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cinéma

  • Patients - Grand Corps Malade et Mehdi Idir - Chronique et concours

    Patients est le premier long métrage de Grand Corps Malade et Mehdi Idir. Ils ont également quelques courts-métrages dont des clips du célèbre slammer en collaboration à leur actif. Une des dernières avant-premières proposées se passait dans les locaux de Gaumont à Neuilly et nous avons eu la chance que les deux réalisateurs se déplacent en compagnie de l’acteur principal Pablo Pauly.

    Le film est une adaptation du roman plus ou moins autobiographique de Grand Corps Malade. Le film se déroule entre le réveil de Benjamin (Grand Corps Malade s’appelle Fabien) au service de réanimation et sa première apparition « en dehors » pour la finale du championnat de basket-ball jouée par l’équipe de Saint-Denis dont il était membre. J’ai en effet pu reconnaître la salle Delaune et le conseiller départemental Bally Bagayoko qui interprétait l’arbitre.

    Entre les deux, « Ben » a passé une année complète au centre de rééducation Coubert en Seine-et-Marne. A son réveil après transfert, il rencontre d’abord Jean-Marie (Alban Ivanov), aide-soignant de l’équipe du matin. Le premier abord est délicat, Jean-Marie parlant aux patients à la troisième personne, un tic médical immortalisé en son temps dans un sketch des Inconnus.

    Le centre accueille des brûlés, que l’on verra peu, des traumatisés crâniens dont Samir, joué par un ami des réalisateurs, véritable « TC » mais sans les mêmes problèmes moteurs. Samir a d’ailleurs une mémoire à long terme déficiente et appellera Ben Julien à chaque nouvelle rencontre.

    Mais le film est centré sur les handicapés moteurs. Ben (donc Pablo Pauly) a 20 ans, le film va nous tourner autour des jeunes pensionnaires, qui sont d’ailleurs les plus nombreux. Ceci s’explique car ils sont les plus susceptibles de progresser. Les garçons sont plus nombreux – ils prennent plus de risques. La grande question qui agite les pensionnaires, à laquelle les réalisateurs disent ne pas avoir la réponse, est celle du milieu social : il n’y a que des personnes de milieu populaire. Cela fait bouillir de colère Steve (Franck Falise, qui est né pour exprimer la frustration et la colère à l’écran) qui ne comprend pas pourquoi les bourgeois n’ont jamais d’accident. J’ai bien une suggestion – sans preuve - : les hôpitaux choisissent les centres d’aval en fonction du domicile des patients. Il est même probable que ceux qui en ont les moyens peuvent s’orienter vers des centres privés haut de gamme.

    Tous les handicaps moteurs sont représentés. Farid (Soufiane Guerrab) est paraplégique depuis l’âge de quatre ans. Toussaint (Moussa Mansaly) est tétraplégique complet suite à un accident de voiture. On apprend qu’il n’a pas connu ses parents, a toujours été seul dans la vie, a créé sa propre entreprise. Juste au moment où tout allait bien pour lui, il a eu cet accident. A un moment du film, Toussaint est transféré en foyer pour handicapés car il ne progresse plus. On ne le reverra plus. Ben apprend par son kinésithérapeute que Toussaint a fait un infarctus mortel. « Ne plus progresser », c’est la fin de l’espoir, qui est assimilé à la mort. C’est pour cela que le médecin du centre (Dominique Blanc) et Farid font comprendre à Ben qu’il doit changer d’espoir. On a du mal à y croire mais Ben a réellement cru pouvoir rejouer au basket en compétition valide. (Il existe cependant des compétitions handisport, ce dont le film ne parle pas, mais peu adaptées aux handicaps du haut du corps).

     

    Ben est tétraplégique incomplet. Au début du film, il ne bouge presque pas. Contrairement à Toussaint cependant, ses progrès sont très rapides. On apprend que son accident vient de ce qu’il a sauté dans une piscine avec trop peu d’eau. Il trouve cela ridicule aussi ne l’avoue-t-il que tardivement. Ayant demandé à un ami proche qui a été externe en SSR, je peux affirmer que c’est une cause classique de handicap moteur chez les jeunes. Les jeunes retraités représentent un autre pic de survenue de ces handicaps, l’accident type venant pour avoir voulu réparer soi-même le toît ou gauler les cerises dans l’arbre.

