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séisme

  • Dumas, Murakami et Haïti

    Merci aux huit adorables personnes qui ont pris la peine d’aller voter pour moi pour le concours de La Coquinerie. Je n’ai gagné ni le week-end (Dieu sait que j’aurais pourtant eu besoin d’une petite échappée, depuis 18 mois que je n’ai pris de vacances ^^) ni l’objet coquin (mais ça je suis déjà bien pourvue, ahem...) Mais je suis contente de mon texte, j’aime écrire, c’est toujours un exercice sympa, et rien que cela est un plaisir en soi !

    Quelques lectures à vous raconter aujourd’hui, assez différentes l’une de l’autre.

    D’abord, un Alexandre Dumas inédit pour moi : le Chevalier d’ Harmental, offert par une personne qui sait combien j’aime Dumas…

     

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    Qu’il en soit remercié, j’ai eu le plaisir d’une lecture qui m’a presque transporté dans ma chambre d’enfant, quand je découvert les Trois Mousquetaires ou  le Comte de Monte-Christo !

    Alors, ce roman est semble-t-il le premier  roman historique écris par Dumas. Raoul d’Harmental est un jeune aristocrate monté à Paris, et qui s’est illustré dans les dernières batailles précédant la mort de Louis XIV. La mort de celui-ci va changer son sort, puisqu’il va se retrouver au milieu des conflits qui marquent la régence sous la minorité de Louis XV. Après avoir perdu son régiment et sa maitresse, Raoul décide de prendre les choses en mains et pour le coup entre vraiment dans les méandres de la conspiration contre le régent. L’occasion pour lui de rencontrer une délicieuse orpheline, Bathilde (oui, le nom est d’époque, cherche pas…) et d’en tomber amoureux…C’est un vrai roman de cape et d’épée, avec des batailles, des guets-apens, des embastillements et des retournements de situations pour le plus grand bonheur du lecteur ! Il y a eu une adaptation télévisée, que je n’arrive pas encore à me procurer, mais qui m’intéresse aussi. Un extrait de l’œuvre :

    « Le 22 mars de l’an de grâce 1718, jour de la mi- carême, un jeune seigneur de haute mine, âgé de vingt- six à vingt-huit ans, monté sur un beau cheval d’Espagne, se tenait, vers les huit heures du matin, à l’extrémité du pont Neuf qui aboutit au quai de l’École. Il était si droit et si ferme en selle, qu’on eût dit qu’il avait été placé là en sentinelle par le lieutenant général de la police du royaume, messire Voyer d’Argenson.

    Après une demi-heure d’attente à peu près, pendant laquelle on le vit plus d’une fois interroger des yeux avec impatience l’horloge de la Samaritaine, son regard, errant jusque-là, parut s’arrêter avec satisfaction sur un individu qui, débouchant de la place Dauphine, fit demi-tour à droite et s’achemina de son côté.»

    […]

    « Ce qu’il avait prévu arriva. Au bout d’un instant, une charmante tête de jeune fille parut dans l’encadrement de la fenêtre ; mais comme sans doute le terrain sur lequel s’était hasardé avec tant de courage celui qui l’avait appelée était trop humide, elle ne voulut point aller plus loin. La petite levrette non moins craintive que sa maîtresse, resta près d’elle, ses pattes blanches posées sur le rebord de la fenêtre, et secouant la tête en signe de négation à toutes les instances qui lui furent faites pour l’attirer plus loin que sa maîtresse ne voulait aller.

    Cependant il s’établit un dialogue de quelques minutes entre le bonhomme et la jeune fille. D’Harmental eut donc le loisir de l’examiner avec d’autant moins de distraction que sa fenêtre étant fermée lui permettait de voir sans entendre.

    Elle paraissait arrivée à cet âge délicieux de la vie où la femme, passant de l’enfance à la jeunesse, sent tout fleurir dans son cœur et sur son visage, sentiment, grâce et beauté. Au premier coup d’œil, on voyait qu’elle n’avait pas moins de seize ans, mais pas plus de dix-huit. Il existait en elle un singulier mélange de deux races : elle avait les cheveux blonds, le teint mat et le col ondoyant d’une Anglaise, avec les yeux noirs, les lèvres de corail et les dents de perles d’une Espagnole.

