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vladimir maïakovski

  • Vladimir Maïakovski - Avent littéraire #22

    Ce soir, incontestablement mon poète non-francophone préféré. Vladimir Maïakovski, l’homme total, le poète, le révolutionnaire désabusée, et surtout l’amoureux enflammé et trahi. Sa relation avec Lili Brick est au centre de sa vie, et la cause de ses reniements, de ses hésitations, et finalement de sa mort. Considérer qu’un tel homme ait pu être le jouet d’une femme plus fidèle au KGB qu’à son génie amoureux, me laisse pantoise : la force de l’amour véritable certainement.

    Ce soir, je souhaite partager avec vous un extrait qui me revient en mémoire à chaque épreuve de la vie, un poème compagnon en quelque sorte.

     

    Écoutez !

    Puisqu'on allume les étoiles,

    C’est qu'elles sont à

    Quelqu’un nécessaires ?

    C'est que quelqu'un désire

    Qu’elles soient ?

    C'est que quelqu'un dit perles

    Ces crachats ?

    Et, forçant la bourrasque à midi des poussières,

    Il fonce jusqu'à Dieu,

    Craint d'arriver trop tard, pleure,

    Baise sa main noueuse, implore

    Il lui faut une étoile !

    Jure qu'il ne peut supporter

    Son martyre sans étoiles.

     

    Ensuite,

    Il promène son angoisse,

    Il fait semblant d'être calme.

    Il dit à quelqu'un :

    " Maintenant, tu vas mieux,

    N’est-ce pas ? T'as plus peur ? Dis ? "

     

    Écoutez !

    Puisqu'on allume les étoiles,

    C’est qu'elles sont à quelqu'un nécessaires ?

    C’est qu'il est indispensable,

    Que tous les soirs

    Au-dessus des toits

    Se mette à luire seule au moins

    Une étoile ?

     

    À demain.

  • Maïakovski

    maya7.jpg

    Vladimir Maïakovski

     

    Au sommet de ma voix (1928-1930)

    Derniers vers inachevés

     

    1

     

    Elle m’aime, elle ne m’aime pas

    Je trie mes mains

    Et j’ai cassé mes doigts.

    Alors les premières têtes des marguerites

    Secouées d’une chiquenaude

    sont cueillies et sans doute

    éparpillées en mai

    que mes cheveux gris se révèlent

    sous la coupe et la douche

    que l’argent des années nous enserre éternellement !

    honteuse sensation banale - sentiment que j’espère

    que je jure

    jamais elle ne reviendra vers moi.

    ****

     

    2

     

    C’est bientôt deux heures

    Pas de doute tu dois déjà dormir

    Dans la nuit

    La voix lactée avec ses filigranes d’argent

    Je ne suis pas pressé

    Et rien en moi

    Ne veille ni ne t’accable de télégrammes

     

    ***

    3

    La mer va pleurer

    La mer va dormir

    Comme ils disent.

    L’incident s’est cassé la gueule.

    Le bateau de l’amour de la vie

    S’est brisé sur les rochers du quotidien trivial

    Toi et moi sommes quittes ;

    pas la peine de ressasser

    Les injures de chacun

    Les ennuis

    Et les chagrins

    ****

    4

    Tu vois,

    En ce monde tous ces sommeils paisibles,

    La nuit doit au ciel

    Avec ses constellations d’argent

    En une si belle heure que celle-ci

    Quelqu’un alors s élève et parle

    Aux ères de l’histoire

    Et à la création du monde.

     

    ***

    5

    Je connais le pouvoir des mots ; je connais le tocsin des mots

    Ce n’est pas le genre que les boîtes applaudissent

    De tels mots des cercueils peuvent jaillir de terre

    Et iront s’étalant avec leurs quatre pieds en chêne ;

    Parfois ils vous rejettent, pas de publication, pas d’édition.

    Mais les mots sacro-saints qui vous étouffent continuent à galoper au dehors.

    Vois comme le siècle nous cerne et tente de ramper

    Pour lécher les mains calleuses de la poésie.

    Je connais le pouvoir des mots. Comme broutilles qui tombent

    Tels des pétales à côté de la piste de danse rehaussée.

    Mais l’homme avec son âme, ses lèvres, ses os…