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Tuer le Père - Amélie Nothomb

J’ai reçu en début de semaine le dernier ouvrage de Amélie Nothomb, celle que j’ai parfois envie d’appeler la petite fiancée des libraires tellement elle vend...

Soyons clair, elle n’est pas ma tasse de thé.

Mais… Pourtant…

Parlons d’abord de ce que je peux bien lui reprocher. Pas grand chose en fait, si ce n’est de légèrement bâcler ses romans. C’est mon avis (et je le partage…) mais j’ai tout un gout de trop peu quand je referme ses livres. Elle a le talent nécessaire pour allumer comme des braises, puis ça s’éteint brusquement. Comme si elle ne voulait pas aller au-delà d’un certains nombre de pages. La plupart du temps, c’est vraiment l’effet que ça me fait : Amélie stoppe parce qu’il faut stopper. Alors qu’elle ouvre par ailleurs de telles possibilités d’écriture, des caractères à explorer, des failles  chez ses personnages qu’elle ne creuse pas assez…

Ce nouveau roman, Tuer le Père, est aussi court que frustrant. Frustrant parce que j’ai aimé le lire, j’ai aimé les personnages et la démarche décrite.

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Joe  habite avec sa mère, une femme qui tient plus aux nombreux hommes qui passent dans son lit, qu’à son fils. Elle ne le comprend pas, ne se sent pas de liens avec lui. Joe est passionné de magie, et c’est bien la seule chose qui le tient debout. L’absence d’un père, l’indifférence de sa mère, l’incompréhension générale, il finira pas s’en débarrasser et accepter de quitter le domicile maternel sur demande de sa mère. En effet celle ci a un énième homme dans sa vie, lequel ne supporte pas Joe.  Elle propose donc à son fils de quitter la maison en échange d’une petite somme mensuelle.

Du haut de ses 15 ans, Joe  va habiter à l’hôtel, et se servir de ses dons de magiciens pour gagner sa vie, de-ci delà. Un soir, il rencontre un homme, qui lui dit que des talents tels que les siens trouveront à s’épanouir avec le bon professeur, et lui parle de celui qui est le meilleur magicien de la ville et du monde.

C’est comme ça que Joe atterrit chez  Norman et Christina. Une sorte de lien va se créer, une famille même. Norman et Christina vont s’occuper de Joe, comme d’un fils. Norman lui apprendra ses tours, fera de lui le meilleur manipulateur de cartes possible. Jusqu’à la première trahison de Joe.  Qui sera pardonné, car un père pardonne à son fils, lui dit Norman.

Jusqu’à la deuxième trahison de Joe, qui sera aussi pardonné, car Norman aime Joe comme le fils qu’il s’est choisi.

Et c’est là le nœud gordien de l’affaire. Qui est le père de Joe ? Norman ? Ou celui pour qui Joe le trahi depuis le début, comme il le lui expliquera ?

Est-ce que Joe en infligeant à Norman de telles trahisons, en le tuant littéralement à travers ses actes, le reconnait comme père malgré ses dénégations ?

Joe tue Norman à travers ses actes, aussi précisément qu’un enfant cherche à tuer son père. C’est ce que Norman pense, et c’est ce qui l’aide à pardonner et à continuer d’aimer Joe, malgré Joe lui-même. Pendant que l’enfant lui, explique que ses actes ne sont que la fidélité qu’il marque au vrai père qui l’a choisi. Et toute la confrontation est là, entre un père qui veut trouver la faille chez ce fils, et un fils qui choisi de reconnaître un autre homme pour père. Un homme qu’il n’aura vu que 2 fois dans toute sa vie, le temps de trahir Norman.

Les 150 pages du romans sont denses, prenantes, et la petite heure que j’ai passé à le lire m’a laissé quand même sur ma faim. J’aurais aimé que Nothomb creuse un peu plus du côté de la confrontation Norman-Joe après la révélation de la trahison originelle.

En somme, j’aurais envie de le conseiller, parce que je l’ai lu d’une traite et que j’ai adoré le sujet, mais je trouve le traitement incomplet…

A lire quand même.

Commentaires

  • Tu as mis le doigts sur le point faible de ses romans en général. Elle ne va pas au bout. C'est exactement ce que je pense. Maintenant, j'aime bien ses écrits et je pense une nouvelle fois que je me procurerai celui-ci.

