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  • Bloguer à propos de bloguer

    Dimanche soir, les vacances ne sont pas encore terminées, pas tout à fait.

    J’ai (enfin !) fait le tri dans mes fichiers mp3, epub, et autres : c’était un bazar sans nom, qui n’encourageait pas vraiment à l’effort. Retrouver un document précis relevait du défi.

    J’ai profité du soleil, du temps propice à la paresse pour paresser un peu, et réfléchir.

    Voilà, je me demande si tout ceci est encore bien utile, ou nécessaire ?

    Je fais allusion au blog.

    Le temps passe, je tiens ce blog, de manière de plus en plus erratique, depuis quoi, sept ou huit ans ? Les choses ont changé, et ce n’est pas forcément mon cas. Je veux dire, fut un temps, on écrivait pour partager, rire, s’épancher, pour rien, pour tout et pour simplement le bonheur d’écrire.

    Donc pas forcément pour un lectorat. Mais forcément, si l’on écrit, c’est aussi pour être lu, entendu. Or les choses ont changé. Il y a une professionnalisation des blogs qui lisse un peu cet univers, et surtout, je me demande si les « lecteurs », ne s’attendent pas forcément à plus de communications que de billets d’humeur ?

    Je dis peut-être des bêtises.

    Je me demande en fait quel est mon « petit plus », dans ce monde, vu mon peu de propension à faire des concours, faire gagner des trucs (pour ça, il faudrait que je réponde aux mails que je reçois…)

    Il m’arrive de caser un biller sponso de temps à autre, en me demandant encore comment quelqu’un peut être intéressé.

    Il m’arrive encore d’écrire des billets perso, de manière très irrégulière, pas par manque d’envie, mais par manque de temps : les mois derniers ont été difficiles de ce point de vue.

    Bref, beaucoup de questions, une seule réponse : j’écris ici de temps en temps parce que j’en ai envie, pour les mêmes raisons qu’il y a huit ans. Les blogs passent, changent, je me demande parfois ce qu’est devenue telle ou telle bloggeuse,  je m’en veux souvent de mon incapacité à créer des liens url et irl avec des gens que je me contente d’apprécier de loin. Mais c’est comme ça. C’est ma particularité, ça changera peut-être un jour, mais en attendant je me sens décalée dans la « bloggo », je n’y trouve pas ma place.

    Devrais-je changer maintenant ? Je ne saurais pas faire.

    Devrais-je arrêter ? C’est ce que je fais entre deux billets, après tout.

    Arrêter, et recommencer encore.

    J’aime bien les commencements.

    On dirait que c’est un commencement aujourd’hui ?

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  • Cinna - Corneille

    Dans ma quête de lectures à partager, après Aristophane, je me suis jetée sur la suggestion de Maggie de se plonger dans Cinna de Corneille !

    Voilà une vraie découverte pour moi, car je n’ai pas ouvert une pièce de Corneille depuis le collège. J’aime bien Racine, j’adore Molière, mais Corneille, bof, je n’ai jamais creusé plus que nécessaire.

    Donc Cinna, qu’en est-il ?  Sa première caractéristique est technique : c’est la première pièce de Corneille qui respecte la règle des unités de temps, de lieu et d’action. Passé cela, nous avons cinq actes d’alexandrins forcément bien travaillés pour nous conter l’histoire de la clémence d’Auguste envers Cinna. Auguste, empereur de Rome, a assis son autorité, comme tout le monde à l’époque, à l’aide de quelques meurtres et d’une cruauté nécessaire. Voilà qui appelle forcément la vengeance et la haine à son encontre. Notamment celle d’Emilie, sa filleule dont il a tué le père, et Cinna, l’amoureux de cette Emilie. Auguste est conscient du tumulte autour de lui, des désirs de vengeance qu’il peut susciter, et lassé de vivre sur ses gardes, il sent bien que l’autoritarisme et la punition cruelle ne l’aideront pas à tenir longtemps. Quand bien même, ce n’est pas vivre que de vivre toujours dans la crainte et aux aguets.

