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Un mois sans venir ici, c’est long, non ? Enfin, surtout pour moi.
Il y a eu des vacances, un peu de travail, des vacances, des souvenirs, des photos, pas mal de nourriture (oh oui…), de la pluie un peu aussi, des petits hauts, des petits bas, des grosses fatigues et des vraies joies.
Et puis la rentrée...
Et on se rappelle, comme d’un lointain souvenir, de cette chaleur qui caressait la nuque….
Maintenant, il y a le vent, ce fourbe qui n’est jamais loin en réalité : il prodigue plus de morsures que de caresses.
En attendant de reprendre un rythme plus régulier, je vous dis à très vite.
C’est un jour à anniversaire. De naissance et de mort. Le plus grand intérêt de ces dates revient toujours à se souvenir de ses propres émotions.
Un film, une chanson, une soirée, quelque part avec ce jeune homme, un paquet de cigarettes, même si l’on ne fume pas… C’est une chanson qui revient dans le brouillard d’un souvenir. C’est Michel Berger qui chante quelques notes, et les années 80, la radio dans ma chambre, en été chez mes parents… Vingt ans après sa mort j’aime toujours autant Michel Berger, il prend même une saveur particulière du fait de ces années passées. Un peu rose, un peu tendre, des mots engagés, des mots d’amour, Michel Berger reste avec nous.
Michel Berger - Message Personnel
Derrière un autre nom, la même date, mais pour célébrer une naissance, celle de Peter O’Toole, magnifique acteur que j’ai découvert à travers ses yeux bleus dans Lawrence d’Arabie. Et puis Lord Jim, Comment voler un million de dollars, la guerre de Murphy, et même l’inclassable quoique pornographique Caligula scénarisé par Gore Vidal, dont je vous parlais hier. Bref, une belle et grande filmo, un regard toujours aussi intense, et des souvenirs de soirées à découvrir le cinéma, grâce à des acteurs comme lui.
Voilà, on attend toujours trop tard pour parler de ce qu’on aime, non ?
Je crois que j’ai toujours eu un faible pour les êtres qui se moquent gentiment de leur monde. Une douce vanité, doublée d’une véritable compassion, l’envie de toujours dit ce qu’on pense, même à son détriment, la capacité à s’intéresser et à toucher à tout, ne considérant aucun domaine comme réservé, voilà ce qui m’a fait aimer Gore Vidal très vite.
Gore Vidal est mort, et vous lirez dans la presse des informations sur sa naissance, son œuvre, ses liens avec le monde culturel et politique. On vous dira qu’il a côtoyé les plus grands noms de son temps, de JFK à Cocteau en passant par Truman Capote et Jack Kerouac. On vous le présentera peut-être même comme un mondain, gentiment dilettante…
Gore Vidal est tout ça, et encore plus. Un jeune homme qui a su tranquillement parler d’homosexualité à une époque où ça ne valait pas que des regards bienveillants. Un jeune homme qui s’est toujours intéressé à la politique, à la culture de la beauté, qui a eu la chance de fréquenter les grands noms de son siècle, mais qui a aussi beaucoup apporté à ses grands noms.
Romancier, scénariste, homme d’idées, Gore Vidal est un homme qui a traversé son temps comme une promenade, mais affective, engagée, un peu snob, un peu détachée, une promenade passionnante.
Gore Vidal a eu un regard et des mots acérés sur l’empire américain, ses guerres d’intérêts et ses errements autoritaristes. Et c’est amusant de savoir que cette psychotique allumée (non ce n’est pas un pléonasme en l’occurrence) de Michelle Bachmann s’est engagée en politique chez les Républicains, en réaction aux propres engagements de Gore Vidal.
C’était un intellectuel, l’acteur de sa propre vie. Et s’il était si peu connu en France, c’est, disait-il, parce que «en France, vous avez besoin de mettre les gens dans des catégories». Là-dessus, il n’a pas tort. Qu’est-ce qu’un homme qui écrit des romans, des essais, scénarise pour René Clément, Mankiewicz, Arthur Penn fait l’acteur, même pour Fellini, s’essaie en politique, s’exile dans une villa italienne, s’oppose à la guerre d’invasion en Irak ? Qu’est-ce, sinon un homme parmi les hommes, qui vit sa vie comme une fête avec ses outrances et ses ratés, ses illuminations et ses erreurs. Là où Norman Mailer (avec qui il était fâché) joue toujours la carte de la grandeur libératrice des USA, Gore Vidal n’a pas cette facilité de jouer le patriotisme pour être aimé. (Un jour, il faudra que je vous raconte à quel point je peux ne pas aimer Norman Mailer, surestimé par tous pourtant…) Il a dénoncé la manipulation qui a été faite de la peur, du terrorisme, pour imposer une sorte de totalitarisme poste 11 septembre qui ne dit pas son nom. Concernant l’élection de Bush Jr, «C'était un coup d’Etat», déclare-t-il ainsi à l’AFP en 2006. «Maintenir les gens sous la coupe de la peur est une grande manipulation totalitaire apprise auprès des dictatures européennes des années 1930».
