Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Jules Supervielle - Avent #7

Poursuivons cet Avent littéraire avec un poète, encore, oui je sais.

De Jules Supervielle, je ne connaissais au début que ses nouvelles presque surréalistes. Je me rappelle comme si c’était hier (et c’est loin d’être le cas…), de la première fois où j’ai lu L’Enfant De La Haute Mer, en classe de primaire, suite à une dictée ou quelque exercice de ce genre. Par la suite j’avais emprunté le recueil de nouvelles au CDI, et bien plus tard j’ai découvert ses poèmes.

Contrairement aux nouvelles, la poésie de Supervielle ne s’inscrit pas dans le Surréalisme. On y retrouve la fragilité, la douceur, une élégance de chevalier d’un autre temps. Est-ce de n’avoir pas connu ses parents, morts dans sa très jeune enfance ; est-ce d’être de deux patries, et donc du monde, la poésie de Supervielle est de celle qui trace un chemin vers le cœur, discrètement mais pour longtemps.

De manière tout à fait personnelle, et peut-être à cause de L’Enfant De La Haute Mer, Jules Supervielle est pour moi le poète de l’océan, des rivages et des voyages imaginaires. Mais ce serait vain et réducteur de vouloir l’assigner quelque part. Supervielle est un poète, et comme tous les poètes : le messager universel de la beauté et des sentiments humains.

 

Puisque nos battements

S'espacent davantage,

Que nos cœurs nous échappent

Dans notre propre corps,

Viens, entr'ouvre la porte,

Juste assez pour que passe

Ce qu'il faut d'espérance

Pour ne pas succomber.

Ne crains pas de laisser

Entrer aussi la mort,

Elle aime mieux passer

Par les portes fermées.

 

IMG_1694.JPG

Lettre à l'étoile

 

Tu es de celles qui savent

Lire par dessus l'épaule

Je n'ai même pas besoin

Pour toi, de chercher mes mots,

Depuis longtemps ils attendent,

A l'ombre de mon silence

Derrière les lèvres closes

Et les distances moroses

A force d'être si grandes.

Mais, vois, rien ne les dénonce,

Nous ne sommes séparés

Par fleuves ni par montagnes,

Ni par un bout de campagne,

Ni par un seul grain de blé.

Rien n'arrête mon regard

Qui te trouve dans ton gîte

Plus vite que la lumière

Ne descend du haut du ciel

Et tu peux me reconnaître

A la luisante pensée

Qui parmi tant d'autres hommes

Élève à toi toute droite

Sa perspicace fumée.

Mais c'est le jour que je t'aime

Quand tu doutes de ta vie

Et que tu te réfugies

Aux profondeurs de moi-même

Comme dans une autre nuit

Moins froide, moins inhumaine.

Ah sans doute me trompé-je

Et vois-je mal ce qui est.

Tu n'auras jamais douté,

Toi si fixe et résistante

Et brillante de durée,

Sans nul besoin de refuge

Lorsque le voile du jour

A mon regard t'a célée,

Toi, si hautaine et distraite,

Dès que le jour est tombé

Et moi qui viens et qui vais

D'une allure passagère

Sur des jambes inquiètes,

Tous les deux faits d'une étoffe

Cruellement différente

Qui me fait baisser la tête

Et m'enferme dans ma chambre.

Mais tu as tort de sourire

Car je n'en ai nulle envie,

Tu devrais pourtant comprendre

Puisque tu es mon amie.

 

 

À demain.

Commentaires

  • Je connais surtout ses nouvelles mais je ne suis pas très sensible à son écriture...

Les commentaires sont fermés.