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Les films

  • Jour J - Reem Kherici (avis et concours)

    Tu ne le sais peut-être pas, mais j’ai développé un amour excessif pour Julia Piaton depuis la première fois que je l’ai vue dans un film. J’aime la douceur qui se dégage de son visage, sa sensibilité d’actrice et bordel qu’est-ce qu’elle ressemble à Meryl Streep et à ses filles ! Vous ne trouvez pas ?

    Rassurez-vous, je ne vais pas vous pondre une ode à Julia Piaton (quoique je suis à deux doigts de…) mais je vais vous parler d’une très jolie comédie, Jour J, avec à l’affiche donc Julia graou Piaton, Reem Kherici, Nicolas Duvauchelle, François-Xavier Demaison, Chantal Lauby, Lionnel Astier et une pléiade d’acteurs qu’on aime.

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    Le pitch, simple et efficace, met en scène Mathias (Nicolas Duvauchelle) en couple avec Alexia (Julia Piaton). Un soir, Mathias fera une infidélité à Alexia, en couchant avec Juliette (Reem Kherici). Coup d’un soir qui deviendra source de faux-semblants et de scènes de marivaudages assez croustillantes. En effet la légitime jouée par Julia Piaton découvre dans la poche de Mathias la carte de visite de Juliette, qui est… organisatrice de mariage ! Alexia y verra la volonté de Mathias de l’épouser, et ce dernier au lieu de la détromper lui laisse croire que le Jour J se prépare pour elle : quiproquo père de tous les quiproquos. Le mariage se prépare donc, avec la fiancée et la maîtresse d’un soir, et le cœur de Mathias qui bat de l’une à l’autre.

    Gentil marivaudage donc, qui nous offre une comédie parfaite pour ce printemps, fraîche et enlevée : un bon moment à passer.

    Pour fêter la sortie du film le 26 avril, j’ai la possibilité de vous faire gagner quelques petits cadeaux.

    Il y a donc trois lots en jeux, en partenariat avec Birchbox, qui a décidé de nous gâter, comme un jour J ❤❤❤ . Chaque lot compte deux places pour aller voir le film, et une adorable pochette brodée contenant un « Crème Rouge Cheek & Lips » de la marque ModelCo, full size (Crème 2-en-1, à la fois blush et rouge à lèvre) et un flacon de serum cheveux « Tea Tree -  Oil Tea Tree Serum » de la marque CHI, format travel (15ml).

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    Elle est pas ravissante cette pochette Birchbox ❤❤❤ !

    Pour participer, très simple : dites-moi en commentaire sous ce billet, ou bien sous le post Instagram dédié, ce qui pourrait vous plaire dans ce film. (Moi c’est Julia Piaton mais vous avez compris je crois !)

    Je choisirai deux gagnants sur le blog et un gagnant sur Instagram.

    Merci de me suivre sur Facebook ou Instagram (mais ce n’est pas obligatoire)

    La page Facebook de Jour J pour voir toute l’actu du film.

     

     

    Concours ouvert jusqu’au 22 avril à minuit !

     

    EDIT du 23 avril : les gagnants.

    Parmi les commentateurs du blog : Nipette et Aurelnpsy

    Parmi les commentateurs Instagram : Anna_e_

     

    Merci de me faire parvenir vos coordonnées asap !

     

    Pour les autres participants : un autre concours bientôt, l'occasion de retenter votre chance. Merci à tous pour votre participation.

  • Tamara - Alexandre Castagnetti

    Parmi les bandes dessinées qui circulent à la maison, il y a Tamara, production franco-belge, qu’il m’arrive de piquer à mon fils (hélas, je pense trop rarement à lire de la bande dessinée, et le plus souvent j’emprunte à mon fils.)

    Tamara est une ado comme les autres, qui vit avec sa mère et le compagnon de celle-ci, un musicien brésilien, ainsi que la fille de ce dernier. Tamara est comme tous les ados, ou, si ce n’est qu’elle traine quelques kilos en trop, dont le poids est encore augmenté par les complexes et les moqueries engendrés.

    Tamara n’est pas pour autant une petite chose fragile et effacée, c’est une fille qui a du caractère, une langue acérée quand il faut et des envies de grand amour.

    C’est cette héroïne qu’on retrouve à l’écran, sous les jolis traits d’Héloïse Martin, dans le gros pull rouge que les lecteurs de la BD n’auront aucun mal à reconnaître.