    La pièce met en scène la douleur d’Emilie, qui ne pense qu’à venger son père, malgré les bienfaits dont la comble Auguste, l’amour de Cinna qui vient plonger dans ce fleuve de vengeance et se trouver tourmenté par des appels contradictoires de sa conscience. La bonté d’Auguste envers les conjurés, Emilie, Cinna, et aussi Maxime, les porte à de nombreuses réflexions sur le bien-fondé de leurs actions envers un homme qui se fait leur protecteur et bienfaiteur.

    Quand au terme de ces tergiversations chacun ira dire sa vérité devant Auguste, ce dernier aura encore cette intelligence qu’on attendrait de beaucoup aujourd’hui : faire preuve de clémence pour avancer. La clémence d’Auguste ne vient pas comme une évidence, elle accouche dans la souffrance,  pour la simple et bonne raison qu’on ne fait la paix qu’avec ses ennemis.  Le choix des hommes est simple, aujourd’hui comme du temps d’Auguste et Cinna : soit l’on se fait éternellement la guerre, soit l’on décide qu’il n’y a pas de vie apaisée pour chacun, sans l’apaisement de tous.

    Je n’ai pu m’empêcher de penser aux différents conflits actuels qui émaillent l’actualité, et au fait que chacun renvoie la balle de la culpabilité à l’autre « c’est toi qui a commencé, je dois me venger, et si tu te venges, je me vengerais de ta vengeance après » ad libitum.

    La véritable intelligence politique consiste à s’asseoir avec son ennemi à la table de la paix.

    Ceci étant dit, si j’ai bien aimé le fond de la pièce, le propos, je me suis rendu compte que j’avais un peu de mal avec les alexandrins sur la durée. C’est une gymnastique que je ne pratique plus, pour ce qui est du théâtre. Cela demande un œil, une attention différente. Quelque part, j’ai réveillé un muscle que j’avais endormi :)

     

    Merci Maggie pour cette lecture commune !

  • La poésie, la terre et le souvenir - Mahmoud Darwich

    J’entends souvent que la poésie, ça ne sert à rien, que les poètes n’ont pas d’autres pouvoir que celui de distraire de la réalité.

    Je ne suis évidemment pas d’accord.

    Les poètes sont là pour nous rappeler notre condition d’ Homme, pour chanter la terre et nous montrer la beauté, mais aussi l’injustice.

    Les poètes nous disent de ne pas oublier.

    Les poètes exaltent la mémoire et la liberté.

    Les poètes rappellent que face à toutes les dénégations des puissants, on peut crier « j’existais, et j’existe encore. »

    Avec Mahmoud Darwich, poète palestinien, j’aimerai rappeler à certains, prompts à refaire l’histoire, que la Palestine existait avant 1948, qu’elle avait une Histoire, des traditions, et des poètes.

    Une citation de ce grand écrivain, dont on célèbre aujourd’hui la naissance, dit toute la nécessité de la poésie :  "Sans doute avons-nous besoin aujourd’hui de la poésie, plus que jamais. Afin de recouvrer notre sensibilité et notre conscience de notre humanité menacée et de notre capacité à poursuivre l’un des plus beaux rêves de l’humanité, celui de la liberté, celui de la prise du réel à bras le corps, de l’ouverture au monde partagé et de la quête de l’essence. "

     

    Palestine, Gaza, Mahmoud Darwich, Sodastream exploite des terres occupées illégalement, sodastream c'est de la merde

    Pour finir, un de mes poèmes favoris, par sa force et sa colère, et aussi par l’espoir indicible qu’il porte:

     

    Identité

    Inscris !
    Je suis Arabe
    Le numéro de ma carte : cinquante mille
    Nombre d’enfants : huit
    Et le neuvième. . . arrivera après l’été !
    Et te voilà furieux !