    Comme elle ne mettait ni blanc ni rouge, et comme à cette époque la poudre commençait à peine à être de mode, et d’ailleurs était réservée aux têtes aristocratiques, son teint éclatait de sa propre fraîcheur, et rien ne ternissait la délicieuse nuance de sa chevelure. Le chevalier resta comme en extase. En effet, il n’avait vu dans sa vie que deux genres de femmes : les grosses et rondes paysannes du Nivernais, avec leurs gros pieds, leurs grosses mains, leurs jupons courts et leurs chapeaux en cor de chasse, et les femmes de l’aristocratie parisienne, belles sans doute, mais de cette beauté étiolée par les veilles, par le plaisir, par cette transposition de la vie qui les fait ce que seraient des fleurs qui ne verraient du soleil que quelques rares rayons, et à qui l’air vivifiant du matin et du soir n’arriverait qu’à travers les vitres d’une serre chaude. Il ne connaissait donc pas ce type bourgeois, ce type intermédiaire, si on peut le dire, entre la haute société et la population des campagnes, qui a toute l’élégance de l’une et toute la fraîche santé de l’autre. Aussi, comme nous l’avons dit, resta-t-il cloué à sa place, et longtemps après que la jeune fille était rentrée, avait-il les yeux encore fixés sur la fenêtre où était apparue cette délicieuse vision.»

    Une merveille, non ? Ceci me permet d’ajouter une petite perle au challenge Alexandre Dumas organisé par Ankia.

     

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    Ma prochaine lecture prévue de cet auteur est Le Collier de la Reine.

    Ensuite, changeons de coefficient espace-temps, comme dirait le Capitaine Kirk, et retrouvons-nous au Japon au XXème siècle.

    Les Bébés de la Consigne Automatique est un roman, des plus connus, de Ryû Murakami. Le premier que j’ai lu de cet auteur. L’histoire est sombre, noire, violente, trash pour tout dire.

     

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    Kiku et Hashi sont abandonnés à leur naissance dans le casier d’une consigne automatique. Le roman raconte le voyage aux enfers des deux enfants devenus adultes, qui revivent le traumatisme initial à travers un délire mental incessant. On suit leur vie depuis l’orphelinat, jusqu’à l’adoption et à leur déliquescence mentale. Sexe, destruction des sentiments et des gens de leur entourage, violence et haine, le roman n’a rien d’une rose épopée. C’est bien loin de l’image d’un Japon zen, propret et carré que l’on pourrait avoir.

    J’ai adoré, aussi bien l’écriture que le sujet. Le côté « dérive psychiatrique » me fascine. L’appropriation d’un traumatisme comme objet de rancune au quotidien est parfaitement décrit. Quoique rancune ne soit pas le bon terme. Il y a un aspect « fatum » plutôt, une force extérieure, presque, qui envahit les deux garçons. Et tous, autour d’eux, vont en payer le prix.  C’est un roman difficile, mais il y a des pages apaisantes curieusement, et puis des personnages secondaires qui apportent un peu de repos.  Créer des liens, être inséré dans la société, peut sembler évident et facile : il suffit d’être et d’exister. Mais ce roman montre au contraire qu’il ne suffit pas de la bonne volonté ou de la bienveillance de quelques un pour apprendre à tisser ces liens. Et on peut voir comment une enfance qui a mal commencé, avec l’abandon, même si elle s’est retrouvée sur de « bons rails », marque une vie entière. L’écriture est dense, cadencée, frénétique presque, et il y a quand même cette dimension d’introspection qui en fait pour moi un roman indispensable. Ça me rappelle un peu pourquoi je hais ce monde, autant que je peux l’adorer…

    Un extrait :

    «Au moment où elle finissait d’étaler le vernis sur l’ongle de son pouce gauche, le bébé, au fond des ténèbres de sa boîte, à la gare, était déjà en état de mort apparente. La sueur qui commençait à perler de tous ses pores, inonda d'abord sont front, puis sa poitrine, ses aisselles, et refroidit tout son corps. Il remua alors les doigts, ouvrit la bouche et se mit soudain à hurler sous l'effet de la chaleur étouffante. L'air était humide, lourd, il était trop pénible de dormir enfermé dans cette boîte doublement hermétique. La chaleur intense, accélérant la circulation de son sang, l'avait réveillé. Dans l'insupportable fournaise de cette obscure petite boîte en carton, en plein été, il venant de naître une seconde fois, soixante-seize heures après être sorti du ventre de sa mère. Il continua à hurler de toutes ses forces jusqu'à ce qu'on le découvre. »

    Ceci me donne le plaisir de participer au challenge Murakami de Martial.

     

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    Pour finir, comme nous sommes dimanche, une petite poésie, autour de la lecture justement :

    La nuque d'un lecteur debout au fond

    Son profil gauche

    Mâchoire serrée

    Concentration massive

    Il s'apprête à changer de siècle

    là, sous mes yeux

    Sans bruit

     

    J'ai toujours pensé

    que c'était le livre qui franchissait

    les siècles pour parvenir jusqu'à nous

    Jusqu'à ce que je comprenne

    en voyant cet homme

    que c'était le lecteur qui fait le déplacement

     

    Ne nous fions pas trop à cet objet couvert de signes

    que nous tenons en main

    et qui n'est là que pour témoigner

    que le voyage a bien lieu.

     

    C’est un poème de Dany Laferrière, poète haïtien.