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    Tamara n’est pas franchement bien dans sa peau : la faute aux kilos en trop, certes, mais surtout à la méchanceté et aux remarques cruelles de ses camarades. Pour autant, elle ne se résigne pas et répond avec ironie et ne se laisse pas faire. Elle peut compter sur le soutien de sa meilleure amie, Jelilah, jouée à l’écran par Oulaya Amamra (future Césarisée pour son rôle dans Divines)

    Tamara tombe amoureuse d’un nouvel élève, et fera tout pour le faire succomber. Elle peut compter sur l’aide de Jelilah pour l’aider à traverser les obstacles de sa vie d’ado complexée, les histoires de familles, les plans qui ne se passent jamais exactement comme on le souhaite, les rivalités entre amis, et les malentendus.

    C’est une comédie familiale, au meilleur sens du terme : riche en émotions, drôle, réaliste et joyeuse malgré tout. Je l’ai regardé avec mon fils de douze ans, lecteur de la bande dessinée, qui a bien aimé, qui a ri à de nombreuses reprises, de ce rire franc qui ne s’arrête pas (et que j’adore entendre !).

    C’est une comédie moderne, dans l’air du temps (qui convoque Facebook, les smartphones, et toutes les situations comiques que cela peut générer), et qui joue avec talent sur le décalage parents/enfants. Des points de vue différents, des peurs et des désirs qui s’opposent parfois, mais rien que l’amour d’un parent ne peut surmonter.

    Bref, un vrai divertissement familial, qui peut même susciter la discussion après coup avec son ado, sur la vie à l’école, les amourettes, les peurs, et tout ce qui peut leur traverser la tête.

    À voir, en famille !

     

    Tamara – Réalisation de Alexandre Castagnetti

    Disponible en VoD

  • Patients - Grand Corps Malade et Mehdi Idir - Chronique et concours

    Patients est le premier long métrage de Grand Corps Malade et Mehdi Idir. Ils ont également quelques courts-métrages dont des clips du célèbre slammer en collaboration à leur actif. Une des dernières avant-premières proposées se passait dans les locaux de Gaumont à Neuilly et nous avons eu la chance que les deux réalisateurs se déplacent en compagnie de l’acteur principal Pablo Pauly.

    Le film est une adaptation du roman plus ou moins autobiographique de Grand Corps Malade. Le film se déroule entre le réveil de Benjamin (Grand Corps Malade s’appelle Fabien) au service de réanimation et sa première apparition « en dehors » pour la finale du championnat de basket-ball jouée par l’équipe de Saint-Denis dont il était membre. J’ai en effet pu reconnaître la salle Delaune et le conseiller départemental Bally Bagayoko qui interprétait l’arbitre.

    Entre les deux, « Ben » a passé une année complète au centre de rééducation Coubert en Seine-et-Marne. A son réveil après transfert, il rencontre d’abord Jean-Marie (Alban Ivanov), aide-soignant de l’équipe du matin. Le premier abord est délicat, Jean-Marie parlant aux patients à la troisième personne, un tic médical immortalisé en son temps dans un sketch des Inconnus.

    Le centre accueille des brûlés, que l’on verra peu, des traumatisés crâniens dont Samir, joué par un ami des réalisateurs, véritable « TC » mais sans les mêmes problèmes moteurs. Samir a d’ailleurs une mémoire à long terme déficiente et appellera Ben Julien à chaque nouvelle rencontre.

    Mais le film est centré sur les handicapés moteurs. Ben (donc Pablo Pauly) a 20 ans, le film va nous tourner autour des jeunes pensionnaires, qui sont d’ailleurs les plus nombreux. Ceci s’explique car ils sont les plus susceptibles de progresser. Les garçons sont plus nombreux – ils prennent plus de risques. La grande question qui agite les pensionnaires, à laquelle les réalisateurs disent ne pas avoir la réponse, est celle du milieu social : il n’y a que des personnes de milieu populaire. Cela fait bouillir de colère Steve (Franck Falise, qui est né pour exprimer la frustration et la colère à l’écran) qui ne comprend pas pourquoi les bourgeois n’ont jamais d’accident. J’ai bien une suggestion – sans preuve - : les hôpitaux choisissent les centres d’aval en fonction du domicile des patients. Il est même probable que ceux qui en ont les moyens peuvent s’orienter vers des centres privés haut de gamme.