    Inscris !
    Je suis Arabe
    Je travaille à la carrière avec mes compagnons de peine
    Et j’ai huit bambins
    Leur galette de pain
    Les vêtements, leur cahier d’écolier
    Je les tire des rochers. . .
    Oh ! je n’irai pas quémander l’aumône à ta porte
    Je ne me fais pas tout petit au porche de ton palais
    Et te voilà furieux !

    Inscris !
    Je suis Arabe
    Sans nom de famille – je suis mon prénom
    « Patient infiniment » dans un pays où tous
    Vivent sur les braises de la Colère
    Mes racines. . .
    Avant la naissance du temps elles prirent pied
    Avant l’effusion de la durée
    Avant le cyprès et l’olivier
    . . .avant l’éclosion de l’herbe
    Mon père. . . est d’une famille de laboureurs
    N’a rien avec messieurs les notables
    Mon grand-père était paysan – être
    Sans valeur – ni ascendance.
    Ma maison, une hutte de gardien
    En troncs et en roseaux
    Voilà qui je suis – cela te plaît-il ?
    Sans nom de famille, je ne suis que mon prénom.

    Inscris !
    Je suis Arabe
    Mes cheveux . . . couleur du charbon
    Mes yeux . . . couleur de café
    Signes particuliers :
    Sur la tête un kefiyyé avec son cordon bien serré
    Et ma paume est dure comme une pierre
    . . .elle écorche celui qui la serre
    La nourriture que je préfère c’est
    L’huile d’olive et le thym

    Mon adresse :
    Je suis d’un village isolé. . .
    Où les rues n’ont plus de noms
    Et tous les hommes. . . à la carrière comme au champ
    Aiment bien le communisme
    Inscris !
    Je suis Arabe
    Et te voilà furieux !

    Inscris
    Que je suis Arabe
    Que tu as raflé les vignes de mes pères
    Et la terre que je cultivais
    Moi et mes enfants ensemble
    Tu nous as tout pris hormis
    Pour la survie de mes petits-fils
    Les rochers que voici
    Mais votre gouvernement va les saisir aussi
    . . .à ce que l’on dit !

    DONC

    Inscris !
    En tête du premier feuillet
    Que je n’ai pas de haine pour les hommes
    Que je n’assaille personne mais que
    Si j’ai faim
    Je mange la chair de mon Usurpateur
    Gare ! Gare ! Gare
    À ma fureur !

     

    Mahmoud Darwich, Inscris « Je suis Arabe »

  • Aristophane - Lysistrata (Démobilisons !)

    En passant sur le blog de Maggie, j’ai vu qu’elle proposait quelques lectures communes. Je me suis précipitée pour participer, car j’avais un grand besoin de partage.

    Je lis, oui tous les jours, mais une fois le livre fini, je le tourne et le retourne dans ma tête, j’en découpe chaque phrase, intérieurement. Mais ça ne suffit pas :)

    Alors, pour une de ces LC, Maggie proposait de lire Lysistrata de Aristophane.

    J’avais gardé un lointain souvenir du théâtre d’Aristophane, il me semblait que c’était assez déluré, pas autant que ce coquin (euphémisme) de Juvénal, mais pas mal crû tout de même.

    Je ne retrouvais pas mon folio avec le théâtre (presque complet), et puis je voulais aussi « dépoussiérer » mon idée de l’auteur, alors je me suis lancée dans une traduction, ou plutôt une adaptation un peu moderniste, de Lysistrata, par Michel Host.

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    Tout de suite, le titre choisi pour la couv’ « Faisons la grève du sexe », donne le ton.

    L’histoire, c’est celle de Lysistrata, appelée Lison dans cette version, pour « démobilisons »

    Lysistrata fait le constat amer que la guerre prend les hommes, détruit des familles, enrôle la jeunesse et laisse les femmes grecques en arrière garde, flétrissant dans leur solitude.

