Aujourd’hui, pour la suite de mon Avent littéraire, j’ai envie de Pierre Reverdy, un poète qui m’accompagne depuis le collège où, du haut de ma naïveté romantique, je portais au pinacle cette belle citation de lui : « Il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour ». J’aime toujours autant cette citation, elle me rassure (mais non, ne digressons pas).
Mais Reverdy ce n’est pas que cette populaire citation sur l’amour. C’est un inventeur, un explorateur des mots, un peintre des mots, pour reprendre à peu près ce que disait de lui Picasso.
Petite anecdote sans importance, je vous livre aujourd’hui le poème qui a inspiré le Oh de mon pseudo habituel sur le web. Ce poème, O, m’avait frappée la première fois que je l’ai lu. Je l’ai vécu comme une porte ouverte sur le véritable Mystère des Mots, comme il ya le Mystère de la Foi. Un vrai point de basculement mystique, en tout cas pour la jeune fille que j’étais :)
Bonne lecture !
O
Il y a des mains qui passent
Quelque chose passe dans le vent
Trois têtes au moins se balancent
Mes yeux partent à fond de train
J'arriverais à temps
Mais un poing me retient
Un homme est tombé
Quelqu'un est sorti et n'est pas rentré
Au cinquième la lampe est toujours allumée
Dans la nuit
Sous la pluie
18 francs cinquante de taxi
Le numéro tombe à l'eau
Elle passe devant la bouche d'égout
Le trou
Quel dégoût
La pendule qui bat dans la maison est comme un cœur
Il y a des moments où l'on voudrait être meilleur
Ou tuer quelqu'un
Là il y a un piège
Un chat noir file sur la neige
Et des gens!
Des gens que je crains moins que les agents
La lune est fatiguée de regarder la nuit
Elle est partie
Et je vais m'y mettre
La porte ne me sert de rien ni la fenêtre
Je prie pour émouvoir le concierge du paradis
Celui où tu vis
3heures 1/4
Dans la vie je me serai toujours levé trop tard
Le temps est passé
Je n'ai rien fait
Une ombre glisse entre cour et jardin
Je serai là encore demain matin
Sur le trottoir
Des visages flottent là-bas dans le brouillard