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sylvia plath

  • Sylvia Plath - Avent littéraire #8

    C’est toujours délicat de parler d’une icône, et manifestement, Sylvia Plath est une icône, une déesse morte et ressuscitée dans ses mots. L’abandon volontaire de son enveloppe terrestre rajoute du drame là où l’œuvre porte déjà tant de force.

    Dépressive, féministe, génie, on peut dire beaucoup de choses à propos de Sylvia Plath, toutes choses qui la réduisent certes, et pourtant qui projettent en ce monde dix mille, cent mille facettes d’une même femme : chacun de nos regards subjectifs sur elle, sur ses écrits, la ressuscite d’une différente manière.

    Je suppose que j’ai moi aussi un regard subjectif, j’oublie souvent combien sa vie intérieure a pu être sombre, quand je relis certains poèmes, où tout n’est qu’ode à la vie et à la nature. Et puis soudain, le lecteur sombre avec Sylvia, dans les brumes du Thalidomide. Complexité de l’âme. Merveille des mots : à chaque lecture on se rend compte que l’univers d’un poète ne peut se réduire à une case.

     

    Je Suis Verticale

    Mais je voudrais être horizontale.
    Je ne suis pas  un arbre dont les racines en terre
    Absorbent les minéraux et l’amour maternel
    Pour qu’à chaque mois de mars je brille de toues mes feuilles
    Je ne suis pas non plus la beauté d’un massif
    Suscitant des Oh et des Ah et grimée de couleurs vives,
    Ignorant que bientôt je perdrai mes pétales.
    Comparés à moi, un arbre est immortel
    Et une fleur assez petite, mais plus saisissante,
    Et il me manque la longévité de l’un, l’audace de l’autre.

    Ce soir, dans la lumière infinitésimale des étoiles,
    Les arbres et les fleurs ont répandus leur fraîche odeur.
    Je marche parmi eux, mais aucun d’eux n’y prête attention.
    Parfois je pense que lorsque je suis endormie
    Je dois leur ressembler à la perfection-
    Pensées devenues vagues.
    Ce sera plus naturel pour moi, de reposer,
    Alors le ciel et moi converserons à cœur ouvert,
    Et je serai utile quand je reposerai définitivement :
    Alors peut-être les arbres pourront-ils me toucher, et
      les fleurs m’accorder du temps.

     

     

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    I am vertical

    But I would rather be horizontal.
    I am not a tree with my root in the soil
    Sucking up minerals and motherlv love
    So that each March I may gleam into leaf,
    Nor am I the beauty of a garden bed
    Attracting my share of Ahs and spectacularly painted,
    Unknowing I must soon unpetal.
    Compared with me, a tree is immortal
    And a flower-head not tall, but more startling,
    And I want the one's longevity and the other's daring.


    Tonight, in the infinitesimal light of the stars,
    The trees and flowers have heen strewing their cool odours.
    I walk among them, but none of them are noticing.
    Sometimes I think that when I want sleeping
    I must most perfectly resemble them –
    Thoughts gone dim.
    It is more natural to me, lying down.
    Then the sky aund I are in open conversation,
    And I shall be useful when I lie down finally :
    Then the trees may touch me for once, and the flowers
    have time for me.

     

    À demain pour la suite.

     

  • Assia, Geraldine, Anita, Sylvia et les autres

    C’est Renaud qui disait que le temps est assassin, et emporte avec lui… Qu’emporte-t-il donc ? Nos souvenirs, des morceaux de notre cœur, des bribes de « c’était bien ». Le temps emporte aussi avec lui nos regrets de ne pas avoir plus dit « regarde comme cela est joli, regarde comme cela vaut la peine d’être aimé »

    Alors je regarde la semaine passée, et je vois qu’elle a emporté avec elle André Brink, Assia Djebar, Geraldine McEwan (la seule et unique Miss Marple !), Anita Ekberg, Colleen MacCullough (qui avait tant donné, tellement plus que simplement les oiseaux qui se cachaient pour mourir…)

    La liste est ouverte, de ceux qui sont partis sans que j’aie suffisamment dit aux autres combien je les aimais. À quoi cela sert-il me direz-vous ? À rien. Si ce n’est qu’il y a bien assez de laideurs en ce monde, pour rappelez à chaque instant que les belles choses existent et qu’il faut s’en réjouir, les aimer, les partager.

    Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de la disparition de Sylvia Plath, triste date si l’on s’y arrête comme ça, mais soyons heureux que le destin, le hasard, ou Dieu, ou qui il vous plaira, nous ai offert les mots de Sylvia Plath. Des mots qui raconte la douleur, l’interrogation, les mots étouffés d’une quête étrange et difficile, les mots d’une détresse qui ne trouvera de fin que par un dernier geste le 11 février 1963.

    Alors réjouissons-nous de ce qu’elle nous a laissé.

    Verticale je suis

    Mais je préférerais être horizontale.

    Je ne suis pas arbre avec mes racines dans le sol

    Suçant à moi minéraux et amour maternel

    Afin qu’à chaque mars je puisse être éclaboussure de feuilles

     

    Non plus ne suis la beauté d’un jardin allongé

    Arrachant des ah enthousiastes et peint de façon baroque

    Sans savoir que je perdrai mes pétales

    Par rapport à moi, un arbre est immortel

    Et si petite la tête d’une fleur, mais plus saisissante

    Et tant je voudrais la longévité de l’un et la hardiesse de l’autre.

     

    Cette nuit, dans l'infinitésimale lumière des étoiles,

    Les arbres et les fleurs ont déversé leurs odeurs froides

    Je marche parmi eux, mais aucun ne me remarque.

    Parfois je pense que lorsque je dormais

    Je devais parfaitement leur ressembler -

    Pensées parties dans le sombre.

    Cela serait si normal pour moi, de m'étendre.

    Alors le ciel et moi parlons franchement,

    Et je serai enfin utile quand je reposerai pour de bon:

    Alors les arbres pour une fois me toucheront peut-être,

    Et les fleurs auront du temps pour moi.

     

    Et puis aussi une belle surprise pour moi, puisque je découvre aujourd’hui que Sylvia Plath a écrit un recueil pour les enfants, illustré par l’indispensable Quentin Black (qui peut se figurer un roman de Roald Dahl sans le coup de crayon de Quentin Blake ?) Le site Brain Pickings en parle aujourd’hui, et le bouquin est depuis sur ma wish list.

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    Voilà, à chaque jour sa raison de se réjouir, en cherchant on trouve toujours.

  • Sylvia Plath - Miroir

    Parler poésie ici, c’est un peu une tradition, non ? J’essaie de reprendre un rythme moins « vacances », et commencer doucement avec une petite poésie du dimanche me faisait plaisir. J’espère qu’à vous aussi ?

    J’ai souvent envie de vous parler des personnes que j’admire, parmi celles-ci, Sylvia Plath. Une personnalité hors du commun, avec un destin aussi court que tragique et intense…. Et au moment où certains pleuraient le décès d’Amy Winehouse comme la perte d’un génie musical de notre temps (lol), je n’ai pu m’empêcher d’avoir une pensée émue pour Sylvia Plath qui a décidé trop tôt de quitter ses contemporains. Loin de moi l’idée de faire une hiérarchie  ou une concurrence entre les morts, mais je trouvais vraiment injuste que certains sombrent trop vite dans l’oubli. Quoiqu’avec Sylvia Plath, il restera toujours son œuvre, belle et riche.

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    J’aimerais partager avec vous aujourd’hui un de ces poèmes.

    La douleur, les angoisses, l’envie de vivre aussi, sont la matière d’une œuvre aussi féminine que féministe.

    Sylvia Plath parlait pour les femmes de son époque, et de la notre aussi.

    Et finalement, elle parlait pour tout être humain doué de sensibilité : accrochés que nous sommes à nos rêves, aussi forts que fragiles, qui peut se vanter du malheur de tout contrôler dans sa vie ? Qui peut se vanter de n’être que perfection et bonheur ? L’inquiétude est inhérente à notre nature d’humain. L’inquiétude, les regrets… ce sont des facettes de la vie que l’on retrouve dans les mots de Sylvia Plath, comme autant de diamants, acérés et brillants, coupants mais précieux.

