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jules supervielle

  • Jules Supervielle - Avent #7

    Poursuivons cet Avent littéraire avec un poète, encore, oui je sais.

    De Jules Supervielle, je ne connaissais au début que ses nouvelles presque surréalistes. Je me rappelle comme si c’était hier (et c’est loin d’être le cas…), de la première fois où j’ai lu L’Enfant De La Haute Mer, en classe de primaire, suite à une dictée ou quelque exercice de ce genre. Par la suite j’avais emprunté le recueil de nouvelles au CDI, et bien plus tard j’ai découvert ses poèmes.

    Contrairement aux nouvelles, la poésie de Supervielle ne s’inscrit pas dans le Surréalisme. On y retrouve la fragilité, la douceur, une élégance de chevalier d’un autre temps. Est-ce de n’avoir pas connu ses parents, morts dans sa très jeune enfance ; est-ce d’être de deux patries, et donc du monde, la poésie de Supervielle est de celle qui trace un chemin vers le cœur, discrètement mais pour longtemps.

    De manière tout à fait personnelle, et peut-être à cause de L’Enfant De La Haute Mer, Jules Supervielle est pour moi le poète de l’océan, des rivages et des voyages imaginaires. Mais ce serait vain et réducteur de vouloir l’assigner quelque part. Supervielle est un poète, et comme tous les poètes : le messager universel de la beauté et des sentiments humains.

     

    Puisque nos battements

    S'espacent davantage,

    Que nos cœurs nous échappent

    Dans notre propre corps,

    Viens, entr'ouvre la porte,

    Juste assez pour que passe

    Ce qu'il faut d'espérance

    Pour ne pas succomber.

    Ne crains pas de laisser

    Entrer aussi la mort,

    Elle aime mieux passer

    Par les portes fermées.

     

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    Lettre à l'étoile

     

    Tu es de celles qui savent

    Lire par dessus l'épaule

    Je n'ai même pas besoin

    Pour toi, de chercher mes mots,

    Depuis longtemps ils attendent,

    A l'ombre de mon silence

    Derrière les lèvres closes

    Et les distances moroses

    A force d'être si grandes.

    Mais, vois, rien ne les dénonce,

    Nous ne sommes séparés

    Par fleuves ni par montagnes,

    Ni par un bout de campagne,

    Ni par un seul grain de blé.

    Rien n'arrête mon regard

    Qui te trouve dans ton gîte

    Plus vite que la lumière

    Ne descend du haut du ciel

    Et tu peux me reconnaître

    A la luisante pensée

    Qui parmi tant d'autres hommes

    Élève à toi toute droite

    Sa perspicace fumée.

    Mais c'est le jour que je t'aime

    Quand tu doutes de ta vie

    Et que tu te réfugies

    Aux profondeurs de moi-même

    Comme dans une autre nuit

    Moins froide, moins inhumaine.

    Ah sans doute me trompé-je

    Et vois-je mal ce qui est.

    Tu n'auras jamais douté,

    Toi si fixe et résistante

    Et brillante de durée,

    Sans nul besoin de refuge

    Lorsque le voile du jour

    A mon regard t'a célée,

    Toi, si hautaine et distraite,

    Dès que le jour est tombé

    Et moi qui viens et qui vais

    D'une allure passagère

    Sur des jambes inquiètes,

    Tous les deux faits d'une étoffe

    Cruellement différente

    Qui me fait baisser la tête

    Et m'enferme dans ma chambre.

    Mais tu as tort de sourire

    Car je n'en ai nulle envie,

    Tu devrais pourtant comprendre

    Puisque tu es mon amie.

     

     

    À demain.