Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Bavardages - Page 14

  • Mes Moires

    Qu’ai-je fais ces temps derniers, à part de plus avoir de temps ? Beaucoup de choses, et si peu pourtant. Ma mémoire s’efface, elle gomme les images inutiles des corvées quotidiennes, des courses à faire, des paperasses, et même du temps au bureau : tout cela ne vaut pas de gâcher l’espace restreint des souvenirs.

    Il reste les envies, les traces de la beauté entrevue furtivement, les élans poétiques, évidemment plus beaux qu’ils n’étaient alors, mais c’est ce qu’on aime avec les souvenirs, après tout :)

    Il me reste donc un peu de Myazaki, et du vent qui se lève, un peu des images d’avions qui décollent, de l’amour qui sombre dans une quinte de toux. Il me reste le poème de Paul Valéry, ressorti pour l’occasion, et cette chanson à l’être aimé qui s’en va, les poumons qui s’étiolent et le cœur qui explose de trop aimer. Aime-t-on jamais trop ?

    Il me reste aussi quelques nymphéas, entr’aperçus lors du lancement de la nouvelle exposition du Musée Marmottan. Des nymphéas de Monet, des pivoines aussi, des vue de Gennevilliers, des promenades à Argenteuil, et des portraits de femmes soigneusement aimées par le pinceau qui les dessinent. Qui pourrait m’aimer assez pour me dessiner, malgré tout ?

    Il me reste une curieuse envie d’écharpe, d’étole, de foulards de soie et de coton, des envies d’étamine pour mon cou, de lin et de fin cachemire, de couleurs, plein de couleurs et de fleurs, et de motifs délicats, des envies d’enrouler à mon cou de la douceur une chaleur légère. De grands carrés, de grandes pièces de tissus, pour les parfumer, et y enfouir mon nez, respirer une odeur amie, et oublier pour une seconde, un instant, les murs beige mort de mon bureau. Existe-t-il un bureau idéal, rose et blanc et bleu, où l’on ne travaille que sur l’envie et le bonheur ?

    Il me reste quelques timbres, et des cartes, et du papier, encore du papier, des crayons pour les user, des crayons pour retrouver les traits simples, des nuages, et des gouttes colorées, des tasses de thé à peine esquissées, des papillons maladroits et des hibou interrogeant mon regard. La distribution des lignes et des couleurs ne mènent qu’à une chose : dessiner fait sourire et comble, et fait aimer, et donne envie encore de partager. Est-il permis de partager encore un peu ?

    Ma mémoire me joue des tours et embellit tout, mais c’est pour cela que je l’aime.

    pivoine.jpg

  • Time

    C’est l’histoire d’une fille complètement débordée, coincée entre un travail trop prenant et pas intéressant pourtant, et un projet personnel bien plus enthousiasmant mais tout aussi prenant.

    C’est l’histoire d’une fille qui aime bien bloguer, qui aimerait bien bloguer à nouveau en fait, et qui se demande qui vole comme ça le temps, les minutes et les secondes sont des fantômes qui filent entre les doigts.

    C’est l’histoire d’une fille qui va finir par se demander si toutes les histoires qui sont dans sa tête, les anecdotes, les poèmes, les petites expériences de vie, finiront par trouver le temps d’être racontées.

     

    Voilà.

    Mystère.

    youre-awesome.jpg

    Heureusement que Bill Murray est là.

  • Procrastination (sans closer ni Julie Gayet ni scooter)

    Écrire un billet sur la procrastination relève du défit, pire qu’un serpent qui se mort la queue. J’ai d’abord remis à plus tard, plusieurs fois, la lecture du livre concerné :

    photo.JPG


    Cet essai de John Perry, rien que par sa couverture, recelait tout les mystères des motivations et non motivations qui président à ma vie.

    Cessons là sur la grandiloquence, mais il est vrai que je tournais autour sans oser le lire, peur d’y trouver mes propres travers moqués.

    Or non !

    John Perry réussit un tour de force improbable, exposer sa théorie de la procrastination structurée, et je m’y suis reconnue, à mon plus grand bonheur !

    Chapitre après chapitre, l’auteur s’attache d’abord à expliquer le fonctionnement d’un procastinateur et surtout à évacuer les clichés dont ils (je !) souffrent. Le procrastinateur n’est pas un fainéant, au contraire il abat une masse de travail incroyable, rien que pour éviter de s’attaquer à certaines tâches :) nous avons là la démonstration d’une pyramide des non-priorités du procrastinateur ! Celui-ci pour éviter de (par exemple..) rendre un écrit à temps, va consciencieusement refaire l’installation internet de sa maison, ou repeindre les murs ou ranger le garage… j’ai souvenir des semaines de révisions avant les partiels de droit, où je passais 99% de mon temps dans un ménage radical de mon appartement ! Ménage que je n’aurais pas  fait si c’était justement l’horizon prioritaire du moment car là est le cœur du problème : la peur, la peur de mal faire, de ne pas être à la hauteur, de ne pas faire quelque chose de parfait, qui pousse à attendre, pour finalement réaliser quelque chose, avec la satisfaction d’avoir repoussé les limites, encore et encore….

