L’ennui, un mot profondément déprimant et stimulant à la fois. L’ennui, un état que je crains et cherche depuis toute petite. Un état que Dolto recommandait aux parents de ne pas craindre pour leurs enfants, tant il peut stimuler l’imagination.
L’ennui, un roman de Moravia, puis un film qui m’a surpris, enfin, tant est qu’on puisse parler de surprise quand il s’agissait surtout de confirmer (des craintes ? des espoirs ? encore une fois les deux…)
Oui, la vie est une sorte de promenade, souvent très proche de la vacuité, ponctuée de quelques moments de grâce, si rares, si précieux. Qu’est-ce qui donne sa saveur, son prix, à cette promenade ? Uniquement ce que l’on cherche à atteindre, pas forcément ce que l’on touche du doigt dès l’instant. Enfin, certains pensent comme cela. Non il ne s’agit pas de penser, d’avoir une opinion sur la manière de traverser la vie. Non. L’ennui, comme toute vérité, vous prend sans consentement, vous habite et conduit chacun de vos mouvements et absence de mouvements.
L’ennui me pousse parfois à faire des choses curieuses, audacieuses, ridicules ou sages ou merveilleuses. L’ennui trop souvent conduit à réfléchir sa vie, à l’observer du dehors, en se demandant comment la rendre plus curieuse, audacieuse, ridicule sage ou merveilleuse…
L’ennui est un ami-ennemi, le plus fidèle, le plus précieux, le plus compréhensif.
Ce jour anniversaire de la mort d’Alberto Moravia, je voulais le remercier pour l’Ennui.