"Au commencement des temps, les mots et la magie étaient une seule et même chose." Sigmund Freud.
Elle s'avançait dans la forêt, à la recherche de la petite maison en bois. L'enfant l'avait prévenu : il faudra marcher longtemps et puis doucement, le chemin n'est pas aisée, les arbres et les feuillages étoufferont chacun de tes pas.
Elle, enfin moi, pris le parti du hasard. Avancer sans but, juste aller là où le chemin serait assez dégagé, presque une clairière, non ?
Non, c'est une illusion, plus elle (moi) s'avançait, plus cela s'assombrissait sur son passage. Ses pas, mes pieds, s'enfonçaient dans une herbe de plus en plus haute. Que du vert, partout du vert. Je me noie dans la verdure quand je n'aime rien tant que le bitume.
Pourquoi l'avait-elle écouté ? Je dois être stupide ? Ce petit garçon semblait triste, tout seul, près du chemin, à l'entrée de la forêt. « J'ai laissé mon ours là-bas dans la maison, maman va me gronder si je le perds »
Bon, je suis une gentille femme compatissante, je ne veux pas qu'il soit triste ou se fasse gronder. Alors elle s'enfonce dans la forêt, pour lui. Avant, elle lui propose seulement de l'accompagner, chercher cet ours. Mais non, il ne veut pas venir avec elle : « tu verras ce n'est pas loin mais le chemin n'est pas facile alors prends ton temps, va doucement et si tu es patiente tu la trouveras. Je ne viens pas, c'est mieux que tu sois seule, et tu verras que ce sera là pour toi » Qu'est-ce qui sera là pour moi ? L'ourson ??
« Non, ça c'est pour moi ! Tu n'as pas écouté ? Tu le reconnaitras quand tu le verras : ce que tu cherches est là-bas, avec mon nounours »
Elle commençait à fatiguer maintenant. Mes pieds me faisaient mal. Cela semblait plus difficile au fur et à mesure que le temps avançait. Pourquoi avait-elle accepté, si vite, comme toujours. L'idée d'aller ailleurs pour y trouver un indispensable ? Réfléchir, oui. Après, un peu tard en fait. Je regardais autour de moi et je ne voyais que des arbres, étouffant. Faire plaisir et étouffer pour ça. Pour un peu elle se serait crue dans un conte de Grimm. Une forêt allemande, des êtres inhabituels qui la peuplent. Ce petit garçon. Un poème lui revient en mémoire, de Goethe.
Qui chevauche si tard à travers la nuit et le vent ?
C'est le père avec son enfant.
Il porte l'enfant dans ses bras,
Il le tient ferme, il le réchauffe.
« Mon fils, pourquoi cette peur, pourquoi te cacher ainsi le visage ?
Père, ne vois-tu pas le roi des Aulnes,
Le roi des Aulnes, avec sa couronne et ses longs cheveux ?
- Mon fils, c'est un brouillard qui traîne.
- Viens, cher enfant, viens avec moi !
Nous jouerons ensemble à de si jolis jeux !
Maintes fleurs émaillées brillent sur la rive ;
Ma mère a maintes robes d'or.
- Mon père, mon père, et tu n'entends pas
Ce que le roi des Aulnes doucement me promet ?
- Sois tranquille, reste tranquille, mon enfant :
C'est le vent qui murmure dans les feuilles sèches.
- Gentil enfant, veux-tu me suivre ?
Mes filles auront grand soin de toi ;
Mes filles mènent la danse nocturne.
Elles te berceront, elles t'endormiront, à leur danse, à leur chant.
- Mon père, mon père, et ne vois-tu pas là-bas
Les filles du roi des aulnes à cette place sombre ?
- Mon fils, mon fils, je le vois bien :
Ce sont les vieux saules qui paraissent grisâtres.
- Je t'aime, ta beauté me charme,
Et, si tu ne veux pas céder, j'userai de violence.
- Mon père, mon père, voilà qu'il me saisit !
Le roi des aulnes m'a fait mal ! »
Le père frémit, il presse son cheval,
Il tient dans ses bras l'enfant qui gémit ;
Il arrive à sa maison avec peine, avec angoisse :
L'enfant dans ses bras était mort.
Un frisson lui parcouru le corps. Je devrais penser à autre chose. Je vais finir par avoir peur toute seule, dans cette forêt.
Je m'avançai encore, moins assurée qu'au début du chemin. Pourquoi s'avancer ainsi dans l'obscurité ? Parce qu'il avait l'air perdu, et puis il a eu ce regard vers moi : il était différent. Juste une enfant ? Non. Oui. Peut-être ? Mais peu importe, il voulait mon aide et m'offrait en retour de trouver ce que je cherche.
Mais que cherche-t-elle ? Je ne sais pas, mais je le reconnaitrai, il me l'a assuré.
Soudain, au détour d'un branchage, elle la voit, la maison. Maisonnette, cabane même.
