Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • Paris je t'aime

    Le beau temps est revenu à Paris. Brièvement parait-il. Assez cependant pour me rappeler combien j’aime Paris au printemps.

    J’aime me promener au Luxembourg, le matin, vers dix heures, quand il n’y a pas encore grand monde affalé sur les chaises. J’aime marcher sans but, sans autre idée que de traverser la ville, pour la redécouvrir encore et encore. J’aime cet anonymat que Paris autorise. On peut marcher longtemps, sans croiser une connaissance : c’est presque rassurant, et protecteur. La grande ville permet à la fois la solitude et la foule.

    J’aime apercevoir de loin le Grand Palais et y fantasmer mille promenades, passées ou à venir, en amoureux. Paris est bien la ville de l’amour, mais, à ses ponts tristement cadenassés, il faut préférer les jardins qui sont de parfaits écrins aux romances naissantes.

    J’aime regarder les files de touristes venus s’extasier en masse sur les beautés du Louvre, ou d’Orsay, et me dire qu’il m’est donnée de voisiner ces lieux chaque jour de ma vie. C’est fou… Et pas un lieu qui ne me rappelle un roman, un poème. C’est la beauté de Paris : éternelle héroïne des plus grands écrivains.

     

    Le Jardin - Jacques Prévert

    Des milliers et des milliers d'années

    Ne sauraient suffire

    Pour dire

    La petite seconde d'éternité

    Où tu m'as embrassé

    Où je t'ai embrassée

    Un matin dans la lumière de l'hiver

    Au parc Montsouris à Paris

    À Paris

    Sur la terre

    La terre qui est un astre

  • Vincent Hein - À l'est des nuages / L'arbre à singes

    Il y a des livres qui sont comme une intrusion poétique, une ballade inattendue, entre rêverie et réalité. Les livres de Vincent Hein sont de ceux-là.

    À la faveur d’une mise en avant par la médiathèque de quartier, j’ai mis la main sur deux ouvrages de Vincent Hein, auteur que je n’avais jamais lu jusque là. Le premier, A l’est des Nuages, est un mélange de journal, de poésie et de petits faits. C’est comme le journal d’un voyageur statique, qui raconte sa découverte d’un pays, la Chine, comme si un guide touristique devenait soudain un œil poétique. C’est affolant comme Vincent Hein infuse ses mots dans la poésie. Ces petits riens que j’aime tant quand ils prennent l’allure d’un désordre lyrique. Ce recueil a quelque chose de très délicat (je n’ose dire chinois…) dans sa façon de compiler les jours et les pensées. Je parle souvent ici de mon amour des détails, de la façon dont leur observation est en soi un moment de poésie vivante. C’est cette poésie vivante, toute en sensibilité, que j’ai retrouvé dans l’ouvrage de Vincent Hein. Pour autant, nous ne sommes pas dans un monde imaginaire, mais bien en Chine, et l’auteur, français expatrié, se fait un plaisir de nous décrire sa réalité la plus quotidienne. Nous sommes immergés avec lui dans la culture chinoise, et parmi ce peuple de Chine qui se révèle parfois, souvent, moins exotique et plus mondialisé qu’on ne se l’imagine.

    J’ai aimé ce mélange de journal de bord et de poésie, qui est une façon agréable d’aborder un pays encore inconnu pour moi. Et puis, le lecteur assiste à la naissance de l’amour, entre l’auteur et sa future femme. Délicatesse et humour sont convoqués pour décrire les premières heures de cette relation. Comme il est plaisant de lire des passages entiers mêlant autodérision, romantisme et trivialité. Parler d’amour sans sombrer dans le maniérisme et le sentimentalisme n’est pas donné à tout le monde. Vincent Hein fait glisser les mots et les sentiments, doucement, jusqu’à notre cœur de lecteur et on se laisse happer, voyageurs volontaires pour un séjour inoubliable.

    Je vous laisse avec ces quelques lignes que j’adore, et que j’aurais tant aimé que l’on écrive pour moi :

    « Elle a sur l’avant-bras gauche
    Une petite veine bleue
    Qui ressemble
    A une minuscule voie de chemin de fer.
    Je prendrai demain
    L’express Shanghai-Pékin
    Jusqu’à son cœur. »

     

    Il va de soi que j’ai dévoré le second recueil de ses pensées de voyageur : L’Arbre à Singes. Dans la même veine onirique et réaliste à la fois, l’auteur, cette fois, nous emmène dans un périple allant de la Mongolie au Japon en passant par la Corée, avec sa femme et son fils. J’ai aimé retrouver ce lyrisme tout particulier et les mille petits détails qu’il sait nous donner à voir. Son écriture me fait penser à ces dessins chinois ou japonais que j’aime regarder de longs instants. Je peux passer facilement vingt minutes à observer les plumes d’une grue, sans y voir la moindre perte de temps : c’est une forme de méditation des plus apaisantes. La lecture des carnets de voyage de Vincent Hein me fait le même effet : il me ramène au sens aigü de la beauté qui se niche dans le moindre détail et petit fait.

    Vincent Hein a publié il y a peu un nouvel ouvrage, Les Flamboyants d’Abidjan. Je ne l’ai pas encore lu, mais j’ai hâte, compte tenu du plaisir persistant après la lecture des deux premiers.

    Vincent 1.jpg

    Vincent 2.jpg

     

    À l’est des nuages - Denoël

    L’arbre à singes - Denoël