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L'amour est une brève épilepsie disait Paul Valéry...

Parfois on se pose pour réfléchir (hum) et on fait des edit à nos propres pensées.  On change, mais quelques certitudes restent bien ancrées. Je continue de penser, avec le temps, qu'on aime les gens non pour ce qu'ils sont mais pour des raisons qui ne tiennent qu'à nous.

L'amour est au centre de la vie, simplement parce qu'on côtoie les gens et que tant qu'à faire, essayons de les apprécier. Je mets sous le vocable amour cette espèce de coup de cœur qui nous pousse vers une personne, homme ou femme, qui nous fait apprécier son être entier, son caractère, ses pensées, ses bêtises comme ses plus belles fulgurances. L'amour, l'amitié c'est pareil au début. Et ce début est génial, merveilleux. Regarder cette personne et ne voir en elle que l'appréciable, le beau, et même le laid on lui pardonne, après tout qui peut se targuer de perfection ?

On apprécie ce qui chante à notre âme et à notre cœur : l'amour nait d'abord de la validation d'une rencontre par nos critères intérieurs. On aime une personne par ces raisons qui ne tiennent qu'à nous. C'est une alchimie secrète, un mystère qui permet la réalisation du grand œuvre. Vous connaissez les étapes du Grand œuvre qui permettent la réalisation de la Pierre Philosophale : l'œuvre au noir, l'œuvre au blanc, l'œuvre au jaune et l'œuvre au rouge. Si j'osais, je rajouterais ce romantique et niaiseux œuvre au rose : la savante transformation qui s'opère en nous pour aboutir à l'Amour.

L'Amour dans le couple peut durer longtemps comme ça, si l'on laisse simplement s'opérer et accepter l'alchimie naturelle : ainsi on aime l'autre pour ce qu'il correspond à notre propre formule magique. Mais ça n'est jamais si simple. Pourquoi se met-on toujours, souvent, parfois, en situation d'interpréter ce qu'est réellement l'autre au risque de la déception. Plus généralement on apprécie une globalité en espérant que les détails inadéquats resteront des détails surmontables, voire transformables. Parfois même, fous que nous sommes, on aime ce que l'on déteste car c'est un sentiment plus puissant qui nous gouverne.

Alors c'est quoi ce truc ? Oui je dis truc parce que je ne comprends vraiment pas ce dont il s'agit. Je ne parle que pour ma propre expérience bien sûr, et peut-être manqué-je de sensibilité ou de compréhension ? La constatation que je fais est simple : je sais ce qu'est l'amour-amitié qui me fait aimer les gens sans sous catégories autre que celles énoncées précédemment : ceux que j'aime et les autres. Je sais aussi ce qu'est l'appréciation du plaisir sexuel. Ce sont là 2 choses bien distinctes. Tant que j'opère cette distinction tout va bien. Cela souffre même d'aller jusqu'à coucher essentiellement avec des personnes que j'admire, apprécie, trouve intelligent, touchant, sensible etc. etc....

Et puis un moment, fatalitas, viens se nicher dans le cœur ce truc bizarre, qui vient le plisser, le pincer, l'alourdir et l'alléger tout autant. Et ce garçon qu'on trouvait drôle, intelligent, spirituel, tendre, caustique et amusant, désirable et mystérieux, devient soudain essentiel et indispensable au repos de notre cœur. C'est ce truc que je ne comprends pas, que je ne sais pas contrôler. On aborde là les rivages de la possession, de l'exclusivité et de l'inquiétude aussi. Qu'est ce qui fait que l'alchimie trouve à franchir une étape supplémentaire, moins confortable que la situation précédente ? Disons que tant que tout va bien, tout va bien. Mais comme nous avons affaire à 2 personnes distinctes, nous aurons aussi 2 effets distincts de cette alchimie au fil du temps. Il y en a toujours un qui est plus « transformé » que l'autre, un qui aime plus, un qui s'inquiète plus.

Il parait que non, en fait, que tout est une question de rationalisation et de décision personnelle. Faire comme dit Saint-Exupéry et comprendre qu'aimer c'est juste regarder ensemble dans la même direction. Le reste n'est pas l'amour alors ? Et puis même si on ne se pose pas ces questions oiseuses pendant des années et des années, pourquoi un jour peut survenir la fin d'une alchimie ? La transmutation est donc permanente et puis un jour les 2 formules ne se conviennent plus ? Quel est le secret de l'Amour : passer sa vie à rationaliser des sentiments ?

Je ne sais pas. Par contre j'ai une certitude : sans aimer le drame, la vie ne serait rien sans les soubresauts du cœur. La passion, l'inquiétude, l'envie irrépressible, le besoin vital de l'autre, ces petits papillons à la con qui viennent vous manger le ventre, c'est une drogue, la plus addictive qui soit. C'est comme vouloir se brûler soi-même à ce brasier, de manière consentie et envieuse. Quitte à entendre un jour les mots définitifs du désamour, du détachement et de la rancœur.

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Commentaires

  • C'est joliment dit et tellement vrai. Très joli billet, merci Océane.

  • un billet très bien écrit !!! Merci Océane

  • Beau texte, et tellement vrai...
    Pour moi, ce n'est pas cet amour-là qui est incompréhensible, mais l'amour familial, qui fait qu'on aime des gens juste parce qu'on est lié à eux par le sang, alors qu'on n'a aucun point commun avec eux. Et que s'ils n'étaient pas de la famille, on les regarderait même pas (pire, on pourrait pas les blairer). Ca, pour moi, c'est le top de l'étrange...

  • Ce "truc" est un feuilleté de calques et de replis nombreux, dont l'un ou l'autre vient selon les circonstances imposer son évidence plus ou moins trompeuse (la partie n'est jamais le tout).
    Avec l'âge une vertu s'impose, parce qu'elle résume tout : la bienveillance.

  • Un joli texte pour un vaste sujet... moi je n'essaie pas de le comprendre, juste de le vivre...

  • Belles et intéressantes réflexions sur le sujet qui fait sûrement le plus couler d'encre dans toute l'histoire de l'écrit... J'essaie de ne pas trop me poser de questions mais c'est fascinant les coins et les recoins de notre coeur...

  • Définition forte de l'amour qui sucite tant d'interrogations en moi...

  • J’espère surtout que c'est un peu plus qu'une 'brève' épilepsie !
    Comment vivre sans ? Parfois, j'aimerais bien trouver la réponse ... j'en sortirais peut être le coeur allégé !

  • Oh c'est trop étrange ce truc, moi aussi j'ai craqué pour Amiel avec sa version des Mots Bleus. Pourtant je regardais pas l'émission (ma petite sœur la suivait et me l'avait montrée). Je trouve ça dingue de voir que toi aussi tu l'aimes beaucoup.

    Mais plus que moi apparemment ! J'avoue je n'ai pas du tout suivi sa carrière, je n'ai jamais écouté ses albums, sauf une chanson (sur l'être disparu, de là-haut ?) je trouve juste sa voix magnifique.

    Et je ne suis pas du tout fan des comédies musicales (enfin, j'ai vu une comédie à Broadway et là j'avais aimé, Cats), en fait j'ai du mal avec les comédies musicales françaises, un peu trop "kitch" à mon goût et je n'aime pas Pascal Obispo. Mais j'arrête là car je ne l'ai pas vue, donc il faut goûter avant de juger, non ?

    Ainsi j'attends ton billet avec impatience !

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