    Lysistrata ne veut plus que ces guerres déchirent la Grèce, alors elle appelle ses sœurs athéniennes, spartes, ioniennes, toutes les femmes de Grèce, à se servir de ce qui est alors leur seule arme : le sexe comme monnaie d’échange contre la paix.

    Voilà que les femmes s’emparent du trésor de guerre, pour ne plus nourrir la guerre, s’enferment à l’Acropole et sous le siège des hommes, jeunes ou vieux, elles affirment le droit à exiger la paix pour elles, leurs enfants, leurs maris.

    Il y a du burlesque et du tragique dans l’exploration par Aristophane de toutes les métaphores possible du sexe  de l’homme raidi par le désir, qu’il porte comme une revendication à s’emparer de la femme. Celle-ci devient le terrain de jeu,  son sexe est le champ de bataille qui oppose l’homme-guerrier éternel, et l’homme-amant, tiraillé entre ces deux désirs.

    On observe aussi dans cette pièce la mise en scène du mépris dont souffrent les femmes : elles ne servent qu’au plaisir et à enfanter, et quand elles se mêlent de politique c’est qu’elles sont folles ou qu’elles ont bu !!

    Mais Lysistrata et les femmes avec elle, tient bon, et le mot d’ordre, Démobilisons, entraine même les plus lubriques, les plus amoureuses de la chair, à se refuser aux hommes tant que la paix n’est pas déclarée.

    J’ai bien apprécié le coup de jeune que confère cette adaptation aussi crû qu’enjouée. Le traducteur nous tiens par la main, et ouvre pour nous un bal échevelé et formidable ! Se mêlent la philosophie, l’espoir, les blagues les plus scabreuses et les métaphores en tout genre.

    J’ai vraiment aimé, à part une petite nuance. On veut, dans cette pièce, comme dans d’autres œuvres, présenter la femme comme la solution pour la paix, les femmes au pouvoir étant la garantie de cette paix etc.. Personnellement, je n’attache pas à un sexe plus qu’à l’autre cette caractéristique de prosélyte de la paix. Les exemples désastreux de Golda Meir, de Thatcher, Imelda Marcos (qui avait certes un putain de placard à chaussures de rêve, reconnaissons-lui cela…), ne me rappellent ni paix, ni douceur, ni sensibilité, ni compassion.

    Ceci mis à part, je vous engage à plonger dans cette pièce et à découvrir Lysistrata !

     

    Merci Maggie pour cette LC !

  • Aout

    C’est un rythme estival, ou bien c’est simplement mon rythme. Le rythme d’une fille qui passe plus de temps à écrire dans sa tête qu’à coucher le résultat sur papier.

    C’est un rythme habituel adéquat, ponctué de jolies choses, et d’autres plus tristes. (Ok, comme tout le monde !)

    Des jolies choses, avec du soleil, le rire de mon fils, sa façon de m’arracher des promesses (avec mon consentement le plus indulgent !), sa passion pour les Légo en tout genre et l’œuvre de Midam (les bd, ça prend de la place !)

    Des jolies choses, comme ce magnifique doodle pour le 14 juillet, réalisé pas l’inégalable Julie Adore. Ok, tout le monde l’a déjà complimenté mille fois au moins, mais elle le mérite !

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    Des jolies choses, à lire, et à écouter, un peu aussi à manger. Le sorbet au citron est tellement meilleur avec la caresse du soleil.

    Et puis de triste et noir nuages qui viennent obscurcir cet été. La reprise des massacres à Gaza, la mort de centaines d’enfant, la plage qui se transforme en champs d’horreur.

    Je ne peux m’empêcher, on observant mon fils courir après sur ballon sur la plage, de penser à ces enfants palestiniens qui faisaient de même, comme n’importe quel enfant dans le monde, et qui se font massacrer impunément.

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    Hommage de l’artiste israélien Amir Schiby aux 4 garçons palestiniens tués lors de bombardements sur la plage.

     

    Nous avons de la chance de vivre de jolies choses.