Hier soir, j'ai twitté du Dylan Thomas, mais finalement #OSEF, il y avait Nouvelle Star.
J'ai quelques bouquins à finir, et des CD à mettre sur mon Ipod.
Donc lundi 1er Mars, c'était la première journée sans immigrés. Autant le dire tout de suite, même si la mobilisation a été notable, l'impact économique n'est pas vérifiable de suite.
Le but de cette journée, de mon point de vue, enfin ce qui a motivé ma démarche, c'est de signifier aux yeux du monde que nous sommes là, et que notre place est acquise.
Cette initiative est née sur un coin de table, tout récemment, et ce n'est qu'un premier défi. Tous, « minorités visibles », plus ou moins visibles, nous avons chaque jour à affronter et subir des propos, des clichés, des phrases qui se veulent plus ou moins drôles. Chaque jour nous devons justifier d'être là, et pas ailleurs : quel ailleurs d'abord ? Je crois qu'il faut vraiment le vivre dans son quotidien, dans sa chair, pour comprendre ce ras le bol que beaucoup ressentent aujourd'hui. Ras le bol d'être vu toujours comme un étranger, un immigré, que l'on soit né ici ou ailleurs. On peut trouver cela anedcdotique, et balayer ces clichés d'un revers de la main, se dire qu'on s'en fiche. Certes. Mais arrive un moment où l'on ne veut plus supporter cela, où l'on ne veut plus faire profil bas.
J'ai fait toute ma scolarité dans un milieu assez protégé, pourtant il m'est arrivé d'avoir honte de moi, honte de ce que j'étais : une arabe (même si je suis d'origine kabyle), une « immigrée ». Oui, quand à l'école on abordait en géographie ces thématiques, les regards se tournaient vers moi, comme pour voir en vrai ce dont on parlait. J'avais honte. De quoi ? Je ne sais pas. Je sais juste qu'on était désigné comme un bloc uniforme, de gens venus quémander la charité de l'ancien colonisateur. Evidemment l'histoire est autre, mais dans les années 80 nous étions ainsi conditionnés, gens d'origine étrangère, à faire profil bas, à être modeste, à accepter un destin de tâches ingrates et discrètes, parce que c'était déjà une chance d'être ICI.
Il fallait se faire remarquer le moins possible, avoir presque une attitude de larbin. Oui, à ce point : s'excuser d'être là et remercier. Alors qu'on était des êtres normaux, comme les autres, qui travaillent, qui vivent avec les mêmes espoirs et les mêmes illusions que les autres.
Et depuis quelques mois, grâce notamment au « camarade » Éric Besson, voilà que nous, personnes d'origine étrangères (enfin surtout les noirs et les arabes, autant être clair...) sommes la cible et l'origine de tous les maux. Entre débats foireux sur l'identité nationale et islamisation rampante, les projecteurs sont braqués sur les mêmes, toujours...
Vient un jour le moment de dire stop : nous ne serons plus les boucs émissaires de la moindre crisette, les coupables désignés à la vindicte populaire à la veille de chaque élection. Nous sommes des citoyens aussi valables que les autres.
Certes avec cette démarche, on est essentiellement dans le symbolisme, mais il faut bien commencer quelque part...
Et sinon, la Nouvelle Star ? Intéressant ou pas ?