William, le grand William Shakespeare n’a pas écrit que des pièces au ressort dramatique puissant. Il a aussi produit une magnifique œuvre poétique. C’est un de ces sonnets que je vous propose aujourd’hui. Un sonnet sombre et affligé, comme parfois l’amour peut l’être. (Après tout, c’est bientôt la Saint-Valentin, dénotons un peu au milieu de tout ce rose ^^)
Et puis, c’est pour moi l’occasion de remettre les pieds, ailés, dans le challenge de Maggie et Claudialucia.
Le Sonnet CXLVII n’est pas d’une gaieté folle, certes, mais la noirceur des vers vient au secours d’un cœur déchiré, passé l’amour il reste le soin de la raison…
My love is as a fever longing still,
For that which longer nurseth the disease;
Feeding on that which doth preserve the ill,
The uncertain sickly appetite to please.
My reason, the physician to my love,
Angry that his prescriptions are not kept,
Hath left me, and I desperate now approve
Desire is death, which physic did except.
Past cure I am, now Reason is past care,
And frantic-mad with evermore unrest;
My thoughts and my discourse as madmen's are,
At random from the truth vainly expressed;
For I have sworn thee fair, and thought thee bright,
Who art as black as hell, as dark as night.
Mon amour est comme une fièvre toujours altérée de ce qui l’alimente incessamment : il se nourrit de ce qui perpétue sa souffrance pour satisfaire son appétit troublé et morbide.
Ma raison, médecin de mon amour, fâchée de ce que ses prescriptions ne sont pas suivies, m’a abandonné, et moi, désormais désespéré, je reconnais que l’affection que combattait la science est mortelle.
Ma raison étant impuissante, je suis désormais incurable, et je délire frénétiquement dans une incessante agitation. Mes pensées et mes paroles sont, comme celles des fous, de vaines et fausses divagations.
Car j’ai juré que tu es blanche et cru que tu es radieuse, toi qui es noire comme l’enfer et ténébreuse comme la nuit.
Je vous souhaite un dimanche plus heureux tout de même :)