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printemps des poètes

  • Printemps des Poètes

    Le Printemps de la Poésie a commencé sous la pluie à Paris. Mais la pluie, c’est un événement météorologique très poétique, alors c’est parfait.

    L’idéal, ce serait de parcourir les rues, avec un genre de garde-champêtre pour annoncer des lectures, et les gens se mettraient à déclamer tous ensemble de la poésie, comme ça, à ciel ouvert dans la ville, pour tout le monde. Mais bon, les trucs officiels ça consiste surtout à endormir un parterre de vieux, ou d’écolier non consentants à la purge, par des discours plus lénifiants les uns que les autres, tout ça pour faire « vivre » la poésie. Je m’autoriserai presque un « lol ».

    Mouais, plus ça va et plus le Printemps des Poètes c’est le Printemps de quelques uns, dans un entre-soi détestable, avec quelques activités dont pour en entendre parler franchement faut être motivé.

    Bref ça m’énerve.

    Bon, un petit Paul Eluard pour la route ? Ce poème, comme tous ceux de Paul Eluard notez bien, rencontre un écho formidable à mon cœur. J’espère que quelqu’un le lira, qui saura combien je l’aime toujours infiniment.

     

    Même quand nous dormons – Paul Eluard

    Même quand nous dormons nous veillons l’un sur l’autre
    Et cet amour plus lourd que le fruit mûr d’un lac
    Sans rire et sans pleurer dure depuis toujours
    Un jour après un jour une nuit après nous.

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  • Printemps des Poètes - Suite

    Continuons ce Printemps des Poètes avec celui qui en est l'image cette année, et qui est certainement un de ceux que j'aime le plus lire : Vladimir Maïakovski.

    Quelques vers :

    Écoutez !
    Puisqu'on allume les étoiles,
    c'est qu'elles sont à
    quelqu'un nécessaires?
    C'est que quelqu'un désire
    qu'elles soient?
    C'est que quelqu'un dit perles
    ces crachats?
    Et, forçant la bourrasque à midi des poussières,
    il fonce jusqu'à Dieu,
    craint d'arriver trop tard, pleure,
    baise sa main noueuse, implore
    il lui faut une étoile!
    jure qu'il ne peut supporter
    son martyre sans étoiles.

    Ensuite,
    il promène son angoisse,
    il fait semblant d'être calme.
    Il dit à quelqu'un :
    " Maintenant, tu vas mieux,
    n'est-ce pas? T'as plus peur ? Dis ? "

    Écoutez !
    Puisqu'on allume les étoiles,
    c'est qu'elles sont à quelqu'un nécessaires ?
    c'est qu'il est indispensable,
    que tous les soirs
    au-dessus des toits
    se mette à luire seule au moins
    une étoile?

     

    Et puis les mêmes vers, en lecture:


    podcast

     

    D'autres poèmes à découvrir chez Claudialucia.

     

     

     

  • Printemps des Poètes - Anna Akhmatova

    Le Printemps des Poètes 2015 fait belle place cette année à l’idée de l’insurrection poétique. Et ça me plait ! Car combien de fois j’ai entendu « à quoi sert la poésie » « à rien » « les poètes sont de doux rêveurs » etc…

    La poésie et les poètes ne sont pas (que) de doux rêveurs sans idée de la vraie vie. L’histoire porte assez d’exemple de poètes résistants, combattants, qui avec leurs mots, et puis leur propre personne, se sont donné à la cause qu’ils croyaient juste.

    Parmi mes poètes favoris, il y a Paul Éluard, Vladimir Maïakovski, Robert Desnos, Anna Akhmatova, autant de poètes qui ont porté la plume dans le sang du réel.

    Quelques jours par an pour se rappeler d’eux n’est pas de trop :)

    Aujourd’hui je vous propose quelques vers de Anna Akhmatova, poétesse russe qui a croisé la route d’autres génies de son temps. Ce qui nous vaut quelques beaux portraits d’elle par Modigliani par exemple. Son style est significatif du courant acméiste, c'est-à-dire qu’il se concentre sur le quotidien, le réel, abandonnant les fioritures inutiles au profit de la précision et de la lucidité.

    altmanakhmatova1.jpg

    Anna Akhmatova par Nathan Altman

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    Deux portraits par Modigliani

     

    Quatrième élégie

     

    Nos souvenirs connaissent trois périodes.

    Dans la première, tout est comme hier,

    L’âme se plaît sous leurs voûtes bénies,

    Le corps se plaît dans leur ombre propice

    Le rire vit encore, les larmes coulent,

    La tache d'encre est encore sur la table -

    Et ce baiser comme un sceau sur le cœur,

    Unique inoubliable, baiser d'adieu…

    Mais cette période n'est pas très longue.

    Au lieu de voûtes bénies, une maison

    Solitaire dans un lointain faubourg,

    Où il fait froid l'hiver et chaud l'été,

    Où la poussière et l'araignée s'étalent,

    Où les lettres brûlantes en cendres tombent

    Et les portraits s'altèrent en cachette.

    On y va comme on va sur les tombes,

    En rentrant on se lave les mains,

    En essuyant une larme fugace

    Des yeux lassés, avec un lourd soupir…

    Mais l'horloge tictaque, les printemps

    Se suivent sans répit, le ciel rosit ;

    Le nom des villes eux-mêmes changent, et

    S’en vont les témoins des événements.

    Qui va pleurer, qui va se souvenir

    Et lentement nous abandonnent les ombres

    Que nous n'appelons plus, dont le retour

    Nous aurait même été effrayant.

    Soudain éveillés, nous constatons que nous avons oublié jusqu'au chemin

    De cette maison. Étouffant de honte,

    Nous y courons, mais (comme dans tous les rêves)

    Tout a changé : êtres, choses, murs -

    Nous sommes étrangers. On nous ignore ;

    Ailleurs, nous sommes ailleurs… seigneur Dieu !

    Puis vient le plus terrible : nous voyons

    Que nous ne pourrions mettre ce passé

    Dans notre vie présente, et qu'il est

    Devenu aussi étranger pour nous

    Que pour notre voisin de palier ; que

    Nous ne saurions reconnaître nos morts

    Et que ceux dont le sort nous sépara

    S’en accommodent parfaitement. Et même

    Que tout est pour le mieux…

     

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