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rentrée littéraire

  • Madame - Jean Marie Chevrier (Albin Michel)

    Madame est un roman particulier.

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    Je l’ai lu il y a une semaine déjà, et j’ai attendu avant d’écrire quoi que ce soit à son sujet. Pour voir ce qu’il en resterait.

    Une petite musique de fond, un film un peu flou mais familier.

    Pendant cette semaine, j’ai vécu avec les personnages, dans le château de Madame, avec les derniers, et leur fils, Guillaume.

    Guillaume, que Madame appelle Will, que Madame confisque  chaque jour pour lui donner des leçons de maths, de littérature, d’histoire, pour faire de lui un petit gentilhomme pour gentilhommière. Guillaume, sous la férule de Madame, devient chaque jour un peu plus le remplaçant de l’autre, de celui qui est mort, de ce fils qui n’est plus. Madame ne semble pas avoir de chagrin, de sentiments, ou de vie, tout est figé dans le château comme dans ses veines.

    Les parents de Guillaume voient d’un mauvais œil cette relation, et ne comprennent pas pourquoi Madame fait des cadeaux à Guillaume, et lui apprend toutes ces choses qu’eux-mêmes ne savent pas. Comme si elle voulait le leur voler, l’élever hors du sol où ces fermiers se tiennent pour l’emmener dans ses sphères à elle.

    Madame est-elle simplement bonne et généreuse, veut-elle seulement donner à Guillaume, ce qu’elle ne peut plus offrir à l’autre enfant, le disparu ?

    Ce roman m’a entraînée, et perdue comme au milieu d’une forêt, mais c’était agréable d’être perdue ainsi. A cet égard, on est dans un flou total quant à l’époque où se situe l’action, et c’est encore une qualité car cette intemporalité vient souligner le plus important : les caractères, les sentiments. J’étais presque choquée de croiser le mot « ordinateur », tant j’avais intégré l’anéantissement du temps et de la durée !

    Madame est un roman à la psychologie simple et subtile : sa force réside dans les petits détails, dans la vanité des uns, la colère, la curiosité, la jalousie, l’envie, autant de petites piques qui viennent tracer un chemin qui mènera irrémédiablement à la chute.

    La chute. Exactement.

     

    Madame, très joli roman de Jean-Marie Chevrier, aux éditions Albin Michel.

    Une agréable surprise de cette rentrée littéraire.

     

    Bon, sinon, je me rends compte que j’ai de plus en plus envie de partager autour des bouquins que je lis.

    Je crois que je vais ranger toute les chroniques bouquins dans un blog dédié. Ou pas.

    Je vous tiens au courant, pour peu que ça fasse palpiter quelque palpitant que ce soit :)

     

  • Tuer le Père - Amélie Nothomb

    J’ai reçu en début de semaine le dernier ouvrage de Amélie Nothomb, celle que j’ai parfois envie d’appeler la petite fiancée des libraires tellement elle vend...

    Soyons clair, elle n’est pas ma tasse de thé.

    Mais… Pourtant…

    Parlons d’abord de ce que je peux bien lui reprocher. Pas grand chose en fait, si ce n’est de légèrement bâcler ses romans. C’est mon avis (et je le partage…) mais j’ai tout un gout de trop peu quand je referme ses livres. Elle a le talent nécessaire pour allumer comme des braises, puis ça s’éteint brusquement. Comme si elle ne voulait pas aller au-delà d’un certains nombre de pages. La plupart du temps, c’est vraiment l’effet que ça me fait : Amélie stoppe parce qu’il faut stopper. Alors qu’elle ouvre par ailleurs de telles possibilités d’écriture, des caractères à explorer, des failles  chez ses personnages qu’elle ne creuse pas assez…

    Ce nouveau roman, Tuer le Père, est aussi court que frustrant. Frustrant parce que j’ai aimé le lire, j’ai aimé les personnages et la démarche décrite.

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    Joe  habite avec sa mère, une femme qui tient plus aux nombreux hommes qui passent dans son lit, qu’à son fils. Elle ne le comprend pas, ne se sent pas de liens avec lui. Joe est passionné de magie, et c’est bien la seule chose qui le tient debout. L’absence d’un père, l’indifférence de sa mère, l’incompréhension générale, il finira pas s’en débarrasser et accepter de quitter le domicile maternel sur demande de sa mère. En effet celle ci a un énième homme dans sa vie, lequel ne supporte pas Joe.  Elle propose donc à son fils de quitter la maison en échange d’une petite somme mensuelle.

    Du haut de ses 15 ans, Joe  va habiter à l’hôtel, et se servir de ses dons de magiciens pour gagner sa vie, de-ci delà. Un soir, il rencontre un homme, qui lui dit que des talents tels que les siens trouveront à s’épanouir avec le bon professeur, et lui parle de celui qui est le meilleur magicien de la ville et du monde.

    C’est comme ça que Joe atterrit chez  Norman et Christina. Une sorte de lien va se créer, une famille même. Norman et Christina vont s’occuper de Joe, comme d’un fils. Norman lui apprendra ses tours, fera de lui le meilleur manipulateur de cartes possible. Jusqu’à la première trahison de Joe.  Qui sera pardonné, car un père pardonne à son fils, lui dit Norman.

    Jusqu’à la deuxième trahison de Joe, qui sera aussi pardonné, car Norman aime Joe comme le fils qu’il s’est choisi.

    Et c’est là le nœud gordien de l’affaire. Qui est le père de Joe ? Norman ? Ou celui pour qui Joe le trahi depuis le début, comme il le lui expliquera ?

    Est-ce que Joe en infligeant à Norman de telles trahisons, en le tuant littéralement à travers ses actes, le reconnait comme père malgré ses dénégations ?

    Joe tue Norman à travers ses actes, aussi précisément qu’un enfant cherche à tuer son père. C’est ce que Norman pense, et c’est ce qui l’aide à pardonner et à continuer d’aimer Joe, malgré Joe lui-même. Pendant que l’enfant lui, explique que ses actes ne sont que la fidélité qu’il marque au vrai père qui l’a choisi. Et toute la confrontation est là, entre un père qui veut trouver la faille chez ce fils, et un fils qui choisi de reconnaître un autre homme pour père. Un homme qu’il n’aura vu que 2 fois dans toute sa vie, le temps de trahir Norman.

    Les 150 pages du romans sont denses, prenantes, et la petite heure que j’ai passé à le lire m’a laissé quand même sur ma faim. J’aurais aimé que Nothomb creuse un peu plus du côté de la confrontation Norman-Joe après la révélation de la trahison originelle.

    En somme, j’aurais envie de le conseiller, parce que je l’ai lu d’une traite et que j’ai adoré le sujet, mais je trouve le traitement incomplet…

    A lire quand même.