    La question des relations amoureuses est également posée. Farid est moqué car handicapé depuis l’enfance, on en déduit qu’il est puceau. Ben renonce – à tort ou à raison - à se mettre en couple avec Samia (Nailia Harzoune) lorsqu’il se retrouvera dehors pour ne pas multiplier les difficultés. Au grand désarroi de celle-ci, il se contentera de l’éviter par la suite plutôt que de parler franchement.

     

    Patients est un film réaliste jusqu’au bout. Il n’y a pas de retour de flamme improbable dans la vie, mais fréquent au cinéma. C’est en cela qu’on voit que les acteurs sont excellents, parce que c’est dans de tels films que le spectateur doit croire à leur jeu. Ils incarnent tous si parfaitement leur rôle qu’on a l’impression de déjà les connaître.

     

    À l’occasion de la sortie du film, j’ai la possibilité de vous faire gagner cinq fois deux places pour aller le découvrir, ainsi que le livre autobiographique de Grand Corps Malade, qui est le cœur de cette adaptation.

    Pour participer, dites-moi en commentaire, ici ou sur Twitter ou bien Instagram, pour quel cadeau vous concourez : les places de ciné ou le livre. Dites-moi également ce qui pourrait vous toucher dans ce film.

    je tirerais au sort indifféremment parmi tous les participants, tout supports confondus

    Résultat jeudi 2 mars au soir

     

    Si vous voulez me suivre sur: 

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    La page Facebook de Patients

     

     

    Sortie nationale le 1er mars 2017

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    Edit : les gagnants sont :

    Bergeou (places)

    Marikozen (places)

    Didile (places)

    Sissiçavousplait (places)

    LudivineP (places)

    Marieed (livre)

     

    Merci à tous les participants. Ne soyez pas trop déçus, la semaine prochaine il y aura une autre petite surprise à gagner, un livre qui devrait vous donner le sourire ! Stay tuned

  • Laura Antonelli

    Ce n’était pas la plus connue des actrices italienne, et alors ? Laura Antonelli est morte, et avec elle un peu du mythe parfait de la femme sensuelle, qui dispense un charme aussi érotique qu’innocent et joyeux.

    Laura, je me rappelle des vieux Paris Match de mon enfance, qui étaient déjà des archives à l’époque. Je me rappelle ces pages où tu posais souriante à côté de Belmondo. Laura, tu étais la femme, brune et mystérieuse, sûre d’elle, cette actrice qui n’était pas dupe de ses rôles, malgré tout.  

    Laura Antonelli est morte, et avec elle le vestige d’un certain passé, insouciant, drôle, farfelu et peut-être même un peu trop insouciant.

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  • Très Yolo ce soir encore

    Bon, les Césars, même pas j’en parle. Cérémonie longue, chiante, pénible, pleine de gags à deux francs qui ne font rire que l’entre soi, et encore, d’un rire gêné. C’est peut-être ça l’esprit Canal ?

    Donc on passe directement aux Oscars. N’ayez pas peur, je ne vous affligerai pas une analyse poussée des résultats, ni rien de très technique en fait : je suis le genre de cinéphile qui sait juste dire « j’aime bien » ou « j’aime pas trop trop ». On a connu plus fouillée comme critique.

    Alors voilà, je suis très contente pour J.K. Simmons ( #TeamDrSkoda et le papa de Juno !!) et Patricia Arquette (ma Medium favorite, plus efficace qu’Élisabeth Teissier) ; deux beaux acteurs dans deux superbes film ( Whiplash et Boyhood).

    Sinon, la cérémonie en elle-même, putain mais quelle claque, dès l’ouverture avec ce numéro superbe de Neil Patrick Harris, avec Jack Black et Anna Kendrick :

    C’est pas le talent ça ?