    Tous les handicaps moteurs sont représentés. Farid (Soufiane Guerrab) est paraplégique depuis l’âge de quatre ans. Toussaint (Moussa Mansaly) est tétraplégique complet suite à un accident de voiture. On apprend qu’il n’a pas connu ses parents, a toujours été seul dans la vie, a créé sa propre entreprise. Juste au moment où tout allait bien pour lui, il a eu cet accident. A un moment du film, Toussaint est transféré en foyer pour handicapés car il ne progresse plus. On ne le reverra plus. Ben apprend par son kinésithérapeute que Toussaint a fait un infarctus mortel. « Ne plus progresser », c’est la fin de l’espoir, qui est assimilé à la mort. C’est pour cela que le médecin du centre (Dominique Blanc) et Farid font comprendre à Ben qu’il doit changer d’espoir. On a du mal à y croire mais Ben a réellement cru pouvoir rejouer au basket en compétition valide. (Il existe cependant des compétitions handisport, ce dont le film ne parle pas, mais peu adaptées aux handicaps du haut du corps).

     

    Ben est tétraplégique incomplet. Au début du film, il ne bouge presque pas. Contrairement à Toussaint cependant, ses progrès sont très rapides. On apprend que son accident vient de ce qu’il a sauté dans une piscine avec trop peu d’eau. Il trouve cela ridicule aussi ne l’avoue-t-il que tardivement. Ayant demandé à un ami proche qui a été externe en SSR, je peux affirmer que c’est une cause classique de handicap moteur chez les jeunes. Les jeunes retraités représentent un autre pic de survenue de ces handicaps, l’accident type venant pour avoir voulu réparer soi-même le toît ou gauler les cerises dans l’arbre.

    La question des relations amoureuses est également posée. Farid est moqué car handicapé depuis l’enfance, on en déduit qu’il est puceau. Ben renonce – à tort ou à raison - à se mettre en couple avec Samia (Nailia Harzoune) lorsqu’il se retrouvera dehors pour ne pas multiplier les difficultés. Au grand désarroi de celle-ci, il se contentera de l’éviter par la suite plutôt que de parler franchement.

     

    Patients est un film réaliste jusqu’au bout. Il n’y a pas de retour de flamme improbable dans la vie, mais fréquent au cinéma. C’est en cela qu’on voit que les acteurs sont excellents, parce que c’est dans de tels films que le spectateur doit croire à leur jeu. Ils incarnent tous si parfaitement leur rôle qu’on a l’impression de déjà les connaître.

     

    À l’occasion de la sortie du film, j’ai la possibilité de vous faire gagner cinq fois deux places pour aller le découvrir, ainsi que le livre autobiographique de Grand Corps Malade, qui est le cœur de cette adaptation.

    Pour participer, dites-moi en commentaire, ici ou sur Twitter ou bien Instagram, pour quel cadeau vous concourez : les places de ciné ou le livre. Dites-moi également ce qui pourrait vous toucher dans ce film.

    je tirerais au sort indifféremment parmi tous les participants, tout supports confondus

    Résultat jeudi 2 mars au soir

     

    Si vous voulez me suivre sur: 

    Twitter

    Instagram

     (Si vous voulez partager le post sur les réseaux sociaux, c'est cool)

    La page Facebook de Patients

     

     

    Sortie nationale le 1er mars 2017

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    Edit : les gagnants sont :

    Bergeou (places)

    Marikozen (places)

    Didile (places)

    Sissiçavousplait (places)

    LudivineP (places)

    Marieed (livre)

     

    Merci à tous les participants. Ne soyez pas trop déçus, la semaine prochaine il y aura une autre petite surprise à gagner, un livre qui devrait vous donner le sourire ! Stay tuned

  • American Honey

    American Honey est le nouveau film d’Andrea Arnold, dont le dernier remontait à 2011.

    Intriguée par un article sur les vendeurs de magazines itinérants, la réalisatrice a rencontré un certain nombre de personnes issues de ce milieu. Elle finira par en embaucher quelques-uns pour le tournage, pour encadrer les acteurs principaux.

    On découvre plus un mode de vie qu’un véritable travail, car les perspectives professionnelles y sont vaines. C’est en partie ce qui explique qu’ils existent encore à l’heure d’internet.

    Cette absence de perspective frappe quand on pense au parcours de Star (Sasha Lane), le personnage principal. A 18 ans, sans emploi, elle vit chez des parents maltraitants, et doit s’occuper seule de son frère et sa sœur. Le film commence dans une benne à ordure où les trois enfants ont récupéré un poulet encore sous plastique pour manger. Star va faire le choix de tout quitter de nuit pour suivre une bande de vendeurs de magazines itinérants, rencontrés au supermarché.