    Ces faiblesses humaines ne sont pas des défauts, ce sont autant de chances de nous comprendre, nous-mêmes et ceux que nous observons. Le regard de Sylvia Plath, je le sens à travers sa poésie, je le sens comme un regard bienveillant, comme un chemin qu’elle éclaire. Ce genre de chemin sombre, qu’une fragile petite lumière vient illuminer subrepticement, juste le temps de faire un pas, puis un autre pas, puis un autre encore.

     

    MIROIR

    Je suis d’argent et exact. Je n’ai pas de préjugés.

    Tout ce que je vois je l’avale immédiatement,

    Tel quel, jamais voilé par l’amour ou l’aversion.

    Je ne suis pas cruel, sincère seulement-

    L’œil d’un petit dieu, à quatre coins.

    Le plus souvent je médite sur le mur d’en face.

    Il est rose, moucheté. Je l’ai regardé si longtemps

    Qu’il semble faire partie de mon cœur. Mail il frémit.

    Visages, obscurité nous séparent encore et encore.

     

    Maintenant je suis un lac. Une femme se penche au-dessus de moi,

    Sondant mon étendue pour y trouver ce qu’elle est vraiment.

    Puis elle se tourne vers ces menteuses, les chandelles ou la lune.

    Je vois son dos, et le réfléchis fidèlement.

    Elle me récompense avec des larmes et une agitation de mains.

    Je compte beaucoup pour elle. Elle va et vient.

    Chaque matin c’est son visage qui remplace l’obscurité.

    En moi elle a noyé une jeune fille, et en moi une vieille femme

    Se jette sur elle jour après jour, comme un horrible poisson. 

  • Sylvia et un narcisse

    Cette journée s’achève au milieu des fleurs et de la poésie. Les fleurs ce sont les narcisses que j’ai croisés à tant de rues aujourd’hui… Et la poésie, c’est elle qu’on célébrait aussi ce 21 mars.

    Alors allions les deux, fleurs et poésie, avec ce court extrait de Sylvia Plath. Encore une femme d’exception qui a brûlé sa vie comme une étoile filante.

     

    AMONG THE NARCISSI

    Spry, wry, and gray as these March sticks,
    Percy bows, in his blue peajacket, among the narcissi.
    He is recuperating from something on the lung.

    The narcissi, too, are bowing to some big thing :
    It rattles their stars on the green hill where Percy
    Nurses the hardship of his stitches, and walks and walks.

    There is a dignity to this; there is a formality-
    The flowers vivid as bandages, and the man mending.
    They bow and stand : they suffer such attacks!

    And the octogenarian loves the little flocks.
    He is quite blue; the terrible wind tries his breathing.
    The narcissi look up like children, quickly and whitely.

     

     

    AU MILIEU DES NARCISSES

    Alerte, courbé, et aussi blême que ces bâtons de mars,

    Percy se penche, dans son caban bleu, au milieu des narcisses.

    Il est là qui se remet de quelque chose au poumon.

     

    Les narcisses, eux aussi, s’inclinent devant quelque grande chose :

    Leurs corolles en sont tout agitées sur cette verte colline où Percy

    Prend soins de ses sutures douloureuses, et marche, marche, marche.

     

    Il y a une dignité à cela ; il y a un cérémonial –

    Ces fleurs aussi lumineuses que des pansements, et cet homme en train de guérir.

    Ils s’inclinent et se redressent : ils endurent de telles attaques !

     

    Et l’octogénaire aime ces petits troupeaux.

    Il est tout bleu ; le vent atroce éprouve sa respiration.

    Vifs et blancs, les narcisses lèvent les yeux comme des enfants.

     

    J’espère que cette petite fleur du soir trouvera grâce auprès de Chrys et Zaza, en ce lundi (pas tout à fait) comme les autres !

     

    Et pour clôturer cette journée, regardez ce que j’ai reçu de Marie-Ange !! Fin décembre j’ai participé à deux swaps, et il y a eu comme qui dirait des soucis postaux, pour rester polie…. J’ai ainsi été lésée de deux colis swap, et de diverses bricoles commandées à distance et qui ne sont jamais arrivées jusqu’à moi…

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    Certaines choses ont pu être remboursées, mais les colis perso, c’est toujours irrécupérable !

    Vous comprenez mon plaisir à l'ouverture de ce colis !

    Marie-Ange est un ange :)