En attendant, j’espère que vous lirez l’un ou l’autre de ses écrits.
J’ai adoré sa bio romancée de Julien l’Apostat, l’empereur qui a tenté de rétablir le paganisme.
En Direct du Golgotha est un roman halluciné, pas simple raconté, mais franchement hilarant et bien pensé, avec une vraie réflexion derrière : « Nous sommes à Thessalonique en 96 après J.-C., lorsque d'étranges personnages font irruption dans la vie de Timothée, évêque de Macédoine, ex-secrétaire et petit ami de saint Paul. Ils le pressent d'écrire sa version de l'Histoire sainte, car, loin dans le futur, un cyberpunk, appelé le Pirate, est en train de falsifier ou d'effacer toutes les bandes et tous les volumes contenant les Évangiles ; seul celui de Timothée serait à l'abri du terrifiant virus informatique. Simultanément, grâce à l'intervention de nouveaux logiciels, une équipe de techniciens de NBC s'apprête à remonter le temps pour filmer la Crucifixion en direct du Golgotha. Sous la plume de Timothée, le lecteur ahuri découvre un saint Paul bonimenteur et homosexuel, inventeur des claquettes et du rap, un saint Jacques résolument plus juif que chrétien, un Jésus obèse et boulimique... »
Palimpseste est son autobiographie, comme je disais doucement égotique, assez flatteuse pour lui, mais rude aussi parfois, et c’est surtout le témoignage passionnant d’une époque de folie.
Pour finir, une citation tiré de son livre La fin de la Liberté : « Finalement, les dommages que Oussama et ses amis peuvent nous causer - même s’ils sont déjà terribles - ne sont rien comparés à ce qu’ils ont fait à nos libertés. Une fois aliéné, un droit inaliénable risque d’être perdu à tout jamais, auquel cas nous ne serons plus, même vaguement, le dernier et le meilleur espoir de la terre, mais simplement un médiocre État impérial dont les citoyens sont mis au pas par des équipes spéciales du FBI et dont la façon de mourir, non de vivre, est imitée dans le monde entier. »
Vous vous en fichez certainement, mais là je bois un thé, délicieux, un de ceux reçue dans ma TeaBox, dont il faudra que je vous parle.
Sinon, je suis à la recherche d’une valisette souple, pour un truc que j’ai en tête, ou une valisette pas souple, mais pas en paille ni rotin, de bonne dimension, mais pas trop grande. Un peu plus grande qu’un ordi portable, mais pas pour accueillir un ordi, une valisette quoi, et joli si possible, si vous avez des pistes, je prends.
Où es-tu passé mon passé ? C'est une question que je me pose quelquefois. La mémoire est une obsession chez moi. Plus que la mémoire le regret de celle-ci. Je ne suis pas une personne particulièrement cafardeuse, mais je peux verser facilement dans la mélancolie des souvenirs passés. J'aime la vie, le mouvement, l'idée que chaque nouveau jour offre un champ infini de possibilité. Mais je reste fidèle à ma mémoire et attachée à mon passé.
Pour tout dire, j'ai du mal avec la fin : les souvenirs ce sont avant tout des choses qui se sont terminées, qui n'existent plus. On ne peut plus rattraper le passé, il est, comme dit la chanson, si loin et si près, et je ne peux le toucher.
J'ai plus de 30 ans et cela fait bien 20 ans que j'attends de grandir, de devenir adulte. Plus petite, j'étais assez mystique, et je pensais qu'il viendrait un message d'on ne sait où, qui me dirait le moment venu, quoi faire, comment et pourquoi le faire. Et je prenais pas mal de choses au pied de la lettre. Je n'étais déjà pas très intelligente : je pensais que vers 18-20 ans, je deviendrais brusquement quelqu'un d'autre, une adulte portée vers son avenir, avec la maturité et la sérénité nécessaire à l'accomplissement de ce long chemin qu'est la vie.
Mais non. Il n'y a jamais eu de message descendu des nuages, il n'y jamais eu cette transformation d'une enfant en une adulte accomplie. Il y a juste la même personne encore assez lucide pour comprendre que chaque moment qu'elle vivait, qui se terminait, était un morceau d'elle qui lui était arraché.