    La culpabilité surgit quand pendant un porte-à-porte dans un quartier pauvre, elle se fera ouvrir par un garçon et une fille de l’âge de sa fratrie, abandonnés par leurs parents. Elle ira leur acheter à manger.

    Le film est long (2h 43) mais c’est cette longueur qui permet de s’immerger dans la vie des personnages au lieu de poser un simple regard anthropologique. Tous les vendeurs sont jeunes. On ne peut pas deviner leur avenir. Dans les années 70, les reconversions étaient faciles. Les routards d’aujourd’hui ne l’avouent qu’au détour d’une phrase, mais ils ont généralement un soutien financier de la famille, et des perspectives déjà tracées après la parenthèse. Que feront ces jeunes d’origine très modeste après la fin de l’itinérance ? Le seul personnage à avoir un projet est Jake (Shia LaBeouf), dont Star est devenue la maîtresse . Il a cambriolé les maisons où on leur a ouvert, volé des bijoux, et compte s’acheter avec « un duplex dans les bois ». Il lui manque 2000 dollars. Star a déjà compris que son choix de rompre avec sa vie sédentaire ne lui a guère apporté. Jamais elle ne montre qu’elle apprécie sa nouvelle vie. Le projet de Jake est tentant en comparaison. Elle vendra son corps pour mille dollars pour l’aider et partager son rêve. Mais Jake est furieux d’avoir été trompé. Ou il est furieux qu’elle ait cru à son baratin. Star finira par donner ses mille dollars à Krystal (Riley Keough), la boss du groupe.

    Les personnages de Star et Krystal sont transparents. Star est la fille déshéritée qui rêve d’une nouvelle vie. Krystal est cynique et intéressée, elle attend des jeunes gens qu’ils fassent simplement de l’argent, et menace en permanence Star de la renvoyer si elle ne vend pas. Elle ne se montre jamais amicale avec le groupe et ne semble proche que de Jake, qu’elle exploite pourtant comme un larbin.

    Les motivations de Jake sont floues en revanche. La technique de vente qu’il apprend à Star, c’est le mensonge permanent. Est-il amoureux d’elle ? Veut-il réellement quitter l’itinérance ? Krystal révèle à Star qu’elle paye Jake « en filles », et qu’il les « saute toutes ». Mais il ne pourra pas confirmer puisqu’elle l’a renvoyé. Star restera en se faisant une raison. Mais quelques temps après Jake reparaît. Le film ne dit pas où il était  passé. Avait-il vraiment quitté le groupe ? Lors d’une ultime fête de nuit autour d’un feu de camp, Jake entraîne Star à l’écart et lui fait un dernier cadeau : une petite  tortue, qu’elle ira remettre à l’étang. Que signifie ce cadeau ? Qu’ont signifié les autres ?

    On dit souvent des films réalistes qu’ils ne contiennent pas d’intrigue. Ce n’est pas tout à fait exact : le spectateur se questionne devant American Honey.  Ce qui les caractérise, c’est qu’ils touchent à la nature cyclique de la vie, et à l’absence de direction réelle. On attend d’un récit qu’il soit initiatique. Le personnage part d’un point précis et évolue pour accomplir sa destinée, qu’il rencontrera en un autre point précis, même si on s’imagine qu’il se prolonge dans l’avenir. Un film réaliste ne révèle que des choix faits par un individu devant un éventail restreint. La vie sur la route n’a pas comblé toutes les attentes de Star, la vie à deux dans les bois était une chimère.

    Star va s’enfoncer dans l’étang, mais elle ressort la tête de l’eau.

     

    American Honey, prix du jury au festival de Cannes 2016; le film à découvrir aujourd'hui.  (rien à voir ou presque mais Shia LaBeouf y dénigre déjà Donald Trump, ici pour son style vestimentaire.)

     

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  • Tu ne Tueras Point - Mel Gibson

    « Tu ne tueras point » est le titre français de Hacksaw Ridge, le nouveau film de Mel Gibson. Les titres français conditionnent parfois des suicides commerciaux et des suicides d’audience comme les téléfilms du dimanche après-midi sur TMC et ses jumelles. (Qui se souviendra avoir vu « Prise au piège » ou « Le prix du sang » ?) Ici, c’est bien trouvé et résume fort élégamment le propos du film.

