C’est toujours délicat de parler d’une icône, et manifestement, Sylvia Plath est une icône, une déesse morte et ressuscitée dans ses mots. L’abandon volontaire de son enveloppe terrestre rajoute du drame là où l’œuvre porte déjà tant de force.
Dépressive, féministe, génie, on peut dire beaucoup de choses à propos de Sylvia Plath, toutes choses qui la réduisent certes, et pourtant qui projettent en ce monde dix mille, cent mille facettes d’une même femme : chacun de nos regards subjectifs sur elle, sur ses écrits, la ressuscite d’une différente manière.
Je suppose que j’ai moi aussi un regard subjectif, j’oublie souvent combien sa vie intérieure a pu être sombre, quand je relis certains poèmes, où tout n’est qu’ode à la vie et à la nature. Et puis soudain, le lecteur sombre avec Sylvia, dans les brumes du Thalidomide. Complexité de l’âme. Merveille des mots : à chaque lecture on se rend compte que l’univers d’un poète ne peut se réduire à une case.
Je Suis Verticale
Mais je voudrais être horizontale.
Je ne suis pas un arbre dont les racines en terre
Absorbent les minéraux et l’amour maternel
Pour qu’à chaque mois de mars je brille de toues mes feuilles
Je ne suis pas non plus la beauté d’un massif
Suscitant des Oh et des Ah et grimée de couleurs vives,
Ignorant que bientôt je perdrai mes pétales.
Comparés à moi, un arbre est immortel
Et une fleur assez petite, mais plus saisissante,
Et il me manque la longévité de l’un, l’audace de l’autre.
Ce soir, dans la lumière infinitésimale des étoiles,
Les arbres et les fleurs ont répandus leur fraîche odeur.
Je marche parmi eux, mais aucun d’eux n’y prête attention.
Parfois je pense que lorsque je suis endormie
Je dois leur ressembler à la perfection-
Pensées devenues vagues.
Ce sera plus naturel pour moi, de reposer,
Alors le ciel et moi converserons à cœur ouvert,
Et je serai utile quand je reposerai définitivement :
Alors peut-être les arbres pourront-ils me toucher, et
les fleurs m’accorder du temps.
I am vertical
But I would rather be horizontal.
I am not a tree with my root in the soil
Sucking up minerals and motherlv love
So that each March I may gleam into leaf,
Nor am I the beauty of a garden bed
Attracting my share of Ahs and spectacularly painted,
Unknowing I must soon unpetal.
Compared with me, a tree is immortal
And a flower-head not tall, but more startling,
And I want the one's longevity and the other's daring.
Tonight, in the infinitesimal light of the stars,
The trees and flowers have heen strewing their cool odours.
I walk among them, but none of them are noticing.
Sometimes I think that when I want sleeping
I must most perfectly resemble them –
Thoughts gone dim.
It is more natural to me, lying down.
Then the sky aund I are in open conversation,
And I shall be useful when I lie down finally :
Then the trees may touch me for once, and the flowers
have time for me.
À demain pour la suite.