À l’occasion de cette reprise d’écriture sur le blog, j’avais envie de partager avec vous des lectures, de cet été, puis de l’automne, et puis s’est imposé l’idée de simplement partager chaque jour de l’Avent un auteur que j’apprécie particulièrement.
La semaine dernière, Dan Fante nous a quitté, au terme d’une vie entre lumière et bas-fonds. J’aime les auteurs qui écrivent avec leur sang, si j’ose cette métaphore un peu bas de gamme. Mais le fait est que les mots de Dan Fante nous plongent dans un univers de misère, d’alcool, de fuites et d’errances lunatiques. Dan Fante s’est placé sous le parrainage de trois grands auteurs : son père John Fante, Hubert Selby Jr et Charles Bukowski. J’ai souvent mis en parallèle Selby et Dan Fante, dans mon paradis personnel, tant ils me renvoient chacun une image à la fois solaire et violemment sombre de l’Amérique.
J’arrête là les comparaisons oiseuses, le plus important c’est de lire, n’est-ce pas ?
Alors pour cette première case d’Avent littéraire, j’aimerai relire avec vous ces quelques vers de Dan Fante :
Pendant des années
j'ai versé du bourbon dans ma tête
pour tuer les voix
Mais vint le temps où j'ai dû lâcher la gnôle
ou rendre mon passeport
Des jours ca allait si mal
que je devais remballer mes affaires dès le matin
dire que j'étais malade
et quitter mon poste de télé-vendeur
trente secondes avant de tuer quelqu'un
Je passais prendre deux Big Mac et louer deux pornos
je rentrais
tirais les rideaux
et me branlais dans du steak haché
pour étouffer le bruit
Il me fallait des heures de télé et des romans de 800 pages sans
répondre au téléphone
pendant des jours
sans me raser ni laver une assiette
ni changer de slip
juste pour garde la tête hors de l'eau
Aujourd'hui
je vais mieux
j'ai changé pour Burger King
A la fin il y en a marre
d'expliquer
les gens te voient comme tu es ou pas
pourquoi se crever à décrire le brouillard sur Venice
ou la passion des sublimes Chevrolet 1957
-ça intéresse qui?-
soit tu es branché brouillard et Chevrolet soit pas
Pour moi, la magie tient à la vie elle-même
au cadeau immérité
d'être ici présent
de foncer tête baissée contre les murs
ou assis dans un fauteuil à m'extasier sur l'origine du souffle
La vie est improvisation - du théâtre - avec billet de faveur -
imprévisible
horrible
grotesque
absurde
brutale
précieuse
et
romantique
une aventure
Je sais que je ne vaux pas cher - mais je suis ce que je pense
(Tatouage de Dan Fante en hommage à son frère)
Les Poèmes et récits de Dan Fante sont disponibles en poche chez Point et 10/18.
À demain pour la suite.
Commentaires
Bon retour
J'ai (presque tout lu de lui). "Les anges n'ont rien dans les poches" reste mon roman préféré.
Trop aimé John pour pouvoir supporter Dan ; je sais, c'est idiot ; ai toujours pensé qu'il aurait dû choisir un autre nom de plume ; trop d'ambiguïté à garder celui-là ; ambiguïté qui bien sûr le fonde ; sans jamais parvenir, à mon sens, à la déterminer.
je lirais bien ses poèmes, je vais regarder s'ils en ont dans ma bibliothèque de quartier
J'ai tout du père, rien du fils ! J'ai vu ton hommage sur Tumblr, et ces mots me donnent envie de courir l'acheter! Merci merci et très contente de te revoir par ici ma belle !
Je connais le père mais pas le fils ! En revanche, j'adore cette idée d'avent littéraire !
Un auteur à découvrir pour moi...