J'ai commencé à écrire ma propre version de Lost, que je trouve infiniment plus intéressante que le truc chiant qui passe à la télé...
Le front soucieux de Jack me donne envie de le tarter et de l'encourager à entamer une cure de psychotropes. Ou bien d'alcool. Ou les deux. Mais pitié qu'il accroche un sourire à sa face et qu'il arrête cet air de chien battu premier de la classe gentil mou samaritain...
Bref je m'ennuyais comme un rat crevé lundi, du coup j'ai entamé la réécriture de lost à coup de 140 caractères...
L'ennui, non, ce n'était pas exactement ça. Parfois on voudrait faire quelque chose, mais on ne peut pas. Enfin, moi en tout cas. C'est frustrant. Je fais plusieurs choses en même temps, pourtant je n'ai pas l'impression d'avancer, de créer de sublimer quoi que ce soit. Je suis, c'est tout.
Je me lève, je m'occupe de mon fils, de moi, des affaires courantes, je lis un peu, j'écris aussi. Mais qu'est ce qui change et illumine la vie ?
Je pense souvent à changer de travail, et je vais le faire d'ailleurs. Mais somme toute je vais passer d'un poste d'esclave consentante à un autre poste d'esclave consentante. Je verrais d'autres têtes, c'est déjà ça.
La lecture, ça va moyennement en ce moment. A part un daphné Du Maurier pas mal du tout, j'ai été assez déçue de mes lectures récentes. Du coup je replonge dans des vieilleries, comme Pierre-Jean Rémy ou Jack-Alain Léger.
Et pareil pour la musique, je ne sais pas pourquoi, je ne trouve de plaisirs que dans les valeurs sûres des vieux albums années 80 ou 70....
J'ai envie de changement, d'un changement radical. Certaines personnes y arrivent, comme ça d'un clin d'œil...
Ou alors je me contenterais de huit jours dans une immense pièce blanche, immaculée, avec juste de quoi lire et la radio. Mais là je rêve.
En attendant d'avoir un truc intéressant à raconter, et c'est pas gagné... je lis de la poésie.
Du Baudelaire, même.
Le serpent qui danse
Que j'aime voir, chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau !
Sur ta chevelure profonde
Aux âcres parfums,
Mer odorante et vagabonde
Aux flots bleus et bruns,
Comme un navire qui s'éveille
Au vent du matin,
Mon âme rêveuse appareille
Pour un ciel lointain.
Tes yeux, où rien ne se révèle
De doux ni d'amer,
Sont deux bijoux froids où se mêle
L'or avec le fer.
A te voir marcher en cadence,
Belle d'abandon,
On dirait un serpent qui danse
Au bout d'un bâton.
Sous le fardeau de ta paresse
Ta tête d'enfant
Se balance avec la mollesse
D'un jeune éléphant,
Et ton corps se penche et s'allonge
Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord et plonge
Ses vergues dans l'eau.
Comme un flot grossi par la fonte
Des glaciers grondants,
Quand l'eau de ta bouche remonte
Au bord de tes dents,
Je crois boire un vin de Bohême,
Amer et vainqueur,
Un ciel liquide qui parsème
D'étoiles mon cœur !
Tout entière
Le Démon, dans ma chambre haute,
Ce matin est venu me voir,
Et, tâchant à me prendre en faute,
Me dit : " Je voudrais bien savoir,
Parmi toutes les belles choses
Dont est fait son enchantement,
Parmi les objets noirs ou roses
Qui composent son corps charmant,
Quel est le plus doux. " - Ô mon âme !
Tu répondis à l'Abhorré :
" Puisqu'en Elle tout est dictame,
Rien ne peut être préféré.
Lorsque tout me ravit, j'ignore
Si quelque chose me séduit.
Elle éblouit comme l'Aurore
Et console comme la Nuit ;
Et l'harmonie est trop exquise,
Qui gouverne tout son beau corps,
Pour que l'impuissante analyse
En note les nombreux accords.
Ô métamorphose mystique
De tous mes sens fondus en un !
Son haleine fait la musique,
Comme sa voix fait le parfum ! "
Voilà.
A demain mes agneaux...