    L’occasion pour moi de vous parler de l’association Planète-Urgence. Si vous allez sur ce site (click) vous verrez cette initiative en collaboration avec la photographe Laurence Guenoun : la possibilité d’acheter des tirages photos, qui viendront aider au financement et à la reconstruction d’Haïti. Je vous laisse lire et regarder les photos en questions. Le temps passe, et nous ne suivons pas toujours l'évolution des situations d'urgence du passé... Un petit rappel de temps en temps nous fait souvenir qu'il y a de par le monde bien des gens qui ne vievent pas un quoitidien enviable. Et tout près de chez nous aussi, hélas...

    Bon, ça nous fait un dimanche bien rempli, dont je vous laisse profiter, sans vous retenir plus longtemps. Mais en vous remerciant de votre présence ici, jour après jour.

     

    Bonus : un article sur Salade Océane !

     

     

    Les compagnons poètes du dimanche de Bookworm :

     

     Alex : Mot-à-mots Alinea66 : Des Livres... Des Histoires...Anne : Des mots et des notes, Azilis : Azi lis, Cagire :Orion fleur de carotte, Chrys : Le journal de Chrys, Ckankonvaou : Ckankonvaou, Claudialucia : Ma librairie,Daniel : Fattorius, Edelwe : Lectures et farfafouilles, Emmyne : A lire au pays des merveilles, Ferocias : Les peuples du soleil, George : Les livres de George, Hambre : Hambreellie, Herisson08 : Délivrer des livres?, Hilde : Le Livroblog d'Hilde , Katell : Chatperlipopette, L'Ogresse de Paris : L'Ogresse de Paris, L'or des chambres : L'Or des Chambres, La plume et la page : La plume et la page, Lystig : L'Oiseau-Lyre (ou l'Oiseau-Lire), Mango :Liratouva, MyrtilleD : Les trucs de Myrtille, Naolou : Les lectures de Naolou, Océane : Oh ! Océane !, Pascale :Mot à mot, Sophie : Les livres de Sophie, Wens : En effeuillant le chrysanthème, Yueyin : Chroniques de lectu


  • East

    Le Japon est à la une de l’actualité, un peu plus d’un an après Haïti…. La vie ne laisse pas le temps d’oublier un malheur qu’un autre surgit.

    Je ne vais pas gloser sur le sujet, le malheur c’est le malheur et chacun de nous le gère comme il peut. J’espère que tout s’arrangera pour eux, comme pour tous. Que souhaiter de plus…

    J’aime le Japon, son histoire, sa culture, son patrimoine, que je connais encore mal, depuis des années. J’y suis entrée par la littérature bien sûr. Yukio Mishima le premier, qui m’a ouvert à l’adolescence les yeux sur tout un  univers, codé, parfois sombre, mais où les sentiments et les mots font l’objet d’une précision et d’une justesse qui me comblent. Les mots ont un sens, les gestes aussi, et il m’a été agréable de découvrir une littérature ou le minimalisme et la précision devenait un art.

    Et puis, toujours à l’adolescence, Yasunari Kawabata et sa « nuée d’oiseaux blancs » ou ses « belles endormies » ont achevé de me faire aimer ce pays.

    La littérature japonaise classique m’a plu à cause ou malgré son dépouillement stylistique, son intensité incroyable.  Peut-être que c’est de là que me vient ma quête du beau invisible, l’infini détail qui échappe à l’œil.

    Les plus modernes ont su développer une écriture à part, plus fantasque encore.

    J’aime la littérature japonaise, ancienne ou plus contemporaines. J’aimerais en citer certains de mes préférés, et si votre chemin croise une librairie, n’ayez pas peur de les emporter avec vous. N’ayez pas peur de découvrir la délicatesse de Yasunari Kawabata, ou de Yasushi Inoue. Découvrez l’étonnant Lafcadio Hearn, le plus japonais des Irlandais. Junichiro Tanizaki, Kenzaburo Oe, Yukio Mishima, Haruki Murakami, Yoshikawa Eiji, la liste pourrait être longue encore…

    J’aime la littérature japonaise et puis l’histoire et les traditions japonaises. J’aime l’idée que je m’en fais. La cérémonie du thé, la peinture minutieuse des kanji, la beauté des kimonos, une certaine exubérance parfois, tout me plait.

    Pour finir, voici quelques œuvres réalisés suite au drame qui frappe le Japon. J’aime leur simplicité.

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    Help Japan by James White

     

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    Help Japan by Rob Dobi

     

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    Print 070/365 by The Living Conspiracy

     

     


    Et comme nous sommes jeudi, voici une citation à rajouter au tableau de Chiffonnette :

    «Il se trouve toujours quelque chose pour déranger les calculs les plus soigneusement établis par l'homme.»
    Saikaku Ihara.  

    Très vrai, n’est-ce pas ?

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    La Grande Vague de Kanagawa - par Katsushika Hokusai -1831