...Confucius est un petit joyeux :)
En un an on change, un peu, la façon de voir la vie, sur ce que l’on peut retirer de ce que l’on voyait comme des tares. Mais il y a des choses qui ne changent pas, comme je le disais hier, des avanies auxquelles on tient.
Je ne suis pas fan de vacances, au sens courant du terme. Je n’aime pas travailler et je préférerais être rentière en mon palais, il va de soi, mais les loisirs, les vacances à dates données ce n’est pas ma tasse de thé. J’ai une notion très personnelle des vacances, un peu chiante aussi, un peu comme moi en fait, pénible et chiante : les vacances maintenant pour moi, c’est une pièce blanche, un lit, quelques bouquins, et l’absence du monde. Je crois que je supprimerais même la radio. Je me contenterais de mes films et séries préférés. Juste 15 jours, ça devrait aller. Mais là je rêve debout. Cette pièce blanche en dehors du monde n’existe pas.
Alors je ferme les volets. Et je me rappelle les vacances d’avant…. Tu sais, je t’en avais déjà parlé….
C'était pas l'année dernière
c'était pas à Marienbad
comment voulez-vous que je m'en rappelle
à force de l'attendre
je ne savais plus qui l' attendait
Le temps est un traître de cape et d'épée
qui vous glisse sa poudre d'oubli
dans votre coca
Faudrait pouvoir choisir son film
j'n'avais plus qu'à me barricader
dans la p'tite maison
près du lac
avec le canoë rose, à deux places
qui flotterait, comme ça
pour personne
Fermer les volets
et ne plus changer l'eau des fleurs
oublier qui tu étais
ne plus jamais avoir peur
Se dire qu'on était pas
vraiment faite pour le rôle
Pleurer plus que le saule
Plonger sous les draps
et ne plus jamais remonter
dormir sur le pont du galion
qui s'est laissé couler
parce qu'il t'a connu
une de plus à t'aimer
Le soleil essaie de se glisser
par le store vénitien
c'est pas lui qui m'f'ra lever
je commençais une longue nuit
j'ai pas l'intention de demander le réveil
je regarde les photos qu'il à prise de moi
j'en ai aucune de lui
il s'est jamais laissé prendre
Le vent fait grincer le canoë rose, à deux places
Il servira, peut être, pour un autre film
Dans la maison familiale des vacances tout le monde dort.
Je suis allongée, dans la pénombre des volets clos, la douce torpeur de l'après midi, la sieste endormait toute la maisonnée dès 15h00.
Plus jamais je ne ressentirai ce total abandon, l'absence de toute crainte, juste le bonheur d'être là.
Quand on arrivait, ma première pensée était tournée vers ma grand-mère, et quelle que soit l'heure de notre arrivée, je courais vers la maison, vers ses bras, la chercher pour la ramener chez nous. Un lien très fort nous attachait toutes les deux. Je suis née en Algérie au milieu des années 70. Mon père était déjà parti vivre et travailler en France, mais ma mère ainsi que mon frère aîné et moi, nous étions restés dans notre petite ville de Kabylie, en attendant de le rejoindre. Alors ma grand-mère était très présente pour nous. Ça n'a jamais cessé jusqu'à sa mort, il y a 9 ans.
Jusqu'à mes 18 ans, les vacances, ou au moins une bonne partie, c'était retrouver ce cadre familial et amical. Le soleil surtout. Tellement présent et chaud, il rythmait la journée.
J'ai eu de très bons moments et de moins bons, mais la mémoire est sélective parfois, et ne retient que les joies passées.
Je pourrais mettre encore quelques paragraphes pour te raconter cette époque formidable, mais pas aujourd'hui. Je n'ai pas l'inspiration. Je me rappelle encore pourquoi je ne revivrai plus ces moments. D'abord on grandit tous, on perd nos amis, ils s'éparpillent loin de l'îlot central du début. Et puis les gens meurent aussi. Parfois à tout jamais.
Les vacances c'est l'enfance insouciante, les petits déjeuners bruyants, les départs agités pour la plage, les caprices pour une glace, une autre encore, la petite sortie en barque, pas trop loin du bord (j'étais peureuse...) Et puis surtout la Méditerranée. La crique à Bejaïa, avec seulement ma cousine, nos petits copains et moi, marcher sur les rochers glissants, les garçons qui plongent la tête sous l'eau pour fanfaronner... Et le soleil qui tape sur l'eau bleue.
L'après midi, reprendre le chemin de la maison pour la sieste, que je faisais toujours en écoutant la radio, RMC ou Alger Chaîne 3 la station francophone.
Dans la pénombre l'atmosphère est unique : le véritable sens de la tranquillité est resté là, coincé à cette époque.
Au bord du saule, comme dans la chanson de Viktor Lazlo, avec Lui. Mais il s'est jamais laissé prendre...
Ceci est une petite participation au thème des vacances, évoqué par Maman@home !