme d'habitude, mes commentaires le sont beaucoup moins.

    Pour preuve, j'ai envie de te dire à quel point je pense à du désodorisant à chiottes quand je vois Nana ...

    Désolée ...

  • Pas grave pour Nana, elle me fait le même effet en général :)

    Et toi t'es trop gentille ma puce :)!

  • Un très beau texte, très touchant, et qui fait écho à des questions que je me posais dernièrement après être tombée sur l'interview d'une actrice (la fille de Catherine Deneuve, j'ai oublié son nom)qui disait que Louis Garrel (ahhhhh!!! : )) lui avait dit que pour être heureux, il fallait savoir renoncer.

    "Renoncer pour être heureux", c'est sûrement d'une très grande sagesse, même si ça m'apparait, pour l'instant, contradictoire.
    Moi, je veux tout: mon présent, mon passé, mon futur, l'éternité?
    (tu m'en voudras pas mais j'ai pas eu le courage d'écouter Nana! :))

  • Pas de souci pour Nana ;-) et merci pour le compliment. Ce genre de questionnement peut durer toute une vie, la réponse n'est as si facile !

  • [quote]Votre réflexion attise ma curiosité ! Dites m'en plus, s'il vous plait !!!

    Ecrit par : Océane | 21.09.2009[/quote]

    Je reviens, un peu par hasard, sur votre billet, et je vois que vous me demandez quelques précisions.

    Eh bien, ce ne sont pas des choses faciles à développer en peu de mots.

    Il y a une substance du temps, disais-je.

    Il y a des choses étonnantes, dont on ne s'aperçoit plus tant elles sont quotidiennes.

    Par exemple, comment se fait-il que la seconde qui vient de s'écouler (et tout le monde qui existait à cette seconde et qui vient de disparaître) est suivi d'une autre qui contient à nouveau tout un monde? Et surtout comment se fait-il que ce nouveau monde ne soit pas n'importe lequel, mais un monde cohérent avec le précédent? Pourquoi la cohérence plutôt que le chaos?

    Dans l'espace, deux masses qui existent simultanément exercent une influence l'une sur l'autre : c'est compréhensible, c'est entre deux réalités qui existent au même moment dans le même espace.

    Mais, dans le temps, le passé influence le présent comme le présent influence l'avenir : pourtant l'espace passé a disparu à l'instant où l'espace présent est là. Ces réalités qui s'influencent n'existent donc pas dans le même espace ni au même moment.

    Non, le seul point commun : c'est qu'il appartienne au même déroulement temporel.

    Quelle étrange chose!

    A croire qu'il existe comme une réalité propre du temps qui unifie l'ensemble, qui "emmagasine" le passé, mais le cache à notre vue, et étoffe ainsi, invisiblement, l'épaisseur du présent.

  • Je vais étudier tout ça plus posément. C'est intéressant comme remarque, et c'est vrai que l'observation nous y amène. Mais y a-t-il des réponses ??

  • Intéressant Marc, mais savez-vous ce que les physiciens comme Einstein entendent par "continuum espace-temps" ? Un bon début est le diagramme de Minkowski.

    "Mais, dans le temps, le passé influence le présent comme le présent influence l'avenir : pourtant l'espace passé a disparu à l'instant où l'espace présent est là."

    c'est notre perception, mais la physique quantique dit autre chose.

    "Ces réalités qui s'influencent n'existent donc pas dans le même espace ni au même moment."

    Il n'existe pas d'espace ni de temps en dehors de l'énergie-matière qui les occupe. Les coordonnées d'espace et de temps sont relatives au référentiel. Les transformations d'un jeu de coordonnées à l'autre déterminent la relation relativiste d'un corps de référence à l'autre, mais n'ont rien d'absolu.

    J'arrête, je suis chiant.

  • Non, tu n'es pas chiant, mais entre ta réponse et celle de Marc, j'ai de quoi cogiter un bon moment !!!

  • Chère Océane,
    Vous écrivez dans votre billet :"Mais aussi intéressante que soient ces lectures (et franchement elles le sont !), elles ne m'ont jamais apporté la solution immédiate et concrète que j'attends : le moyen de rattraper ma vie dans tous ses moments particuliers qui me sont chers."

    Si c'est une solution immédiate que vous cherchez, vous n'en trouverez pas.

    Mais, pour le reste : il ne faut jamais cesser de le chercher de tout son cœur.

    Ensuite, si je peux m'autoriser d'un conseil : clarifiez bien ce que vous voulez trouver.
    Mieux on sait ce que l'on cherche, mieux on peut le dénicher ici ou là!

  • J'y réfléchis sans cesse :)

  • A propos du temps, je vous conseille, chère Océane, d'écouter l'émission "à voix nue" du 21/10/09, dont l'invité est Etienne Klein; et notamment à partir de 12mn20.
    Même si je ne suis pas tout à fait satisfait de la définition qu'il donne du temps au début, il y a à ce moment là quelque chose qui se rapproche de la "substance" du temps dont je vous parlais.

  • J'ai oublié de préciser que c'est une émission de France Culture.

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