     

    Nous avons ici affaire à du grand cinéma tant la mise en scène et le déroulement de l’action sont maîtrisées. TNTP est à la fois un biopic et un film de guerre, narrant l’histoire d’un « Objecteur Coopérant (O.C.) » pendant la Guerre du Pacifique. Desmond Doss (Andrew Garfield), fils d’un vétéran de la Grande Guerre, s’engage dans l’armée états-unienne dans le but de devenir infirmier. Toutefois il refuse de porter les armes, même à l’entraînement. Cette position singulière lui vaut le mépris de ses camarades d’instruction et de ses supérieurs. Ces derniers le poussent à quitter l’armée mais il refuse et doit passer en cour martiale.

    Blanchi de l’accusation de trahison, il devient infirmier et est envoyé avec son bataillon prendre la relève à Okinawa. Leur mission : prendre d’assaut Hacksaw Ridge, et ainsi toute l’île d’Okinawa.

     

    TNTP est un film violent. Là où « Il faut sauver le soldat Ryan » nous impose une gifle avec quinze minutes de boucherie dès le début du film, TNTP prend son temps. Mais c’est pour mieux cueillir le spectateur par plus d’une heure de combats réalistes et atroces. J’y suis pour ma part plutôt favorable, dans la mesure où Gibson présente la vérité.

    J’ai une interrogation concernant l’absence de soldats noirs. Il n’y en avait pas non plus vraiment dans le soldat Ryan, ni dans « Les Têtes Brûlées ». S’agit-il de coller à une vérité historique ou d’un oubli fâcheux ? Je me contente de poser la question.

    Je m’interroge aussi concernant ce statut d’ « objecteur coopérant ». Desmond Doss ne l’a pas inventé – il n’a pas l’air du genre créatif – et donc ce statut devait exister. L’armée fait pourtant la sourde oreille et ne considère pas sa position comme légitime, jusqu’à le traduire en cour martiale.

     

    La motivation de Doss est d’abord religieuse : il est adventiste du 7ème jour. Il refuse donc de porter les armes pour ne pas avoir à trahir le commandement « Tu ne tueras point ». Il acceptera cependant de déroger à ses principes en partant une seconde fois à l’assaut de la colline un samedi.

    Mais sa foi n’est pas un héritage familial : les Doss sont chrétiens mais sans conviction.  Ce sont des événements personnels qui poussent Desmond vers la religion : il manque de tuer son frère, doit désarmer son père qui menaçait sa mère, s’improvise secouriste… Les expériences du héros forgent son code moral. Il le renforce en l’associant à la religion comme une validation extérieure.

     

    Le fils est en tout une image en négatif du père (Hugo Weaving). Le père a porté les armes pendant la Première Guerre mondiale. Il en est revenu antimilitariste, mais reste un individu violent, n’hésitant pas à brandir une arme à feu. Sa foi a disparu quand les camarades avec lesquels il s’était engagé ont été tués. Il prévient son fils qui vient de signer que sa foi n’y résistera pas et que son questionnement à Dieu sur sa mission restera sans réponse.

    Le fils s’engage dans la Seconde Guerre mondiale. Il refuse de porter les armes mais considère la guerre juste. Le point de rupture dans le film intervient à la fin du premier assaut, quand Desmond attend l’appel de Dieu et qu’il croit l’entendre répondre.

     

    « Tu ne tueras point » est-il un film à message ? J’en doute. Mel Gibson ne réalisera pas de film antireligieux, c’est entendu.

    Le personnage - réel - de Desmond Doss est présenté comme un héros bien sûr. Mais il ne peut être un modèle. La contradiction originelle est insoluble : comment faire une guerre juste si on ne porte pas d’armes ? Seuls quelques resquilleurs peuvent résoudre cette équation pour eux-mêmes, les autres devront se battre. Et tout le long du film plane cette ambigüité d’une guerre juste, mais d’une guerre sale quand même.

     

    Moins manichéen que les films patriotes des années 50, TNTP ne pouvait pas aborder l’histoire cachée. Le héros est positif et patriote - c’est un biopic après tout. Les soldats – américains comme japonais – sont dépeints comme extrêmement courageux. Mais en creux, ils apparaissent comme des brutes et des imbéciles. La propagande d’État convainc facilement des jeunes gens naïfs. Deux ont été réformés, ils se sont suicidés. Desmond s’engage pour « protéger les femmes et les enfants » comme si les japonais allaient incessamment occuper la Virginie.

     

    Sans un commentaire à côté du film, il n’est donc pas possible de dire si Gibson a un message à passer. L’admiration pour un héros de guerre, courageux et intègre, avec toutes ses contradictions.

    Du grand Mel Gibson, un grand film à voir assurément.

     

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