Je n'aime pas le temps tel qu'on en a conscience, c'est-à-dire le temps linéaire, l'abscisse terne et trop simple. Je préfère m'accrocher à l'idée que le temps possède plusieurs dimensions. Je suis cataloguée comme littéraire (malgré mon amour des fautes d'orthographe...) mais les sciences physiques m'ont toujours attirée. L'étude de la physique est comme celle de la philosophie : un facteur essentiel de la construction de l'âme humaine.
Le temps m'échappe, il file entre mes doigts, et ce qui est passé ne reviendra jamais. J'ai cherché des moyens de me rassurer, de trouver des réponses qui me conviennent. La lecture physique du temps que j'ai pu découvrir chez Einstein, Minkowski ou Planck a pu me donner un peu d'espoir d'un point de vue théorique, mais il n'en restait pas moins que le passé ne revient pas car je ne sais pas dépasser cette dimension linéaire. J'ai longtemps crû qu'en les lisant bien et consciencieusement, je pourrais comprendre ce que ces physiciens démontraient, et alors je serais assez maligne pour sauter dans une autre dimension du temps : quand je vous dis que je ne brillais guère par mon intelligence... Bref, j'ai fini par comprendre qu'en allant plus vite que la lumière j'arriverais à peine à retourner quelques secondes en arrière... Vanité. Je continue à creuser ces théories bien compliquées pour ma petite cervelle, mais en parallèle je me suis intéressée à la notion ésotérique et philosophique du temps, avec des référents tels que Mircea Eliade, Zénon,RenéGuénon ou Bertrand Russel. Mais aussi intéressante que soient ces lectures (et franchement elles le sont !), elles ne m'ont jamais apporté la solution immédiate et concrète que j'attends : le moyen de rattraper ma vie dans tous ses moments particuliers qui me sont chers.
Je pensais qu'être adulte c'était accepter de laisser les choses derrière soi, pour ne regarder que devant, ou tout au moins accepter sereinement de ne pas tout maitriser en ce domaine.
Alors j'attendais que ça vienne, la sérénité, le renoncement. Mais le temps se contente de passer, avec lui les moments et les souvenirs, les sentiments, l'amour, la mémoire.
Je ne suis plus aussi angoissée par le temps qu'à 17 ans, mais je reste dépitée par l'idée que je ne peux contrôler le temps. J'aimerais pouvoir sauter allègrement de l'année 1981 à 1992, revenir aujourd'hui et repartir en 1986. Pourquoi les choses se terminent-elles ? Pourquoi ne peut-on revivre éternellement nos moments préférés. Je ne renie pas l'avenir pour autant, parce que le passé a été un moment un avenir qui m'a offert de nouvelles joies.
Je revois mon enfance, des moments d'incroyable insouciance, le soleil dans le jardin de mes parents, ma grand-mère, les oliviers et la colline qui grimpe vers Akbou.
Mon passé c'est le ruisseau qui coulait derrière la maison, les expéditions avec mes cousins dans le verger, comme si c'était une forêt mystérieuse, le sommeil lourd de la sieste quotidienne, les premiers garçons, les lectures d'auteurs inconnus...
Je voudrais qu'il n'y ait que des premières fois qui durent toujours.
Où es-tu passé, mon passé Perdu dans les gorges de la Chiffa ? Le ruisseau oublie la guerre L'eau coule comme naguère Les enfants ne font plus de grimaces Ils dansent dans la vallée Ils oublient leur faim et leur race Ils jouent en liberté
Où es-tu mon passé Si beau, si loin, si près ? Où es-tu passé mon passé Là-bas, ici ou à côté ?
Les pique-niques en famille Les chapeaux de paille en pacotille Les tomates ruisselantes d'huile d'olive Les moustiques partaient sur l'autre rive C'était le temps de la puberté, Nous chassions les mauvaises pensées Les arbres nous tenaient à l'ombre Nos cœurs amoureux étaient sombres
Où es-tu mon passé Si beau, si loin, si près ? Où es-tu passé mon passé Là-bas, ici ou à côté ?
Où es-tu passé, mon passé Dans ce village de cyprès Où coule la source la plus belle ? Comme un oiseau, mon âme a pris ses ailes Pour monter là-haut dans le ciel bleu Rejoindre ce monde étrange de feu, Le jardin parfumé des artistes, Graver un nom de plus sur la liste
Où es-tu mon passé Si beau, si loin, si près ? Où es-tu passé mon passé Là-bas, ici ou à côté ?
Mon pays sent bon le jasmin J'aimerais y retourner demain Les fleurs ne sont plus arrosées La terre rouge s'est refermée ! La guerre assassine les innocents, Les vieux, les femmes et les enfants Et le ruisseau de ma jeunesse, Léger, danse avec ivresse
Où es-tu passé, mon passé ? Le soleil se couche derrière les orangers J'ai peur d'oublier mes souvenirs Non, non, il ne faut pas mourir !