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festival de cannes

  • American Honey

    American Honey est le nouveau film d’Andrea Arnold, dont le dernier remontait à 2011.

    Intriguée par un article sur les vendeurs de magazines itinérants, la réalisatrice a rencontré un certain nombre de personnes issues de ce milieu. Elle finira par en embaucher quelques-uns pour le tournage, pour encadrer les acteurs principaux.

    On découvre plus un mode de vie qu’un véritable travail, car les perspectives professionnelles y sont vaines. C’est en partie ce qui explique qu’ils existent encore à l’heure d’internet.

    Cette absence de perspective frappe quand on pense au parcours de Star (Sasha Lane), le personnage principal. A 18 ans, sans emploi, elle vit chez des parents maltraitants, et doit s’occuper seule de son frère et sa sœur. Le film commence dans une benne à ordure où les trois enfants ont récupéré un poulet encore sous plastique pour manger. Star va faire le choix de tout quitter de nuit pour suivre une bande de vendeurs de magazines itinérants, rencontrés au supermarché.

    La culpabilité surgit quand pendant un porte-à-porte dans un quartier pauvre, elle se fera ouvrir par un garçon et une fille de l’âge de sa fratrie, abandonnés par leurs parents. Elle ira leur acheter à manger.

    Le film est long (2h 43) mais c’est cette longueur qui permet de s’immerger dans la vie des personnages au lieu de poser un simple regard anthropologique. Tous les vendeurs sont jeunes. On ne peut pas deviner leur avenir. Dans les années 70, les reconversions étaient faciles. Les routards d’aujourd’hui ne l’avouent qu’au détour d’une phrase, mais ils ont généralement un soutien financier de la famille, et des perspectives déjà tracées après la parenthèse. Que feront ces jeunes d’origine très modeste après la fin de l’itinérance ? Le seul personnage à avoir un projet est Jake (Shia LaBeouf), dont Star est devenue la maîtresse . Il a cambriolé les maisons où on leur a ouvert, volé des bijoux, et compte s’acheter avec « un duplex dans les bois ». Il lui manque 2000 dollars. Star a déjà compris que son choix de rompre avec sa vie sédentaire ne lui a guère apporté. Jamais elle ne montre qu’elle apprécie sa nouvelle vie. Le projet de Jake est tentant en comparaison. Elle vendra son corps pour mille dollars pour l’aider et partager son rêve. Mais Jake est furieux d’avoir été trompé. Ou il est furieux qu’elle ait cru à son baratin. Star finira par donner ses mille dollars à Krystal (Riley Keough), la boss du groupe.

    Les personnages de Star et Krystal sont transparents. Star est la fille déshéritée qui rêve d’une nouvelle vie. Krystal est cynique et intéressée, elle attend des jeunes gens qu’ils fassent simplement de l’argent, et menace en permanence Star de la renvoyer si elle ne vend pas. Elle ne se montre jamais amicale avec le groupe et ne semble proche que de Jake, qu’elle exploite pourtant comme un larbin.

    Les motivations de Jake sont floues en revanche. La technique de vente qu’il apprend à Star, c’est le mensonge permanent. Est-il amoureux d’elle ? Veut-il réellement quitter l’itinérance ? Krystal révèle à Star qu’elle paye Jake « en filles », et qu’il les « saute toutes ». Mais il ne pourra pas confirmer puisqu’elle l’a renvoyé. Star restera en se faisant une raison. Mais quelques temps après Jake reparaît. Le film ne dit pas où il était  passé. Avait-il vraiment quitté le groupe ? Lors d’une ultime fête de nuit autour d’un feu de camp, Jake entraîne Star à l’écart et lui fait un dernier cadeau : une petite  tortue, qu’elle ira remettre à l’étang. Que signifie ce cadeau ? Qu’ont signifié les autres ?

    On dit souvent des films réalistes qu’ils ne contiennent pas d’intrigue. Ce n’est pas tout à fait exact : le spectateur se questionne devant American Honey.  Ce qui les caractérise, c’est qu’ils touchent à la nature cyclique de la vie, et à l’absence de direction réelle. On attend d’un récit qu’il soit initiatique. Le personnage part d’un point précis et évolue pour accomplir sa destinée, qu’il rencontrera en un autre point précis, même si on s’imagine qu’il se prolonge dans l’avenir. Un film réaliste ne révèle que des choix faits par un individu devant un éventail restreint. La vie sur la route n’a pas comblé toutes les attentes de Star, la vie à deux dans les bois était une chimère.

    Star va s’enfoncer dans l’étang, mais elle ressort la tête de l’eau.

     

    American Honey, prix du jury au festival de Cannes 2016; le film à découvrir aujourd'hui.  (rien à voir ou presque mais Shia LaBeouf y dénigre déjà Donald Trump, ici pour son style vestimentaire.)

     

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  • The Campion for Cannes

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    Il ne vous aura pas échappé que le Festival de Cannes a commencé.

    Plein de jolies robes, des people en pagaille comme chaque année. On a de la Paris Hilton qui galoche à donf' sont boyfriend du moment, j'ai pas retenue le nom, c'est pas nécessaire vu leur durée d'utilisation. J'ai même vu un Jauny national monter les marches...On aura donc tout vu. Même Loana, qui venait sans doute présenter sa vision personnelle de Tarkovski.

    Et au milieu des paillettes qui font mal aux yeux, que vois-je ? Jane, ma Jane, de retour enfin, avec un film !!!

    Jane Campion of course, qui venait présenter Bright Star, dont voici le pitch, honteusement chipé chez Allociné:

    Londres, 1818. Un jeune poète anglais de 23 ans, John Keats, et sa voisine Fanny Brawne entament une liaison amoureuse secrète.
    Pourtant, les premiers contacts entre les deux jeunes gens sont assez froids.
    John trouve que Fanny est une jeune fille élégante mais trop effrontée, et elle-même n'est pas du tout impressionnée par la littérature.
    C'est la maladie du jeune frère de John qui va les rapprocher. Keats est touché par les efforts que déploie Fanny pour les aider, et il accepte de lui enseigner la poésie.
    Lorsque la mère de Fanny et le meilleur ami de Keats, Brown, réalisent l'attachement que se portent les deux jeunes gens, il est trop tard pour les arrêter. Emportés par l'intensité de leurs sentiments, les deux amoureux sont irrémédiablement liés et découvrent sensations et sentiments inconnus. " J'ai l'impression de me dissoudre ", écrira Keats. Ensemble, ils partagent chaque jour davantage une obsédante passion romantique qui résiste aux obstacles de plus en plus nombreux. La maladie de Keats va pourtant tout remettre en cause...

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    Les photos du film m'ont éblouis: oui j'use et j'abuse d'un vocabulaire emphatique quand j'aime, sinon, à quoi ça servirait tous ces gros dico ??

     

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    J'ai donc très très hâte de voir ce film, de payer l'obole d'une place de ciné pour voir une création artistique que je devine subtile et heureuse.

    La poésie de Keats, le talent de Jane Campion et deux acteurs qui semblent aussi beaux que sensibles: que demander de plus ?

    J'espère que le charme opèrera !