    Il y avait aussi ce clin d’œil musical, aussi drôle et talentueux, à l’absence de nomination pour Lego The Movie :

    Voilà, je suis contente et de bonne humeur, ne m’en demandez pas plus aujourd’hui :)

     

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  • Le temps efface tout il n'éteint pas les yeux

    Monday sucks, je vous le disais ce matin. Encore plus en cette fin de journée où j’apprends la mort d’Annie Girardot. Je ne vais pas m’étaler sur le sujet ou faire dans le pathos, juste rappeler quelle actrice merveilleuse elle à été, même si le  milieu du cinéma l’a boudée un temps… Je me rappelle de sa beauté dans ses films de jeunesse, sa présence sublime et drôle parfois…

    Annie girardot, cinema, marcel proust,

     

     

    Annie girardot, cinema, marcel proust,

    J’ai une expression merdique pour signifier que je vais peu au cinéma, je dis que je n’aime que les films avec des acteurs morts dedans. Vraiment merdique comme expression… Mais elle se confirme…

     

    Sa mémoire s’était envolée, triste destin de celle qui marque les nôtres, de mémoire.

    Et sur ce temps qui passe, cruel et froid, me revient ce poème de Marcel Proust, avec ses quelques vers qui me mettent les larmes aux yeux ce soir.

    Ne lisez rien de moi ici, mais lisez ces lignes, et si elles ne vous vrillent pas le cœur, alors c’est que vous n’en avez plus… 

     

    Je contemple souvent le ciel de ma mémoire

    Le temps efface tout comme effacent les vagues
    Les travaux des enfants sur le sable aplani
    Nous oublierons ces mots si précis et si vagues
    Derrière qui chacun nous sentions l'infini.

    Le temps efface tout il n'éteint pas les yeux
    Qu'ils soient d'opale ou d'étoile ou d'eau claire
    Beaux comme dans le ciel ou chez un lapidaire
    Ils brûleront pour nous d'un feu triste ou joyeux.

    Les uns joyaux volés de leur écrin vivant
    Jetteront dans mon cœur leurs durs reflets de pierre
    Comme au jour où sertis, scellés dans la paupière
    Ils luisaient d'un éclat précieux et décevant.

    D'autres doux feux ravis encor par Prométhée
    Étincelle d'amour qui brillait dans leurs yeux
    Pour notre cher tourment nous l'avons emportée
    Clartés trop pures ou bijoux trop précieux.

    Constellez à jamais le ciel de ma mémoire
    Inextinguibles yeux de celles que j'aimai
    Rêvez comme des morts, luisez comme des gloires
    Mon cœur sera brillant comme une nuit de Mai.

    L'oubli comme une brume efface les visages
    Les gestes adorés au divin autrefois,
    Par qui nous fûmes fous, par qui nous fûmes sages
    Charmes d'égarement et symboles de foi.

    Le temps efface tout l'intimité des soirs
    Mes deux mains dans son cou vierge comme la neige
    Ses regards caressants mes nerfs comme un arpège
    Le printemps secouant sur nous ses encensoirs.

    D'autres, les yeux pourtant d'une joyeuse femme,
    Ainsi que des chagrins étaient vastes et noirs
    Épouvante des nuits et mystère des soirs
    Entre ces cils charmants tenait toute son âme

    Et son cœur était vain comme un regard joyeux.
    D'autres comme la mer si changeante et si douce
    Nous égaraient vers l'âme enfouie en ses yeux
    Comme en ces soirs marins où l'inconnu nous pousse.

    Mer des yeux sur tes eaux claires nous naviguâmes
    Le désir gonflait nos voiles si rapiécées
    Nous partions oublieux des tempêtes passées
    Sur les regards à la découverte des âmes.

    Tant de regards divers, les âmes si pareilles
    Vieux prisonniers des yeux nous sommes bien déçus
    Nous aurions dû rester à dormir sous la treille
    Mais vous seriez parti même eussiez-vous tout su

    Pour avoir dans le cœur ces yeux pleins de promesses
    Comme une mer le soir rêveuse de soleil
    Vous avez accompli d'inutiles prouesses
    Pour atteindre au pays de rêve qui, vermeil,

    Se lamentait d'extase au-delà des eaux vraies
    Sous l'arche sainte d'un nuage cru prophète
    Mais il est doux d'avoir pour un rêve ces plaies
    Et votre souvenir brille comme une fête.

     

    Voilà, une femme s’éteint, avec elle une partie de ce monde…