Quand il s’agit de parler d’amour, mon cœur penche souvent vers Pablo Neruda. Étudiante en fac de Droit, j’avais rencontré un étudiant, espagnol de mémoire, qui en était fou, et qui en parlait souvent, c’est comme ça que je l’ai réellement découvert. Son histoire, qui s’est mêlé à l’histoire du Chili, n’a fait que rajouter à mon attrait pour lui.
Je ne sais pas si vous avez un jour vu ce très joli film de Michael Radford, Il Postino, où Philippe Noiret joue le rôle de Neruda. Ce film est tiré d’un récit intitulé Une Ardente Patience : je trouve que ces termes vont parfaitement à la poésie de Neruda. Il sait comme personne décrire le silence, l’attente, l’envolée vers l’être aimé. Sincèrement, si vous en avez l’occasion, je vous invite à regarder ce film.
En attendant, et dans la suite de mon Avent littéraire, j’aimerais partager avec vous ce poème qui est, je crois, mon favori du recueil Vingt Poèmes d’Amour et une Chanson Désespérée.
Le Puit.
Parfois tu t’enfonces, tu tombes
Dans ton trou de silence,
Dans ton abîme tout d’orgueilleuse colère
Et c’est à peine si tu peux
Revenir, même en lambeaux,
De ce que tu as découvert
Dans la profondeur de ton existence.
Mon amour, que trouves-tu donc
Dans ton puits impénétrable ?
Des algues, des roches, des boues ?
Que voient là-bas tes yeux aveugles
De blessée et de rancunière ?
Ma vie, tu ne trouveras pas
Dans le puits où tu tombes
Ce que je conserve pour toi sur ce sommet :
Un bouquet de jasmin que mouille la rosée,
Un baiser plus profond que ton abîme.
Ne me crains pas, ne tombe pas
Dans la rancune de nouveau.
Secoue ce mot, le mien, qui vint te blesser, puis
Laisse-le s’envoler par la fenêtre ouverte.
Pour me blesser il reviendra
Mais sans être guidé par toi
Et s’il est vrai qu’il fut chargé d’un dur instant
Cet instant par mon cœur sera désamorcé.
Souris-moi radieuse
Si ma bouche te blesse
Je ne suis pas un doux berger
Comme dans les contes de fées,
Je suis un brave bûcheron qui partage avec toi
La terre, le vent, les épines des montagnes.
Aimez-moi, souris-moi,
Aide-moi à être bonté.
Ne te blesse pas à moi car c’est inutile,
Ne me blesse pas moi car alors tu te blesses.
À demain pour la suite, j’espère.
Commentaires
Vous me donnez envie de regarder le film et de relire la centaine d'amour car à l'époque je n'avais pas apprécié vraiment. Je n'ai gardé en tête qu'un seul poème qui m'a marquée
"Aussi simple que l’est ta main, te voici nue"
Et quelque-part, dans un tout autre style j'ai lu et retenu ces quelques mots de lui
"Je veux vivre dans un monde où les êtres soient seulement humains, sans autres titres que celui-ci, sans être obsédés par une règle, par un mot, par une étiquette"