    Le procrastinateur n’est ni fainéant ni négligeant, au contraire, John Perry démontre avec drôlerie et justesse combien l’amour de la perfection est au cœur de tout bon procrastinateur.

    Cela conduit aussi à une forme d’incompréhension, et même de dépression, tant on cogite et que se mettent en branle mille idées, contre idées, doutes, et culpabilités…

    Heureusement, l’humour et la légèreté de John Perry remontent le moral de ceux qui se reconnaitront dans ce portrait du procrastinateur.

    Pour compléter la lecture de cet essai de John Perry, je vous conseille de faire un tour sur le site internet Structured Procrastination, une mine !

    Il y a aussi un reportage, encore visible sur Arte, retraçant le portrait de John Perry, philspohe et prof à Stanford. Un personnage déroutant et attachant.


    La Procrastination - L'art de reporter au lendemain

    John Perry - Éditions Autrement (et c'est pas cher)

  • Memo

    C’est une semaine à faire des listes.

    La liste des bonnes raisons de ne pas retourner au bureau.

    La listes des robes qu’on ne porte pas, parce qu’aucune ne s’assortit vraiment avec l’attelle qui nous tient debout.

    La liste des livres qu’il faut impérativement lire dans les travées de la librairie, pour qu’ils ne viennent pas décéder de patience dans une pile à lire aussi injuste que nécessaire.

    La liste des recettes que l’on aimerait reproduire, mais finalement on est au régime, la faute à la troisième boite de marrons glacés, et puis aussi aux petits, touts petits calissons.

    La liste des vêtements qu’on ne remettra plus parce que finalement l’imprimé foulard. Tout est dit.

    La liste des appli que l’on ne téléchargera jamais sur son smartphone, parce que dans le fond on s’en sert essentiellement pour téléphoner. Et envoyer des S aime S.

    La liste des nails art qu’on ne fera jamais, parce que l’on a rarement une heure devant soit pour coller des petits œillets sur ses ongles.

    La liste des gens  à qui on a bien envie d’écrire, une lettre avec des mots, sur une belle feuille de papier vélin, comme avant, comme quand on avait 15 ans et qu’on écrivait à Lucy la correspondante anglaise de Brighton.

    La liste de ces bonbons si doux, si piquants, qu’on allait acheter au Timy après l’école, et maman qui disait non tu n’en prendras pas plus, pense à tes dents et le diner aussi et tu viens de prendre ton gouter.

    La liste de ces animaux de compagnie qui ont trop brièvement occupé les bras, le canapé, la couette du lit, avant de disparaître, bien vieux, et follement aimé, bien trop pour être encore et encore remplacé, remplace-t-on l’amour même félin, même canin, non on ne remplace jamais rien, la vie est faite de ses pertes aussi.

    La liste des sentiments qui ont traversé l’an dernier, l’amour toujours, la trahison, l’incompréhension (c’est un sentiment ça ?) la tromperie aussi (on dira que oui, c’est un sentiment) et aussi la joie, la joie, la joie grâce à ses grands yeux bleus qui vous disent je t’aime maman (et aussi je veux un second dessert, mais ne nous formalisons pas) et on sourit.

    La liste des récits à écrire, des musiques à écouter, des mouchoirs à broder (enfin, ce sont plutôt des bouts de tissus blancs, grège un peu, juste de quoi laisser l’imagination créer des fleurs, des alphabets comme avant...)

    La liste des sorts à jeter, et vite fermer les yeux, espérer, tenir.

    absence_makes_the_heart_grow_fonder-largeGodward.jpg

    L'Absence Fait Grandir l'Amour - John W. Godward


  • Où l'on ne parle ni de Dieudonné et Valls nus dans la boue ni de soldes (exploit)

    L’actu en ce moment pour moi, c’est juste elle :

    photo 1.JPG


    Donna Tartt.

    Hier soir, j’étais religieusement devant ma télévision, la vilaine que je boude habituellement, pour regarder un de mes quelques rares auteurs vivants favoris, parler de son nouveau roman dans l’émission La Grande Librairie sur France 5, celui qu’on attend depuis dix ans, celui qu’on espérait plus, celui qui fait ma joie depuis, hier. Et encore je ne l’ai pas lu, c’est vous dire mon enthousiasme…

    A cet égard, je dois vous avouer quelque chose, je l’attends depuis si longtemps, j’ai tellement aimé le Maitre des Illusions et le Petit Copain, que j’anticipe déjà la fin de la lecture de cet opus : le commencer, c’est le finir presque… Et après, attendre encore dix ans ? Bon, là je me pose vraiment des questions idiotes :) d’autant que je suis du genre à conseiller la relecture des ouvrages que l’on a aimé, car on trouve toujours un nouvel angle de lecture, un nouveau détail, le temps et l’expérience rendant notre lecture forcément différente..

    Bref, je suis là, avec ce pavé, le Chardonneret, et je vais le savourer, ligne après ligne.

    photo 2(1).JPG


    Au plaisir de vous en reparler ensuite.