Un poème de circonstance, qui fait les yeux un peu mouillés, comme l'est ce ciel de juin. Je suis toujours surprise de voir comme parfois les saisons de la nature suivent un peu celles du coeur. S'il pleut au ciel, qu'il pleuve dans mon coeur ou dans le jardin, le résultat sera le même : à quand le soleil ?
Juin - René-François SULLY PRUDHOMME
Pendant avril et mai, qui sont les plus doux mois,
Les couples, enchantés par l'éther frais et rose,
Ont ressenti l'amour comme une apothéose ;
Ils cherchent maintenant l'ombre et la paix des bois.
Ils rêvent, étendus sans mouvement, sans voix ;
Les coeurs désaltérés font ensemble une pause,
Se rappelant l'aveu dont un lilas fut cause
Et le bonheur tremblant qu'on ne sent pas deux fois.
Lors le soleil riait sous une fine écharpe,
Et, comme un papillon dans les fils d'une harpe,
Dans ses rayons encore un peu de neige errait.
Mais aujourd'hui ses feux tombent déjà torrides,
Un orageux silence emplit le ciel sans rides,
Et l'amour exaucé couve un premier regret.