  • Ouais... Amélie, quoi! Le sujet est intéressant mais comme il faut rendre chaque année sa copie de 150 pages plus ou moins 5%, elle ne se foule pas plus que ça. Dommage parce qu'elle a une belle plume.

  • Bonjour Océane,
    Analyse intéressante ! Merci !
    Je n'ai pas lu cet ouvrage mais je partage ta vision des choses concernant les romans de Nothomb. On regrette souvent que ce ne soit pas plus dense, plus approfondi. Car il y a par ailleurs de bonnes idées et des univers particuliers ...

  • Je ne peux qu'être d'accord avec les commentaires...
    Ce matin mango parlait de ce roman, avec la même frustration que toi!

  • Je n'arrive toujours pas à me faire à Nothomb, pour certaines des raisons que tu évoques si justement d'ailleurs... Je suis rarement arrivée au bout d'un de ses romans, je pense que cette auteure n'est juste pas faite pour moi...

  • Je n'ai jamais lu de romans d'Amélie Nothomb , retenue par les diverses critiques tiédes que j'ai pu lire.
    Justement ce midi, je suis passée à Cultura et ait passé un long moment à tourner autour de ce livre que je n'ai pas pris finalement ..
    Il faudra tout de même que je finisse par sauter le pas, histoire de me faire ma propre opinion.
    Bon weekend !

  • Je n'en ai lu qu'un d'amelie nothomb, mais il m'a bien plu et donné envie de lire les autres... c'était celui où elle travaille dans une entreprise japonaise (je me souviens plus du titre) :-)

  • Lui accorderais-je une dernière chance ? Je ne sais... J'ai lu 3 de ses romans et j'ai été déçue... l'impression qu'elle les avait écrit trop vite avec souvent une deuxième partie vraiment bâclée... A voir...

  • - Je n'aime pas l'écriture d'A.N.
    - Je n'aime pas l'image qu'elle donne d'elle.
    - Je n'ai pas aimé les 3 ou 4 romans que j'ai lu d'elle ( c'est beaucoup !!!!)
    Voici trois bonnes ou mauvaises raisons pour ne pas acheter son dernier roman même si tu nous le conseilles et que j'aime bien généralement les auteurs que tu chroniques...

  • Cette sensation de "baclage" est surtout présente dans les livres que Nothomb à sorti les 5 dernières années. Ces romans plus anciens étaient, à mon sens, tout aussi passionnants et bien plus fouillés.
    J'ai passé un excellent moment avec Tuer le Père, mais oui, c'était trop bref! la fin arrive trop subitement et le suspense ne plane pas assez longtemps, malgré la surprise du dénouement.

  • je ne parviens pas à lire cet ecrivain.et j'ai lu avant ton billet une critique (je crois sur l'Express) qui m'a fait hurler de rire et ne m'a pas donné envie de m'atteler à ce nouveau roman.

  • Moi j'avais été totalement bluffé par hygiène de l'assassin et je me disais qu'on tenait un génie de la littérature...ensuite j'en suis quelque peu revenu même si un ou deux romans de sa production annuelle valent le coup ( celui sur le Japon notamment, j'ai oublié le titre).... celui là, il faudrait que je l'ai dans les mains gratuitement pour le lire, mais d'autres de la rentrée me semblent prioritaires :o)

  • Tiens je pensais justement que je me lirais bien un Nothomb :) Ses livres me laissent aussi toujours un peu sur ma faim, surtout les deux ou trois derniers, mais j'aime beaucoup son écriture! Merci pour la description!

  • Je n'ai jamais pu aller au-delà de la 30ème page d'un de ses romans et ce, malgré une plume indéniable ! Je ne sais pas, l'émotion ne passe pas ! Ou ce n'est pas my cup of tea. S'il me tombait entre les mains, qui sait ? Mais je ne l'achèterai pas, c'est sûr...

  • J'ai lu pas mal de romans d'elle et ils m'ont presque tous agacée. Cette année, ce sera sans moi ;)

  • Je viens de le lire. J'aime bien ton analyse. La chute est parfaite : il choisit celui qu'il veut comme père, mais celui qui le veut pour fils n'est pas celui qu'il veut pour père de plus, de père bio il n'en connait point. Il a choisi un filou comme père alors que lui veut rester "clean" et en possession de ses moyens pour déglinguer celui qui l'a choisi.... machiavélique Nothomb.

  • P.S. : tout au long de cette lecture j'ai pensé à Sweig et au "Joueur d'échecs".... j'ai bien aimé...

  • Merci pour tout vos commentaires !

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