Le soleil était revenu plus fort, plus brillant. Elle rentre, la porte est déjà ouverte. Une seule pièce s'offre à moi. L'ourson est bien là.
Qu'avait dit l'enfant ? « Tu le trouveras à côté de mon nounours. C'est ce que tu cherches. Quand tu le verras, tu le prendras, et tu n'auras qu'à dire ce que tu veux être, ce que tu veux ressentir, les mots justes, les vrais, ceux qui t'obsèdent. Et tu verras que la réponse sera devant toi, dans tes mains. La magie, la vraie »
A côté de l'ourson, il n'y avait rien. Je ne le croyais pas vraiment, mais je l'espérai peut-être ? Mes jambes étaient coupées, j'allais pleurer. Il n'y avait rien que ce nounours.
Et un miroir.
Elle le prit dans ses mains, ce miroir. Elle avait trouvé quelque chose alors ? Oui.
Et puis les mots devaient être dits. Je commençai à me parler, et je savais ce que je dirais, ce qui devait me convaincre d'essayer. Je le croyais. Il avait raison.
La magie est dans le verbe. Tout ce temps là, ce qu'elle cherchait était là tout près. La magie est dans le verbe.
"Quoi que tu rêves d'entreprendre, commence-le. L'audace a du génie, du pouvoir, de la magie." J W Von Goethe.
Commentaires
C'est triste, je n'aime pas les mots du poème, je n'aime pas comment finit le poème.
Oui, mais j'aime bien Goethe. C'est mieux en allemand, mais mon accent est à chier !
J'attends toujours mon mail ma douce.
PS : j'ai pas encore eu le temps de voir les spécificités du code CSS pour les réponses aux commentaires. Je vais prendre le temps ce week end.
C'est triste, mais plein d'espoir aussi.
Que rêve-t-on d'entreprendre ? Merci de me mettre face à cette question.
Et toi ?
Je rêve de de mettre de la magie, au sens que lui donnait Freud, dans ma vie :)! Et toi alors ??
Angoissant, oppressant ce billet mais au moins il ne peut laisser indifférent
Merci ! J'espère qu'il est aussi un peu positif !
c'est quoi çà !!! c'est la déprime ?
que se passe -t'il ? c'est un billet noir... je veux des couleurs , un air de Samba , un Ruynart (à partager sans modération) ... sinon je vais etre triste ,moi !!!
Demain du rose et de la samba alors !
Mais franchement c'est un billet optimiste, du moins je croyais :)
Et toi, tu rêves d'entreprendre des choses, à part le tricot et les arts manuels ?
C'est une bonne question que soulève ton billet, et j'aime beaucoup ta lecture de ce poème que je ne connaissais pas.
Merci poulette :)
Comme je disais, je rêve de mettre de la magie dans ma vie, et l'écriture y contribue un peu :)
"L'univers est rempli de magie et il attend que notre intelligence s'affine."
Superbe phrase! Mais de qui est cette citation? Si elle est de toi alors chapeau!
Sinon j'espère que l'état d'esprit dans lequel tu étais en écrivant cette note toute grise est passé... Il est où le Soleil que tu mets dans tes notes d'habitudes??
Allez courage ma belle! ^^
Merci, la citation n'est pas de moi, je l'ai lu dans un bouquin et je la reprends de mémoire, mais je ne sais plus qui l'auteur citait !
Sinon, la note est optimiste à mes yeux :)
Bise !
Faut couper l'accès de ce post aux cadres de France Telecom : )
Joli texte, bien écrit, ses mots raisonnent et résonnent, mais trop sombre, trop lourd ! merci de te mettre en mode magie de Noël : )
J'essaierais de faire plus léger, mais franchement ce n'est pas si sombre :) Allez je te fais une histoire de noël à base de jolies filles alors :)
Moi, j'aime. On se réveille après un mauvais rêve, on se dit: "ouf, je vis, donc je peux". Une fois l'angoisse passée, on déborde d'énergie pour entamer de nouveaux projets. "L'audace a du génie". Allez, au travail, Océane!
Mercii Damien, tu as très bien saisi l'esprit de ce texte ! et je suis ravie de te voir passer !
Alors, elle, c'est toi ?
Le Tournier est très beau tel que tu le dis.
Lou c'est Goethe, et tu le sais en plus, mais le Tournier sa version est encore plus sombre, non ? Et sinon la fille c'est celle qu'on veut ;)
Waaaa mais elle est flippante la première photo. Vite, vite, la photo du beau mec sur la droite du blog !!!!
C'est Ian Sommerhalder le beau mec :)
je dis comme M1 ; gros bisous!
Promis je fais un truc plus gai très vite :) Bise Sylvie !
Je t'ai décerné un prix et par la même occasion taguée (mais tu es pas obligée de faire un article sur ton blog) ^^
Bonne soirée!
Ouii Alicia j'ai vu ma douce, merci ! Et ce sera avec plaisir que je vais m'épancher grâce à ce tag !
Goethe et moi c'est une très longue histoire ;)
Et une belle histoire je suis certaine !