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Vinícius de Moraes - Printemps des Poètes

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L'amour est éternel tant qu'il dure: tout le monde ou presque connait cette phrase. C'est celle d'un grand poète brésilien, Vinícius de Moraes. Le Printemps des Poètes et le Salon du Livre sont autant de raisons d'invoquer sa mémoire aujourd'hui: le Brésil est un des pays invités cette année au Salon.

La poésie de Vinícius de Moraes est celle de l'amour puissant et fantasque, comme seuls les sud-américains savent s'y adonner. Une forme de surréalisme bien à eux qui, mâtiné de samba pour Vinícius de Moraes nous fais danser de joie et de mélancolie.

 

Recette de femme,

Que les très laides me pardonnent mais la
beauté est fondamentale. Il faut dans tout
cela qu'il y ait quelque chose d'une fleur,
quelque chose d'une danse,
quelque chose de haute couture
dans tout cela (ou alors
Que la femme se socialise élégamment en bleu
comme dans la République Populaire Chinoise).
Il n'y a pas de moyen terme.
Il faut que tout soit beau. Il faut que,
tout à coup on ait l'impression de voir
une aigrette à peine posée,
et qu'un visage acquière de temps en temps
cette couleur que l'on ne rencontre
qu'à la troisième minute de l'aurore.
Il faut que tout cela soit sans être,
mais que cela se reflète et s'épanouisse
dans le regard des hommes.
Il faut, il faut absolument
que tout soit beau
et inespéré. Il faut que des paupières closes
rappellent un vers d'Eluard, et que l'on caresse sur des bras
quelque chose au delà de la chair : et qu'au toucher
ils soient comme l'ambre d'un crépuscule. Ah, laissez-moi vous dire
qu'il faut que la femme qui est là,
comme la corolle devant l'oiseau soit belle,
ou qu'elle ait au moins un visage qui rappelle
un temple ;
et qu'elle soit légère comme un reste de nuage :
mais que ce soit un nuage avec des yeux et des fesses.
Les fesses c'est très important. Les yeux, inutile d'en parler,
qu'ils regardent avec une certaine malice innocente.
Une bouche fraîche (jamais humide), mobile, éveillée,
et aussi d'une extrême pertinence.
Il faut que les extrémités soient maigres,
que certains os pointent, surtout la rotule,
en croisant les jambes et les pointes pelviennes lors de
l'enlacement d'une taille mobile.
Très grave toutefois est le problème des salières,
une femme sans salières est comme une rivière sans ponts.
 

Il est indispensable qu'il y ait une hypothèse
de petit ventre, et qu'ensuite la femme s'élève en calice et
que ses seins soient une expression gréco-romaine,
plus que gothique ou baroque et qu'ils puissent illuminer
l'obscurité avec une force d'au moins 5 bougies.
Il faut absolument que le crâne et la colonne
vertébrale soient légèrement visibles
et qu'il existe une grande étendue dorsale...
Que les membres se terminent comme des hampes,
mais qu'il y ait un certain volume de cuisses.
Qu'elles soient lisses, lisses comme des pétales et
couvertes du duvet le plus doux, cependant sensible à la caresse
en sens contraire.
Les longs cous sans nul doute sont préférables
de manière à ce que la tête donne parfois l'impression
de n'avoir rien à voir avec le corps
et que la femme ne rappelle pas les fleurs sans mystère.
Les pieds et les mains doivent contenir
des éléments gothiques discrets. La peau doit être fraîche
aux mains, aux bras, dans le dos et au visage
mais les concavités et les creux ne doivent
jamais avoir une température inférieure à 37° centigrades,
capables, éventuellement, de provoquer des
brûlures du ler degré.
Les yeux, qu'ils soient de préférence grands et d'une rotation
au moins aussi lente que celle de la terre;
qu'ils se placent toujours au delà
d'un mur invisible de passion qu'il est
nécessaire de dépasser. Que la femme,
en principe, soit grande ou, si elle est petite,
qu'elle ait l'altitude mentale des hautes cimes.
Ah, que la femme donne toujours
l'impression que si ses yeux se ferment
En les ouvrant, elle ne serait plus présente
avec son sourire et ses intrigues. Qu'elle surgisse,
qu'elle ne vienne pas, qu'elle parte, quelle n'aille pas.
 

Et qu'elle possède un certain pouvoir de rester
muette subitement,
et de nous faire boire le fiel du doute.
Oh, surtout qu'elle ne perde jamais,
peu importe dans quel monde , peu importe
dans quelles circonstances,
son infinie volubilité d'oiseau,
et que caressée au fond d'elle-même, elle se transforme en fauve
sans perdre sa grâce d'oiseau;
et qu'elle répande toujours l'impossible parfum ;
et qu'elle distille toujours le miel enivrant ;
 

et qu'elle chante toujours le chant inaudible de sa combustion et qu'elle ne cesse jamais

d'être l'éternelle danseuse de l'éphémère ;
et dans son incalculable imperfection qu'elle constitue
la chose la plus belle et la plus parfaite de toute l'innombrable création.

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